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La fête musulmane de l'Achoura et son vrai sens

Plusieurs d'entre vous n'ont jamais entendu ce mot «Achoura», soyez rassuré, car si le milliard et demi de musulmans la connaissent et la fête, ils sont des millions à ignorer son sens, malheureusement.
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Ces jours sont sacrés pour l'ensemble des musulmans. Ces derniers fêtaient la fête de l'Achoura, 10e jour du mois sacré de Mouharram et continueront de célébrer pour les 40 prochains jours. En particulier, les musulmans chiites se donnent rendez-vous à Kerbala, en Irak, pour le pèlerinage annuel. Malgré la peur des attentats, les croyants continuent d'affluer vers le mausolée de l'imam Hussein. La marche vers Kerbala à pied est un acte de foi, où chaque tribu envoie un cortège pour la représenter, ils viennent d'aussi loin que Qom, en Iran.

Cette fête est le véritable symbole du schisme islamique, de la polarisation des deux courants de l'islam et révèle les symptômes de la fièvre que ressentent certains extrémistes vis-à-vis de la minorité chiite opprimée, partisane de la famille du prophète.

Plusieurs d'entre vous n'ont jamais entendu ce mot «Achoura», soyez rassuré, car si le milliard et demi de musulmans la connaît et la fête, ils sont des millions à ignorer son sens, malheureusement.

Au Maroc, comme les pays à majorité sunnite, cette fête a été littéralement déviée de son sens, elle est devenue à l'image de la société, une occasion de consommer. On y offre des cadeaux aux enfants ou y partage des repas. Même qu'au Maroc, le mythique « baba Achour » père Nöel marocain, se balade dans les rues, accompagné de son âne, dans une ambiance de festivités. En Algérie, c'est une journée fériée et en Tunisie, c'est une journée de souvenir des gens décédés.

« Achoura la judaïque» était une journée de jeune. Le prophète Mohammad (saws) la jeûnait, avec les tribus juives, en guise de remerciement à dieu, pour avoir sauvé le prophète Moïse et ses compagnons de la mainmise du Pharaon.

« Achoura » est aussi et surtout le jour de la catastrophe islamique. Le jour où la famille du prophète a été décimée par l'armée sanguinaire omeyyade. Le calife de l'époque exigeait du petit-fils du prophète (Hussein) une allégeance, afin de faire taire les opposants. À la demande des citoyens irakiens de l'époque, l'imam décide de quitter Médine pour la ville de Kouffa (Irak), pour y régner et combattre l'empire omeyyade.

Lorsque Yazid (le calife) apprend le départ de l'imam Hussein avec ses 72 compagnons, il donne l'ordre de les empêcher de rejoindre la terre d'Irak, où l'imam y était populaire. L'armée d'Yazid arrive à encercler la famille du prophète et ses compagnons, dans une terre appelée Kerbala. La catastrophe était imminente et l'intention de l'armée d'Yazid n'était point pacifique, comme le prétendent aujourd'hui certains prédicateurs.

Si cette fête, aujourd'hui, consiste à célébrer la jeunesse et la famille, que font ces savants pour commémorer la famille du prophète et les enfants martyrs Ali-al asghar et Qasim ibn Hassan, victimes de la violence d'une armée sanguinaire.

Connaissez-vous Ali al-Asghar (le petit Ali ou le bébé Ali) et le jeune Qasim?

Rassurez-vous encore, des millions de livres d'Histoire, dans les pays musulmans, n'y prêtent aucune attention.

Ali Asghar A.S. était le plus jeune fils d'Imam Hussein, il n'avait que six mois lorsqu'il fut assassiné, frappé par une flèche à la gorge, à Kerbala. Même son de cloche pour Qasim, fils du 2e imam Al-Hassan, lui aussi tué lors du siège de la famille du prophète. Il n'avait que 12 ans.

Et vous osez demander d'où provient la théologie des Daesh aujourd'hui ?

Certains courants, comme le wahhabisme, essaient de manipuler l'information et certaines pratiques d'une minorité chiite pour faire du « chiisme bashing ». Il y a une infime minorité de chiites qui essaye de revivre la douleur vécue par la famille du prophète, en faisant du « tatbir ».

Le tatbir est un acte violent qui se résume à se frapper la tête avec une épée. Ainsi, le sang gicle et la douleur est intense, c'est de l'auto flagellation.

L'hyper majorité des chiites n'ont jamais assisté à ce genre d'événements. D'ailleurs, tous les savants et écoles de pensées chiites ont banni et condamné le « Tatbir ». C'est une pratique révolue et dépassée. N'oublions pas que les sunnites, les sikhs et d'autres groupes chrétiens ont ce genre d'événements dans certaines occasions.

Bien sûr, ils ne représentent qu'eux-mêmes... Nous devons être méfiants et ne pas tomber dans la propagande et réduire une importante date du calendrier musulman à une simple pratique controversée.

En toute honnêteté, laissez-moi vous dire qu'il y a un vide dans l'apprentissage sunnite de cette fête. Cela est causé par la déficience de la formation religieuse, qui n'est pas même obligatoire pour devenir un imam, mais aussi à cause de sa politisation, tout simplement.

Les instances sunnites balaient ou déforment l'histoire de cette fête par peur que les fidèles soient touchés émotionnellement et adoptent un islam axé sur la pratique telle qu'enseignée par la famille du prophète.

Les instances religieuses et politiques sunnites se méfient de l'expansion chiite, tout simplement.

Certains pays s'empressent de mettre sous scellé des organismes religieux suspectés d'enseigner le chiisme aux fidèles. Le Maroc, dont la famille royale se déclare tout de même descendante de Fatima al Zahra (fille du prophète, épouse d'Ali ibn-abi-Taleb et mère de l'imam Hussein), est allé jusqu'à rompre toute relation avec l'Iran. Depuis peu, on remarque une ouverture à l'égard des chiites Marocains.

Est-ce que les vérités se dissimulent ? Quelle foi se valorise-t-elle en rabaissant une autre ? Est-ce raisonnable de priver des fidèles d'afficher publiquement leur foi ?

Il ne s'agit pas là de favoriser une école de pensée sur une autre, mais de justesse à la fois politique que religieuse.

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