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Ceci n'est pas une féministe

La justice pour les femmes passe, ipso facto, par le féminisme, tout comme l'employabilité, l'équité salariale, la reconnaissance... et même le respect.
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La femme a le droit de monter sur l'échafaud;

Elle doit avoir également celui de monter à la Tribune.

-Olympe de Gouges

Le féminisme est une nécessité, point à la ligne! La justice pour les femmes passe, ipso facto, par le féminisme, tout comme l'employabilité, l'équité salariale, la reconnaissance... et même le respect. Car, ne soyons pas dupes, les femmes sont encore et toujours les victimes d'un système contraignant et arrogant.

Où se situerait la femme dans notre société, si ce n'étaient des luttes menées par des femmes en colère (avec raison!) par rapport à leur statut d'individu de seconde classe? Où se situe la femme à l'heure actuelle? Où devrait-elle se situer? L'existence, voire la (re)naissance de la femme comme pilier du développement - économique, politique, culturel et social - nécessite, malheureusement, encore trop de justifications. La femme «doit être» l'égale de l'homme. Il me semble que c'est une évidence; mais, de façon regrettable, ce n'est pas le cas pour tous.

Ainsi, comment peut-on vouloir se dissocier du féminisme, surtout lorsqu'on est ministre de la Condition féminine? Surtout, pourquoi voudrait-on s'en dissocier? Pataugeant dans toutes sortes d'explications vaseuses, la ministre s'est empêtrée dans des envolées justificatives onéreuses politiquement; des sorties qui mélangent, à tort, les concepts et qui, inévitablement, viennent nuire aux féministes et à la cause de l'égalité homme/femme.

En créant un faux débat - en opposant l'égalité au féminisme -, Mme. Thériault prouve, tout simplement, qu'elle ne maîtrise pas les dossiers et les notions fondamentales que lui demande son poste de ministre de la Condition féminine... Pire encore, je me demande si sa nomination ne serait pas, tout bonnement, le miroir d'une vision générale de son parti et du gouvernement à l'égard des femmes et, plus particulièrement, de l'égalité des genres... Car, soyons honnêtes, ce gouvernement méprise les femmes.

Donc, en justifiant sa position, invoquant notamment la question de la déconsidération masculine, Mme. Thériault nous démontre qu'en voulant se soustraire des «étiquettes», elle participe activement à leur construction et leur maintien. Une belle façon de se mettre un pied dans la bouche. Ainsi, plutôt qu'avoir saisi l'occasion pour, d'une part, affirmer sa solidarité à l'égard des femmes, du féminisme et du combat pour l'égalité, et, d'autre part, dénoncer le mépris sous toutes ses formes, la ministre s'est mise en position de faiblesse, venant, de facto, donner des munitions à tous (et toutes) les antiféministes de ce monde.

Je n'en reviens tout simplement pas... Comment peut-elle, ne serait-ce qu'un instant, faire l'amalgame malsain entre la haine des hommes et le féminisme. C'est aberrant! Cela dit, n'en déplaise à la ministre, le féminisme n'est pas une étiquette. Au contraire, c'est une réalité historique et sociale, un mouvement - caractérisé par une série de luttes sur les plans micro et macro -, qui a participé et légitimé l'avancement des droits des femmes, mais aussi d'autres éléments que nous considérons essentiels à notre progrès sociétal; pensons, entre autres, à la conciliation travail-famille, au droit à l'éducation, à la reconnaissance des droits des homosexuels, etc. Oui, les femmes - ces maudites féminissss comme certains ignorants se plaisent à les nommer - étaient de ces combats, comme de centaines d'autres.

Le problème, contrairement à ce que laisse entendre la ministre, ce n'est pas le féminisme. Non. Le problème émane essentiellement lorsque les luttes ne se font plus pour l'égalité, l'équité, la reconnaissance et les droits, mais lorsque celles-ci se transforment en vendetta contre certains groupes, certains statuts, certaines personnes... Le mépris n'est jamais une vision juste et acceptable. Jamais.

Par exemple, le mépris des hommes, à l'inverse de ce que pensent plusieurs, n'est clairement pas un adage féministe. C'est une infériorisation personnelle, et non une vision de groupe. En d'autres termes, ce n'est pas parce qu'une femme, se revendiquant féministe, insulte avec dégoût les hommes, que le «féminisme» constitue une étiquette sectaire qui combat le genre masculin. Disons, sans apprêt, que le lien causal est plutôt faible, pour ne pas dire inexistant.

Conséquemment, ne faudrait-il pas davantage se questionner sur la véritable appartenance de ces femmes se définissant comme «féministes» plutôt que de généraliser et, par conséquent, stigmatiser une vision qui a toujours été (et continue d'être d'ailleurs) positive pour la société?

Je le répète, le mépris est un problème qui dépasse largement le féminisme... l'opprobre, à l'égard de tous les groupes - que ce soient les minorités politiques, sexuelles, religieuses, etc. -, n'est jamais une action valable, et ce, peu importe la justification. Il est clair que les femmes sont indispensables aux débats sociétaux, tout comme les hommes d'ailleurs. Ce qu'il faut, d'abord et avant tout, c'est une représentation juste et équitable en terme d'espace-temps, et ce, pour tous les groupes et sur l'ensemble des tribunes.

En somme, l'idée première, c'est de combattre les inégalités en tout genre, notamment celles qui tentent de réduire la femme à un statut primitif et précaire, mais aussi celles qui affligent d'autres groupes... Et, c'est justement là, dans ces circonstances, que le féminisme est plus que jamais nécessaire.

À LIRE AUSSI SUR LES BLOGUES

- Pour un féminisme qui rassemble - Lise Thériault

- Féminismes, égalité(s) et volonté individuelle - Chiara Piazzesi

- La lutte pour l'équité salariale continue - Anne Minh Thu Quach

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Mai 2017

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