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Les «pures laines» et la violence conjugale

Pourquoi est-ce presque toujours des personnes problématiques qui sont surmédiatisées, considérées comme étant à l'image des immigrants?
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Oui, je sais. Avec un titre comme celui-là, vous allez penser, chers lecteurs, que je fais un lien entre les pures laines et la violence conjugale. Ce n'est aucunement le cas, bien entendu. Je fais juste utiliser les méthodes journalistiques de Mme Ravary et cette obsession chez elle de vouloir blâmer «les ethnies» pour tous les problèmes au Québec. Et si les pures laines devenaient eux aussi, une ethnie? «Ah, ces maudits Québécois de souche qui chialent tout le temps, ils n'ont qu'à s'adapter au changement! On est en 2017!» Ça sonnerait comme ça. Très chic, vraiment.

Il y a quelques jours, Mme Ravary a publié un billet http://www.journaldemontreal.com/2017/04/16/immigration-et-violence-conjugale avec l'introduction suivante:

«Le Québec a besoin d'immigrants. Les vagues successives d'immigration judéo-chrétienne au 20e siècle -- Italiens, Polonais, Juifs, Portugais, Chiliens, Irlandais, Ukrainiens -- n'ont été que bénéfiques.»

Puis, elle a continué ainsi:

«Mais depuis l'an 2000, nous accueillons en nombre des gens dont les valeurs fondamentales et la culture s'éloignent des nôtres.»

Fidèle à son obsession, Mme Ravary fait allusion dans cette dernière citation aux Arabes, plus spécifiquement les Maghrébins, qui sont en majorité musulmans. Elle fait aussi allusion à d'autres «ethnies» (ah comme je déteste ce mot) dont celle de Sivaloganathan Thanabalasingham, ce réfugié du Sri Lanka de 31 ans, accusé d'avoir égorgé sa femme Anuka Baskaran de 21 ans. Et là, Mme Ravary continue son billet en faisant toutes sortes de liens par association entre la violence conjugale et les méchants immigrants.

Pour lui donner un peu de crédit, elle a mentionné qu'il y a quelque 20 000 pures laines qui sont coupables de violence conjugale chaque année. Le seul gros bémol est qu'elle n'a pas fait, et avec raison, le lien entre les «valeurs québécoises» et la violence conjugale.

Quand c'est «nous» qui commettons le mal, on est des criminels, des malades mentaux, en manque d'affection, you name it. Mais quand c'est «l'autre», «l'immigrant», le «musulman», «l'arabe» alors là, ce sont ses valeurs, le problème.

Vous voyez, maintenant elle est où cette obsession? C'est devenu pathétique, Mme Ravary, vraiment. Je ne comprends pas l'algorithme derrière votre raisonnement. Vous lisez peut-être beaucoup Don Quixote, je ne sais pas!

Ce phénomène «Ravary» c'est-à-dire «stigmatisation de l'immigrant» est devenu de plus en plus répandu dans notre société.

Au lieu d'utiliser le 4e pouvoir pour la quête à la vérité, l'utiliser pour encourager cette stigmatisation est de très mauvaise foi. Et que font certains de nos politiciens? Ils l'instrumentalisent afin de séduire un électorat déconnecté de la réalité et plongé dans un océan de théories de complot!

Je reviens au phénomène «Ravary».

Pourquoi est-ce presque toujours des personnes problématiques qui sont surmédiatisées, considérées comme étant à l'image des immigrants?

Pourquoi ne considérons-nous pas les personnes immigrantes arrivées après l'an 2000 et qui contribuent positivement à la société (qui sont très majoritaires d'ailleurs) comme représentatives des personnes immigrantes? Pourquoi est-ce presque toujours des personnes problématiques qui sont surmédiatisées, considérées comme étant à l'image des immigrants?

Excusez-moi, mais là, je trouve ça très incohérent, pour ne pas dire, hypocrite.

Mme Ravary fait un lien direct entre l'origine de ce criminel, ses valeurs et le crime qu'il a commis. Mais quelle conclusion simpliste, sérieusement?

Je me demande quel est l'élément commun entre Guy Turcotte, Martin Houle, Sonia Blanchette, Thierry Patenaude-Turcotte, Jules Langlois, Pierre Lafontaine (toutes ces personnes ont tué leurs enfants, au cas où je vous apprends quelque chose), les Hells Angels et les pédophiles de l'Église catholique et j'en passe; alors quel est l'élément commun entre toutes ces personnes? Elles sont toutes des personnes blanches, des Québécois de souche, des pures laines... alors si je veux suivre la logique simpliste de Mme Ravary, j'arrive à la conclusion que c'est la faute aux «valeurs québécoises»!

Respirons par le nez, Mme Ravary, ce qui cloche chez toutes ces personnes, c'est qu'elles sont toutes des criminelles! Nous vivons tous dans un état de droit où tout le monde est égal et, devinez quoi, même en cas de criminalité!

Au lieu de stigmatiser toute une communauté, toute une race, rassemblons-nous sur cette notion et demandons la condamnation de tout genre de violence sans être sélectif, sans toujours discriminer les mêmes groupes sur lesquels on aime taper.

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