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Le PQ devrait proposer une alliance électorale au PLQ

Ironiquement, Pierre Karl Péladeau semble surpris que sa proposition d'alliance soit rejetée.
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D'aucuns auront remarqué l'ironie de l'intitulé du présent billet et auront compris qu'il est hors de question de proposer une absurde alliance PQ-PLQ. Et pourtant, si on avait remplacé les termes afin de pouvoir lire «Le PQ propose une alliance électorale à QS», peu de gens auraient remarqué que la même ironie et la même absurdité subsistent.

En effet, comment ne pas voir que cette alliance par le Parti québécois est impossible? D'un côté, une organisation souverainiste néolibérale prête à tout sacrifier, et de l'autre des indépendantistes de gauche qui conçoivent la souveraineté comme un moyen d'atteindre d'autres objectifs sociopolitiques et économiques.

Les deux termes irréconciliables théoriquement le sont également sur le plan pratique. Lors du dernier gouvernement péquiste, les solidaires voulaient poursuivre l'élan insufflé par le mouvement social de 2012. Le PQ était pour sa part préoccupé par l'invention d'une charte de la pseudo-laïcité ne mettant pas en question l'exonération fiscale des lieux de culte, le subventionnement d'écoles confessionnelles, ni même le crucifix parlementaire... Peut-on être plus déconnecté de la réalité ?

Certainement. C'est pourquoi les apparatchiks du néolibéralisme ont valorisé l'exploitation pétrolière sur l'île d'Anticosti, refusé d'éliminer la taxe santé ainsi que de rétablir la taxe sur le capital. Le tout en continuant le dégel des frais de scolarité ainsi que les mesures d'austérité en coupant dans l'aide sociale. Et maintenant, il faudrait croire le mirage «social-démocrate» que fait miroiter ce parti ? Car bien que l'alliance vise un référendum, il y aura néanmoins une période de gouvernance comprenant des mesures ayant un impact concret sur la vie des gens.

Mais surtout, que dire du refus volontaire d'instaurer un mode de scrutin proportionnel ? Cela aurait permis d'affaiblir la gouvernance libérale en plus de donner la chance à Option nationale d'être représenté. Par ailleurs, QS aurait eu un nombre de députés beaucoup plus représentatif et même le PQ y aurait gagné numériquement. Une coalition aurait pu naître beaucoup plus facilement dans de telles conditions.

Ironiquement, Pierre Karl Péladeau semble surpris que sa proposition d'alliance soit rejetée. Vraiment ? Un multimillionnaire antisyndicaliste ayant procédé de l'évitement fiscal est surpris qu'un parti de gauche soit réticent à lui faire confiance ? Heureusement pour ce pauvre patron déçu, sa masse fidèle est prête à l'appuyer coûte que coûte. Cependant, il semble avoir oublié que tous les indépendantistes ne partagent pas le culte messianique du «boss» qui sauve la patrie. Par ailleurs, faut-il rappeler que les récents scandales ont un effet particulièrement néfaste sur la popularité du Parti québécois et, incidemment, sur l'idée de souveraineté ?

Je sais bien qu'on me traitera de fédéraliste, «d'idiot utile du PLQ», de collabo, etc. Évidemment, les accusateurs oublieront qu'il a toujours existé une gauche souverainiste en dehors du PQ chez des gens comme Charles Gagnon ou Michel Chartrand. Pourtant, alors qu'on m'accusera de «fédéralisme» (crime suprême, me direz-vous !), je me défendrai en tant qu'indépendantiste.

Cependant, il est vrai que, contrairement à bien des nationalistes, je ne conçois pas l'indépendance comme un projet métaphysique ou théologique valable en soi. Pour moi, ainsi que pour bien des souverainistes de gauche, l'indépendance constitue un moyen ou une étape dans un projet plus fondamental. Étant socialiste libertaire, je n'ai pas le culte des drapeaux, des frontières et des autres fétiches de ce genre. Par contre, je sais qu'il faut se faire pragmatique et travailler au ras de l'époque. C'est pourquoi j'affirme la nécessité de faire l'indépendance pour faire avancer les chantiers importants pour le progrès de l'autonomie et de la qualité de vie des êtres humains. Toutefois, renoncer au projet dans son ensemble pour ne conserver qu'un moment de celui-ci fait le jeu des détracteurs de la souveraineté qui pourront, avec raison, critiquer son inutilité par rapport aux efforts nécessaires pour la réaliser.

Incarner un projet. Voilà le maître mot de plusieurs générations d'indépendantistes, et s'il fallait que le dernier parti à le revendiquer finisse par abdiquer, ce n'est pas au Parti québécois ni à Option nationale qu'irait mon vote. Je ne me présenterais tout simplement pas au bureau de suffrage, comme pour les dernières fédérales qui, à mon sens, n'ont été qu'un spectacle saugrenu et sans intérêt. Je ne serais pas le seul d'ailleurs. Une bonne partie de l'électorat solidaire est un électorat qui déserterait les urnes s'il se retrouvait face à un quatrième regroupement néolibéral au Parlement, et ce ne serait pas très avantageux pour la cause souverainiste.

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