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Nous sommes au courant de cette maladie qui gangrène Montréal, je veux parler de la corruption généralisée dans le domaine de la construction municipale. Bref, le bilan du maire Tremblay en matière d'éthique est bel et bien un échec. Mais au-delà des révélations que nous a offertes la commission Charbonneau, quel portrait peut-on brosser de la décennie Tremblay ?D'abord, Gérald Tremblay a eu, comparativement à ses prédécesseurs, l'audace de s'attaquer à la déficience et la déchéance des infrastructures souterraines.
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Évidemment, nous avons tous entendu parler des scandales des compteurs d'eau et du faubourg Contrecoeur. Bien sûr, nous sommes au courant de cette maladie qui gangrène Montréal, je veux parler de la corruption généralisée dans le domaine de la construction municipale. Bref, le bilan du maire Tremblay en matière d'éthique est bel et bien un échec. Mais au-delà des révélations que nous a offertes la commission Charbonneau, quel portrait peut-on brosser de la décennie Tremblay ?

Sur la scène municipale, plusieurs accomplissements méritent une attention particulière. Dans un premier temps, Gérald Tremblay a eu, comparativement à ses prédécesseurs, l'audace de s'attaquer à la déficience et la déchéance des infrastructures souterraines. Sous l'administration Tremblay, les égouts archaïques de Montréal ont fait l'objet d'un renouvellement et d'une modernisation, une décision guère payante d'un point de vue politique, mais qui néanmoins constitue une décision responsable socialement. Cette administration a également mis en place une multitude de chantiers de réaménagement urbain dont ont bénéficié plusieurs carrefours importants (Avenue du Parc, Acadie, et Henri-Bourrassa-Pie-IX, entre autres). Bien plus, sous le règne de Gérald, Montréal a connu un « boom » immobilier substantiel. De fait, l'année 2011-2012 - avec près de 80 grues qui surplombèrent le ciel de la métropole et 200 chantiers (résidentiel, commercial et industriel) - représente véritablement un nouvel essor; du jamais vu depuis l'ère Drapeau et les Jeux olympiques de 1976.

Dans un second temps, l'administration Tremblay est aussi responsable d'un regain de vie au niveau de la participation citoyenne. Effectivement, la démocratie participative semble s'être accrue depuis la première élection du maire d'Union Montréal. Elle est également responsable de l'effervescence architecturale avec entre autres la nomination de Montréal « Ville UNESCO de design » et, conséquemment, l'émergence de multiples concours de design architectural notamment le futur Planétarium. Parallèlement, Gérald et ses collègues furent les promoteurs d'une nouvelle identité montréalaise, un aspect qui fit grandement défaut pendant les règnes de Jean Doré et Pierre Bourque. Cette identité fut traduite par des actions de revitalisation, de revalorisation et de gentrification. Ainsi, la dernière décennie a permis la renaissance de nombreuses artères commerciales dévitalisées (La Main, Sainte-Catherine, Quartier gai, etc.), sans compter les opérations de revalorisation (Place des Arts, QIM) et de gentrification (Griffintown, Saint-Henri, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve). Sous ce rapport, il n'est pas étonnant de voir autant de projets de condos sur le territoire montréalais, car le but du maire Tremblay a toujours été orienté vers la rétention des Yuppies, donc des talents créatifs, des jeunes familles et des professionnels sur l'île de Montréal.

Mais, c'est principalement sur la scène internationale que le maire Tremblay a été le plus actif. Par exemple, les efforts de l'ancien maire pour promouvoir les attributs spécifiques de la ville portèrent fruit en 2006 lorsque Montréal devint la deuxième ville nord-américaine pour l'accueil de congrès internationaux. Cela dit, depuis 2011, Montréal a réussi à devancer et distancer ses rivales, Washington et New York, trônant actuellement au sommet du classement comme première destination de congrès internationaux en Amérique du Nord*. En ce qui concerne l'événementiel, la métropole québécoise fut l'hôte des 11es championnats du monde de natation (FINA) en 2005, ainsi que des 1ers OutGames mondiaux (2006), qui, notons, ont tout de même attiré plus de 250 000 touristes. Cela dit, en dépit de leur échec financier, ces évènements internationaux furent bénéfiques du point de vue du branding, dans la mesure où la ville a bénéficié d'une couverture internationale importante, ainsi que d'une reconnaissance en tant que haut lieu du sport professionnel et amateur. C'est peu dire.

Par ailleurs, Gérald Tremblay est également le maître d'œuvre derrière le système de vélo en libre-service Bixi, un système qui a été exporté dans plusieurs villes du monde, notamment à Melbourne (Australie), Minneapolis (USA), Londres (R-U.), Boston (USA) et bientôt New York (été 2013). Toutefois, la plus grande réalisation de l'ancien maire de Montréal est sans contredit le Quartier des spectacles. Effectivement, le QdS est venu répondre à un problème majeur, celui d'avoir un espace thématique dédié aux festivals et à l'éclectisme montréalais. À cet égard, les diverses places publiques, articulées aux différents projets privés, s'inscrivent parfaitement dans la trame historique, culturelle et festive de la ville ; une tradition qui a débuté il y a plus de 200 ans (Bélanger, 2005). Ainsi, malgré sa nouveauté physique, le Quartier des spectacles jouit déjà d'une réputation nationale et internationale comme l'indique sa nomination pour de nombreux prix de prestige, ainsi que sa promotion soutenue dans les agences et dépliants de voyage.

Certains critiqueront ce bilan ; mais, ces grandes réalisations, jumelées au renforcement de l'image de la ville sur l'échiquier international, sont pourtant confirmées par les études de Florida (2012) et de Stolarick (2005). D'ailleurs, ces auteurs nous indiquent que la réussite ou l'échec d'une ville voire d'une administration municipale ne se résument pas exclusivement aux facteurs économiques. Bien au contraire, ils sont davantage la conséquence d'une série d'indicateurs multifactoriels comme la qualité de vie, l'effervescence créative et la reconnaissance symbolique. Ces facteurs sont donc tout aussi, sinon plus importants que les bénéfices monétaires.

À la lumière de ces révélations, l'ancien maire Tremblay a su, au-delà du fait d'avoir fermé les yeux sur la corruption et les scandales, restituer à Montréal ses lettres de noblesse. Comme l'avait fait Jean Drapeau avant lui, Gérald a redonné une nouvelle vie à une métropole dévitalisée et dévalorisée. Or, mon but n'est pas de dresser un panégyrique ; mais, il faut bien admettre que les réalisations de son administration sont beaucoup plus nombreuses que le laissent entendre une majorité de chroniqueurs. Dans cette optique, rendons donc à Gérald ce qui appartient à Gérald...

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