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Éducation sexuelle: le Québec joue à l'autruche

Au Québec, depuis l'abolition des cours d'éducation sexuelle, une certaine pensée magique règne selon laquelle les jeunes apprendront avec le temps. Un peu comme si on se disait que leur compréhension de la sexualité se fera par une opération «essai-erreur».
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Alors que nos jeunes s'éduquent sexuellement via YouPorn, PornHub et autres sites pornographiques, le Québec s'entête à penser et à dire que l'éducation sexuelle revient aux parents, une tâche pourtant de plus en lourde et difficile compte tenu des nouvelles réalités. De l'autre côté de la rivière des Outaouais, la «puritaine» province ontarienne inaugurera, et ce dès septembre 2015, son nouveau cursus sexuel pour le primaire et le secondaire (ou son équivalent).

La récente montée aux barricades de certains groupes religieux et de parents dénote le manque de consensus sur l'éducation de nos enfants. Elle démontre également un important problème sur le plan de la laïcité de nos institutions, ainsi qu'un de naïveté populaire.

L'éducation sexuelle consiste essentiellement à informer sur la sexualité dans le but de transmettre un certain nombre de valeurs et de recommandations, tout en permettant une conscientisation des enjeux et dangers. Autrement dit, elle permet de s'informer pour mieux choisir, pour mieux comprendre. C'est, je le crois, de ce processus éducatif que naît la tolérance, le respect et l'ouverture à la différence.

Chez nous, ce n'est malheureusement pas une priorité.

Justement, au Québec, depuis l'abolition des cours d'éducation sexuelle, une certaine pensée magique règne, selon laquelle les jeunes apprendront avec le temps. Un peu comme si on se disait que leur compréhension de la sexualité se fera par une opération «essai-erreur». Ignorance, quand tu nous tiens! Les enfants, comme les adolescents, on besoin d'un cursus et d'un espace de dialogue pour bien saisir les enjeux sexuels.

Pendant que le gouvernement du Québec a la tête dans le sable, les défis liés à la sexualité des jeunes s'accroissent. Des comportements sexuels à risque (on parle ici de rapports sexuels non protégés) à la question de l'avortement, en passant par l'intimidation et la recherche sexo-identitaire, les jeunes se questionnent sans obtenir de réponse, si ce n'est pas le biais d'Internet. Ils agissent donc sans connaître les retombées potentielles de leurs actes. C'est très dangereux!

Or, la problématique découle du fait que les transmetteurs d'une saine éducation sexuelle, c'est-à-dire les parents et, surtout, l'école, sont de plus en plus absents de la discussion, laissant les jeunes seuls et démunis face à des situations qu'ils peinent à expliquer. Ce qu'on entend souvent de la bouche des jeunes c'est: «Bah, c'est de même sur le Web!». Ainsi, la virtualité, ce qui devrait pourtant être de la fiction, devient la réalité.

Si le jeune ne possède pas les balises nécessaires pour bien saisir les différences, comment peut-il faire autrement? C'est là que l'école a son rôle à jouer, celui d'uniformiser ces balises.

À l'heure où le nouveau programme d'éducation sexuelle ontarien est critiqué par certains, j'y vois enfin une avancée en matière d'ouverture d'esprit, de compréhension de la diversité, de transmission éclairée des concepts sexuels et d'apprentissage responsable. Tandis que le Québec joue à l'autruche, l'Ontario proposera une réflexion actualisée de la sexualité à ses élèves. Au fil de leur scolarité, les jeunes apprendront successivement que «non» veut dire «non», qu'une famille peut avoir deux papas ou deux mamans, que le consentement est une norme, qu'il existe autre chose que l'hétéronormativité.

Les élèves ontariens découvriront et s'interrogeront sur les notions d'homosexualité, d'homophobie, de consentement, d'intimidation, de cyberprédation, de sexting et autres. Ils se questionneront sur les contraceptifs, les infections transmises sexuellement (ITS), la fellation, le sexe anal, la pornographie...

En somme, les jeunes pourront discuter de sujets et d'enjeux qui sont au cœur de notre société, ce qui leur permettra de mieux saisir toutes les subtilités que requiert une saine sexualité.

Certes, certains peuvent s'opposer, en disant que ces valeurs sexuelles sont inadaptées aux leurs. Cela dit, le fait d'être confronté à des idées contraires aux siennes permet souvent un développement équilibré et un plein épanouissement. Dans le cas de l'éducation sexuelle, c'est une exigence, ne serait-ce que pour embrasser la complexité et la pluralité des éléments et situations. Nos jeunes méritent cette éducation!

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