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Recensement et bilinguisme : pauvre Canada!

En fait, ceux qui, au Québec, doivent réellement être attristés par les données du dernier recensement, ce sont… les fédéralistes.
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Paul Vasarhelyi

Les dernières données démolinguistiques publiées par Statistique Canada ont de quoi rendre fière la population du Québec : entre 2011 et 2017, le taux de bilinguisme anglais-français au Québec est passé de 42,6 % à 44,9 % —c'est près de la moitié de la population québécoise qui sait s'exprimer dans ces deux langues! Et c'est sans compter les bilingues connaissant une autre langue que l'anglais, ni les trilingues, qu'on estime sept fois plus nombreux en proportions que les trilingues de n'importe quelle autre population en Amérique du Nord. Ouvert tant sur le reste de l'Amérique du Nord que sur l'Europe, joueur privilégié en commerce et dans les échanges internationaux; notre avenir comme pays indépendant est réellement lumineux.

Plusieurs sont inquiétés par le tableau brossé par ce recensement, puisqu'il indique que le français est la langue maternelle d'une portion plus petite de la population québécoise qu'en 2011. Cette tendance à la diminution est observable et continue depuis des décennies. Or, sans vouloir minimiser les inquiétudes légitimes d'une bonne partie de mes compatriotes, car personne ne nie que le déclin du français dans la région de Montréal se constate empiriquement et se démontre statistiquement par d'autres variables, le critère de la langue maternelle n'est pas une preuve admissible de l'insuffisance de la loi 101. En effet, la loi 101 a pour objectif de faire du français la langue commune au Québec, ce qui est observable dans la vie et les lieux publics, la culture, les milieux de travail, etc., mais pas dans les foyers. La réussite de la loi 101 ne doit donc pas être jugée sur le critère de la langue maternelle, mais plutôt, par exemple, sur celui de la langue d'usage au travail, une variable pour laquelle Statistique Canada dévoilera ses données à l'automne.

En fait, ceux qui, au Québec, doivent réellement être attristés par les données du dernier recensement, ce sont... les fédéralistes.

Le Canada n'est pas bilingue à 18%, contrairement à ce que titrent fièrement plusieurs journaux : sans le Québec, il l'est à 9,9%.

En effet, ces compatriotes rêvant d'un Canada impossible, celui de Trudeau-père, du bilinguisme coast-to-coast et du mythe des Deux Peuples fondateurs, voient, recensement après recensement, tant en chiffres absolus qu'en tendance, la démonstration que leur rêve est basé sur une fourberie. Les deux solitudes devaient se rejoindre au milieu du chemin; mais le Québec est le seul à démontrer de l'ouverture. Il n'y a aucune tendance à l'amélioration de la place du Québec ou du français au Canada. Si tendance il y a, elle est même plutôt à la baisse.

Au Canada, deux-tiers de l'augmentation du bilinguisme anglais-français de 0,5 point de pourcentage constatée entre 2011 et 2016 est due à l'augmentation du bilinguisme au Québec. Le Canada n'est pas bilingue à 18%, contrairement à ce que titrent fièrement plusieurs journaux : sans le Québec, il l'est à 9,9%.

Si le bilinguisme canadien augmente de 0,2 point de pourcentage aux cinq ans alors que celui du Québec augmente de 2,3 points dans le même délai, qui s'imagine encore qu'un juste équilibre est possible? S'il fallait laisser une période de test aux idées de P. E. Trudeau, le temps continue de prouver leur ineptie. Il en va de même pour les minorités nationales : les communautés anglophones du Québec se portent bien, croissent même, alors que les communautés francophones du ROC diminuent encore, comme depuis des générations.

Pauvre Canada, en réalité. Car si le Québec devenu pays pourra miser sur la richesse des connaissances linguistiques de sa population et en faire une force économique, on se demande comment notre voisin de l'ouest arrivera à rattraper cet immense retard unilingue.

Avril 2018

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