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La guerre contre la terreur et la drogue en Afghanistan

La guerre contre l'opium est présentée, à l'opinion publique , sous l'ange de combat contre la terreur et de lutte contre le financement des groupes jihadistes. Ce qui est littéralement faux.
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À l'instar de certains pays de l'Amérique latine pour la feuille de coca et du royaume marocain pour le cannabis, l'Afghanistan cultive le pavot depuis plusieurs siècles. Vue comme une culture ancestrale, le pavot n'a jamais été considéré comme plantation dangereuse que depuis la vague de prohibition, menée par les Américains, et depuis la propagation du terrorisme.

L'Afghanistan est le premier pays producteur mondial de pavot. Il est aussi le foyer du terrorisme taliban, et demeure encore un terreau fertile des combattants d'Al-Qaïda, malgré plus d'une décennie de combats meurtriers. On estime que les producteurs soutirent 3 milliards de dollars dans un marché dont le chiffre d'affaires frôle les 243 Milliards. Il faut toutefois prendre ce chiffre avec prudence puisqu'il est hypothétique.

Il faut aussi souligner que la fragmentation du marché de la drogue rend difficile l'enrichissement des parties prenantes, hormis quelques transporteurs internationaux et les fonctionnaires corrompus.

Il est donc très laborieux d'accéder à des résultats ou des chiffres fiables. Par ailleurs, le Service fédéral russe de contrôle des stupéfiants (FSKN), estime que plus de la moitié de l'héroïne consommée en Europe provient désormais d'Afghanistan, via l'organisation terroriste de l'État islamique.

La guerre contre la drogue n'est-elle pas juste un prétexte pour intervenir dans un pays ?

Cette guerre est facilement maniable afin de réaliser des objectifs tacites, pour justifier un contrôle de territoire ou pour voter des lois liberticides. Pourtant, les alliés ont littéralement fermé les yeux devant une myriade de trafic de drogues, de corruption des fonctionnaires étatiques et caïds de tribus pour assurer une fragile sécurité à leurs soldats et aux gouvernements de Karzaï et d'Achraf Ghani, nouvellement élu.

La guerre contre l'opium est présentée, à l'opinion publique, sous l'ange de combat contre la terreur et de lutte contre le financement des groupes jihadistes. Ce qui est littéralement faux, car ces groupes étaient financés indirectement par les Etats-Unis et ses acolytes afin de combattre l'Armée rouge, c'est-à-dire les communistes, « les méchants athées ».

(Rappel: le nom d'Al-Qaïda est tiré du nom CIA Database)

Lors de l'invasion soviétique, par la suite, dans un contexte de guerre civile, la culture de pavot connaît une croissance fulgurante. Les organismes internationaux et les programmes d'aide aux paysans afghans oublient le bénéfice que la culture du pavot apporte aux agriculteurs. Ces derniers, grâce à la récolte, peuvent avoir accès au crédit afin de subvenir aux besoins immédiats ou aux aléas de la vie.

Tout programme international d'aide ne tenant pas compte de cette réalité est incontestablement voué à l'échec.

Après une récolte record, en 1999, les Talibans, se fondant sur des textes coraniques, interdiront cette culture, et par surprise, les producteurs répondent positivement à leur appel. En l'an 2000, le monde connaitra une chute vitale de ravitaillement et les prix s'enflammeront.

Certains chercheurs et auteurs soutiennent que les Talibans voulaient rétablir leur réputation dans le concert des nations. Le directeur du PNUCID (Programme des nations unies sur le contôle des drogues) affirme avoir entretenu des pourparlers soutenus afin de convaincre le mollah Omar d'agir contre le fléau de l'opium.

Le représentant de l'Office contre la drogue et le crime à Islamabad, 2001. avoue candidement que:

« Après plusieurs rencontres, nous avons réussi à faire comprendre aux talibans que s'ils prétendaient diriger une nation, il fallait se soumettre aux obligations internationales et interdire la production de drogue dans le pays.»

Le même représentant de l'Office contre la drogue et le crime affirme tout haut faire confiance aux Talibans et donne littéralement une importance religieuse aux Talibans.

« Maintenant, personne ne sait ce qui va se passer à la prochaine récolte. Mais dans la mesure où l'interdiction est d'ordre divin, je vois mal comment les talibans pourraient faire marche arrière. »

Par ailleurs, d'autres chercheurs pensent que les Talibans voulaient, carrément, limiter la production afin de contrôler le cours de l'opium sur le marché international et créer une rareté artificielle. En revanche, la fleur de pavot continue d'être cultivée dans les zones contrôlées par l'Alliance du Nord du défunt Ahmed Shah Massoud, assassiné deux jours avant le 11 septembre 2001.

À partir de cet événement fatidique, le nouvel ordre mondial se mettra en branle et le combat contre le terrorisme dessinera la géopolitique du proche et Moyen-Orient.

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