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Mathieu Bock-Coté: quand le jupon réactionnaire dépasse

C'était déjà facile à voir en 2013 et en 2014, mais aujourd'hui c'est devenu une évidence indéniable : plusieurs « défenseurs » de la laïcité sont en réalité que des conservateurs catholiques dont le but est de s'attaquer à l'Islam.
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C'était déjà facile à voir en 2013 et en 2014, mais aujourd'hui c'est devenu une évidence indéniable : plusieurs « défenseurs » de la laïcité sont en réalité que des conservateurs catholiques dont le but est de s'attaquer à l'Islam. En effet, la saga entourant le crucifix de l'hôpital Saint-Sacrament a permis de constater parfaitement le double standard de ceux qui faisaient la promotion de la charte péquiste de 2013.

D'une part, ces gens agitaient les grands idéaux de la séparation de l'Église et de l'État afin de faire pression contre le port du voile pour le personnel des services publics. D'autre part, ils sont les premiers à venir pleurer lorsque la direction d'un hôpital décide d'enlever un crucifix. Mais pointer cette ironie plutôt croustillante n'a rien de très original et tout le monde ou presque aura constaté la contradiction.

Néanmoins, ce qui n'a pas vraiment été fait et ce qui mérite de l'être, c'est l'analyse du discours de ceux qui tentent tant bien que mal de faire de la cohérence à partir d'une contradiction évidente. Pour ce faire, il est intéressant de se pencher sur l'un des grands intervenants du débat : Mathieu Bock-Côté. Ce dernier, chroniqueur au Journal de Montréal, a publié deux textes sur le sujet. Le premier a été diffusé le 25 février et s'intitulait Le crucifix de la discorde. Quant au second, Pourquoi le crucifix passionne-t-il autant?, il a été publié le 1er mars. Qu'est-ce que tente d'expliquer M. Bock-Côté dans ces deux billets?

Il faut croire que le mépris de l'histoire, c'est toujours chez les autres que ça a lieu...

Dans son premier texte, Bock-Côté revient à la charge avec l'un de ses thèmes favoris : l'individualisme de notre époque. En effet, il explique que tout commence par un patient qui demande qu'un crucifix soit retiré d'un mur, ce que l'hôpital consent à faire. Bock-Côté y voit directement l'expression de la « tyrannie de l'individu ». Mais ce n'est pas tout. En effet, la situation est grave et Bock-Côté, en valeureux sauveur, nous met en garde contre « le grand mépris pour l'histoire en général et notre histoire en particulier ». Car oui, pour le téméraire chroniqueur, enlever un crucifix d'un mur c'est affirmer la tyrannie de l'individu et le mépris pour l'histoire. Le billet se termine par une sorte d'apologie du passé catholique que Bock-Côté dépeint comme étant idyllique et sans nuance. Il faut croire que le mépris de l'histoire, c'est toujours chez les autres que ça a lieu...

Quant au second texte, Mathieu Bock-Côté raconte sa version de la Révolution tranquille qu'il dépeint comme un congédiement « brutal » de la religion avant de tracer un portrait tragique de la situation actuelle qui serait, selon lui, marquée par une « sécheresse identitaire ». Vient ensuite un passage qui donne froid dans le dos, car Bock-Côté explique que le Québec faisant partie de l'occident, le catholicisme n'est pas « une religion parmi d'autres », mais « celle qui a formé notre civilisation » ce qui lui octroierait des privilèges sur les autres croyances religieuses. « Tous doivent l'accepter », écrit-il. C'est là qu'il faut détecter la charge réactionnaire du chroniqueur. En effet, la nostalgie d'un Québec d'avant la Révolution tranquille est manifeste.

En conclusion, il semble évident que la laïcité n'est pas véritablement la motivation première de Mathieu Bock-Côté en ce qui a trait aux questions identitaires. Quoi qu'il en soit, le but du présent texte n'est pas de le cibler en tant qu'individu, mais bien d'en faire un exemple, car il n'est pas le seul à avoir la même mentalité. Des gens comme Bernard Drainville et Éric Duhaime sont aussi tombés dans les mêmes contradictions. Il est clair que ceux-ci ont bel et bien le droit à leur opinion et à leurs contradictions. Toutefois, il vaudrait peut-être mieux se souvenir de ces prises de position contre la laïcité lorsque la prochaine vague du débat contre les accommodements raisonnables arrivera.

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