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La Syrie, sa politique étrangère et la guerre

Les cinq dernières années du pouvoir de Hafez al Assad ont été marquées par un ralentissement de l'économie.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

En étant en contrôle de la majorité du marché économique de son pays et en ayant créé une réforme agraire gagnante, Hafez al-Assad se retrouve dans une meilleure position économique avec la construction d'un puissant secteur public industriel. Il commence à s'intéresser à la politique extérieure : le président Hafez veut faire face à Israël. Hafez al-Assad affirme :

« Qu'il n'y a pas d'amour ou de haine éternels, mais seulement des intérêts permanents. C'est sur cette base que nous devons défendre notre intérêt et traiter les États étrangers à la lumière de leur soutien étranger ou de leur opposition à nos intérêts nationaux. Notre politique étrangère doit être à l'abri des convulsions et des sautes d'humeur.» (Bitterlin 1996, p.64)

Cela dit, la solidarité arabe est la clé de la réussite syrienne. Hafez est conscient que l'acteur principal de cet orchestre du Moyen-Orient est l'Égypte. De ce fait, il vise à s'approcher et à s'unir le plus vite possible avec cette dernière, car ils ont le même ennemi, Israël.

En outre, la Syrie se rapproche de l'Arabie Saoudite et de la Libye. D'autre part, du point de vue économique, Hafez s'unit avec l'Iraq. Les deux pays mettent un système sur le partage des eaux de l'Euphrate entre eux. Ce projet-là a eu pour effet d'inonder les terres fertiles sur les rives de l'Euphrate. De plus, la Syrie devient un centre territorial de transit pétrolier iraquien. Grâce à ces unions avec les pays du golfe, la Syrie sera bénéficiaire des financements de ces dernières, pour accroître le secteur public industriel.

Compte tenu de ce qui précède, Hafez doit faire le ménage avant tout dans sa propre cour avant de s'attaquer à l'Israël, car il croit que la guerre est le seul chemin possible qui permettra à la Syrie de récupérer les terres arabes que possède Israël. Al-Assad devra mettre un terme à l'union de l'aile gauche Baath avec Pékin. Il voudra que Damas s'oriente vers Moscou. Cette association avec l'Union soviétique avait des intérêts communs. Le président syrien savait que cette alliance avait pour but d'accroître l'aide militaire que l'Union soviétique pouvait leur offrir dans l'idée de conquérir les terres arabes de l'Israël.

D'autre part, l'Union soviétique obtiendra un autre territoire dans l'alignement de la guerre froide. À la base, la Syrie a un fonctionnement socialiste. Cette alliance stratégique avec l'Union soviétique donnera une image à la Syrie similaire aux pays de l'Europe de l'Est qui sont fondés sur l'idéologie marxiste. Du point de vue économique, cette alliance rendra le secteur privé syrien quasiment invisible.

  • La politique de guerre

Conformément à ce qui précède, Israël accuse la Syrie pour l'assassinat de ses athlètes aux Jeux olympiques de Munich en 1972. Quelques mois plus tard, la Syrie et le Liban subiront des bombardements qui aboutiront sur des cibles civiles et militaires à Damas. Le 6 octobre 1973, la Syrie et l'Égypte enclenchent la guerre de Kippour. Après trois jours de guerre, l'Israël répond à ces attaques en ciblant les pôles économiques syriens.

Les frappes de l'Israël portent fruit ; l'Égypte signe un cessez-le-feu. D'autre part, la Syrie rejoint les forces avec l'Iraq pour atteindre leur but ultime. Cette alliance n'aura pas de succès ; la Syrie sera forcée d'arrêter la guerre. Le pays subit des dégâts matériels importants. Elle aura besoin de l'aide des nations arabes pour que l'économie se remette à fonctionner. Avec l'aide des États-Unis, en juin 1974, la Syrie signe un pacte de paix avec Israël.

En ce qui concerne les années 1975 jusqu'à 1990, la Syrie sera impliquée dans plusieurs guerres avec l'Israël et soutiendra les milices chrétiennes dans la guerre du Liban. La décision du président Assad d'intervenir à la guerre du Liban ne sera nullement bien accueillie en Syrie. Les sunnites, qui représentent la majorité de la population syrienne, en veulent à Assad de soutenir les milices chrétiennes, car ils sont des partisans de la cause palestinienne et soutiennent les Frères musulmans. Le pays sera dans une guerre civile. Beaucoup de villes syriennes se font attaquer. Le gouvernement va tracer une ligne qui limite les contours entre les deux clans jusqu'en 1984.

  • La dernière décennie de Hafez al Assad

Les dernières années de Hafez al Assad peuvent s'articuler autour de deux points majeurs à savoir la volonté de donner une influence politique à la Syrie dans la poudrière qu'est le Moyen-Orient et le décollage économique à l'aide de politique de libéralisation. Des années 1990 à 2000, le dirigeant syrien s'est efforcé de faire valoir les intérêts syriens sur la scène internationale afin de contrecarrer la puissance israélienne qui veut s'imposer comme hégémon de la zone.

Pour rappel, la Syrie et Israël se disputent le plateau du Golan situé au sud-ouest de la Syrie, occupé par l'ennemi hébreu en 1967, à la suite de la guerre des Six Jours et annexé par la suite en 1981. Hafez al Assad enchaînera discussions, rencontres, négociations et autres valses diplomatiques avec Israël afin d'arriver à une situation de paix. Stabiliser la situation politique et géopolitique de la Syrie est essentiel pour le pays et son économie.

En effet, en 1991, une politique de libéralisation politique est lancée. Cette dernière se caractérise notamment par de nouvelles lois sur l'investissement telles que l'exemption de tarifs pour attirer les capitaux étrangers ou encore favoriser le retour des capitaux syriens expatriés.

De plus, en ce début de décennie, la Syrie part plutôt bien en ayant une balance des paiements excédentaire tout en recevant une compensation financière de la part de l'Arabie Saoudite suite à la participation à la coalition anti-Iraq, pendant la première Guerre du Golfe où les forces de Saddam Hussein ont envahi le Koweït. Ce conflit a d'ailleurs mené au redressement de l'économie syrienne grâce à la hausse du prix du pétrole, la production de gaz a également augmenté durant cette période. Le parti au pouvoir mise aussi sur le tourisme qui peut être un bon stimulant pour l'économie du pays puisque les différentes régions, la richesse archéologique et les bonnes infrastructures routières sont autant de points prisés par les touristes et dont le pays regorge.

Il est important de noter que la volonté de libéralisation économique de la République Arabe Syrienne s'explique par le contexte international. Effectivement, avec l'effondrement de l'URSS, la Syrie pays socialiste ouvre son secteur privé. Toute cette volonté d'ouverture ne porte pas ses fruits de manière concrète, connaissant des hauts et des bas tout au long des années. En 1997, après un retard dans les négociations de paix avec Israël et malgré une hausse des accords de coopérations bilatéraux (avec le Liban voisin notamment) et d'investissement syrien chez son voisin, il n'y a toujours pas de réel décollage économique.

Le taux d'inflation s'envole à 22%, le taux de chômage à 20% tout en sachant que 50% de la population a moins de 15 ans (14 millions en 1995). La situation économique et sociale reste donc figée et la population s'appauvrit. Le climat géopolitique nuit également aux entrepreneurs ce qui entraine un taux de réalisation des investissements privés quasiment nul en 1996. Avant que Bachar Al Assad ne succède à son père, de nouveaux accords sont signés avec le Liban (les barrières douanières sont enlevées), ce qui permet la réalisation de nouveaux investissements.

Pour conclure, les cinq dernières années du pouvoir de Hafez al Assad, au niveau économique, sont marquées par un ralentissement de l'économie définie par un manque de liquidités, une baisse des exportations au profit des importations, s'expliquant notamment par la baisse des cours du pétrole à la fin des années 1990, un mauvais climat pour les investissements.

Source (sans modification) : Avin Ahmad , Trim Berisha , Iman Mohamed et Mehdi Mounaji

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