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Ce que l'émission Enquête ne dévoilera pas

Le reportage de l'émissiontraitant de la radicalisation des musulmans du Québec était très pertinent et concis quant à l'équation «musulmans = intégristes»... En revanche, les journalistes ont omis de confronter certains hommes connus pour leur association avec un certain milieu politique religieux à l'étranger.
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L'épisode de l'émission Enquête, traitant de la radicalisation chez les musulmans du Québec, était très pertinent et concis quant à l'équation «musulmans = intégristes»...

Des citoyens du calibre de Miloud Chennoufi, Monsef Derraji, Cerine Moussaif, Hajar Jerroumi, Samira Laouni, Haroun Bouazzi, Hanadi Saad, Bochra Manaï, Elsy Fneich, Dalila Awada, Lamine Foura et la liste est tellement longue... que j'en veux des millions au Québec. Ils travaillent fort, s'investissent communautairement, militent pour des causes sociales, tout en supportant économiquement le Québec d'aujourd'hui et de demain.

Sans négliger l'apport de toutes les Fatima infirmières, les Khadija enseignantes, les Miryam caissières ... et tous les Ahmed chauffeurs de taxi, les Mohammed préposés aux bénéficiaires et les Hassan informaticiens, qui travaillent dans l'ombre comme des abeilles dans une ruche avec persévérance et loyauté envers la société québécoise.

En revanche, ce que l'émission a omis de faire, c'est de confronter certains hommes religieux connus pour leur association avec un certain milieu politique religieux à l'étranger. Certes, ces personnes ne représentent pas un danger pour la société civile québécoise. Cependant, nous aurions aimé les voir justifier leurs liens avec un certain milieu très conservateur, au Maghreb ou en Orient, qui appelle explicitement au Jihad en Syrie et justifie le meurtre de la minorité chiite, par exemple. La journaliste suisse, Silivia Cattori, dresse un bilan sur ces appels liés directement ou indirectement aux cheikhs de ces mouvances.

L'émission a caressé brièvement le sujet, sans véritablement le percer...

Pourquoi l'émission n'a-t-elle pas approfondi cet angle? Par manque de temps ou de recherchistes? Pourquoi n'a-t-elle pas fréquenté régulièrement les séances de prêche, afin de dessiner un vrai portrait de ces mosquées douteuses?

J'ose croire que la réponse est facile pour certains et nuancée pour d'autres. Radio-Canada a une formidable équipe, capable d'infiltrer et d'enquêter sur n'importe quel groupe de la société.

Il n'y a pas plus dangereux pour l'Islam et les musulmans que ceux qui prétendent parler en son nom, qui se réclament de l'islam authentique, qui balaient les autres pensées islamiques ou laïques et qui refusent tout dialogue constructif.

Et c'est ce que font ces intégristes criminels de l'État islamique en Syrie et en Irak ainsi que la branche des Frères musulmans et les salafistes. Oui, certains leaders politiques et spirituels des Frères musulmans, comme Wajdi Ghoneim et Youssef Qardaoui, ont donné leur appui incontestable à Daesh ou aux autres brigades armées liées directement ou indirectement à Al-Qaeda.

Ces groupes tuent et torturent au nom de l'islam. Ils décapitent les soldats et civils au nom de la charia islamique. Ils apprennent aux enfants à tuer au nom de Dieu. Ils formatent toute une génération de Syriens et d'Irakiens au nom d'un patriotisme islamique mal pensé. Ils liquident des familles chiites et yézidies afin de purifier l'islam. Ils détruisent les mausolées et lieux de culte au nom d'une idéologie réactionnaire et obscurantiste et ils appliquent le takfirisme au nom de certains versets coraniques.

«(J'invite) tout musulman ayant reçu un entraînement militaire à se rendre disponible» - cheikh Qardaoui, guide spirituel des Frères musulmans

C'est la triste réalité, c'est un appel ouvert au jihad dans un pays déjà ravagé par la guerre civile...

Même si ces atrocités sont loin de notre quotidien, il nous semble évident que des organisations présentes au Québec justifient leurs liens avec ces mouvances. Dans le cadre du dialogue interculturel et de la diversité démocratique, il n'est point déplacé d'exiger une réponse, sans tomber dans la généralisation et ni les accusations par association.

La radicalisation des jeunes n'est pas un produit typique des mosquées, elle est le produit de la société d'accueil, du système d'intégration, du marché d'emploi, de la société civile, des médias, de la propagande des sites religieux et anti-religieux etc.

Selon Monsef Derraji, cofondateur du Congrès Maghrébin au Québec (CMQ), le Québec doit doter la communauté maghrébine de tous les moyens pour faire face à l'intégrisme, et travailler pour l'intégration économique et sociale de ce groupe de la société. Afin de réaliser ces objectifs, le CMQ s'investit en vue de relier les membres de la communauté aux réseaux d'emplois et les pousser à adopter un style de recherche d'emploi « à la nord-américaine ».

Il est impossible de rayer de la société un mal aussi ancien que l'homme. Vouloir éradiquer la radicalisation et la violence relève du même défi que d'enrayer les maladies du corps humain. Lorsqu'un politicien ou un religieux vous affirme qu'il enrayerait la radicalisation, permettez-vous de le traiter de menteur. Ce fléau est inéliminable. Même que l'émission Enquête n'apporte aucune explication à ce sujet. Même qu'elle emploie le terme "l'Islam radical ". Or, ce terme est une pure invention, comme l'expression de '' l'Islam modéré ''. Il y a un seul et unique Islam et plusieurs écoles de pensée (courants) de celui-ci.

Finalement, nous devons saisir la chance que le gouvernement actuel lance aux communautés culturelles et religieuses. Pour la première fois, dans l'histoire du Québec, nous avons une classe politique qui souhaite établir, étape par étape, un lien permanent avec la communauté musulmane, dont la diversité doit être prise en compte.

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Avril 2018

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