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Videotron de PKP: Titanic ou messie culturel?

Si PKP s’engageait à créer un service de diffusion en continu, il pourrait sauver d’un naufrage aussi bien son entreprise que notre transmission culturelle rompue.
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Sans égards à leurs allégeances politiques, bien peu de gens applaudissent la mort lente des cultures régionales au profit de la culture mondiale qui s’opère partout en occident.
Getty Images/Caiaimage
Sans égards à leurs allégeances politiques, bien peu de gens applaudissent la mort lente des cultures régionales au profit de la culture mondiale qui s’opère partout en occident.

Sans égards à leurs allégeances politiques, bien peu de gens applaudissent la mort lente des cultures régionales au profit de la culture mondiale qui s'opère partout en occident. Rares sont également ceux qui perçoivent d'un bon œil l'évanescence de la culture avec un grand «C» en faveur de la guerre du divertissement insipide que se livrent les médias traditionnels.

D'ailleurs, les observateurs québécois avertis, peu importe qu'ils s'attristent ou se réjouissent de l'improbabilité d'un pays nommé Québec, ne peuvent aucunement nier que l'accès au contenu culturel francophone s'est réduit comme une peau de chagrin dans la foulée de l'avènement des colosses médiatiques tels qu'Amazon et Netflix.

En outre, nul ne peut disputer le fait que les jeunes générations ont, elles aussi, bien qu'involontairement, grandement contribué à cet état de fait, en désertant la télévision traditionnelle et la câblodistribution pour se tourner vers des plateformes et des formats modernes (podcasts, YouTube, etc.).

Ces nouveaux médias concèdent une place accrue à tout ce que les médias traditionnels ont évacué, tout empêtrés qu'ils étaient dans la spirale délirante des cotes d'écoute.

Libérés des contraintes et des impératifs propres à leurs prédécesseurs, ces nouveaux médias concèdent une place accrue aux entrevues de fond, au contenu international et local, aux dossiers complexes habilement vulgarisés, bref, à tout ce que les médias traditionnels ont peu à peu évacué, tout empêtrés qu'ils étaient dans la spirale délirante des cotes d'écoute.

Toutefois, si cette offre renouvelée satisfait bel et bien certains besoins, elle comporte évidemment d'importantes lacunes. Ces déficiences sautent d'ailleurs aux yeux lorsque les membres des plus jeunes générations deviennent parents à leur tour et cherchent, en vain, à transférer un legs culturel bien particulier à leur progéniture. Quiconque en a tenté l'expérience attestera qu'il s'avère de nos jours fort difficile, voire impossible, de débusquer les trésors culturels québécois et français qui nous ont vu grandir.

Ceux-ci, au même titre que les productions plus récentes, demeureront tristement lettre morte si personne ne parvient à les mettre en valeur. Les clubs vidéos qu'on se plaisait à arpenter ont dorénavant fermé leurs portes et seules les bibliothèques préservent jalousement notre patrimoine culturel, et encore, dans un format rendu obsolète.

L'industrie lente à réagir

L'industrie a désormais pris acte de ces tendances et du tort monétaire qu'elles lui causent, mais elle n'a manifestement pas su réagir de façon proactive et s'adapter à la nouvelle demande. À l'instar de PKP qui a multiplié les complaintes et doléances au cours de ses multiples sorties médiatiques des derniers jours, on se borne trop souvent à pointer du doigt les géants étrangers. Il nous faudra nécessairement dépasser le stade du blâme.

Nonobstant les obstacles, il faudra penser à rivaliser avec les grands joueurs en s'arrogeant un marché de niche qui émule leurs qualités tout en palliant leurs faiblesses. Plus précisément, il s'agirait de créer une plateforme en ligne accordant une place de premier plan au contenu québécois et français, qui inclurait des productions récentes et plus anciennes; du contenu populaire tout comme plus classique. Une demande existe indiscutablement pour une telle offre et il nous suffit de la satisfaire.

Ainsi, lorsque PKP se pose la question: «Que devons-nous faire pour maintenir la solidité financière de nos entreprises dans le domaine des médias?», la réponse évidente devrait sans doute être: mettre sur pied un «Netflix québécois»!

D'aucuns répliqueront que ce rôle revient d'emblée à nos diffuseurs publics. Or, les efforts en ce sens de la part de Radio-Canada n'ont pas obtenu le succès escompté. Tou.tv, à l'image d'Éléphant, l'initiative philanthropique de Vidéotron, font certes un timide pas dans la bonne direction et constituent en ce sens d'excellents points de départ.

Une offre beaucoup plus complète et une plateforme mieux étoffée constituent d'incontournables améliorations.

Il n'en demeure pas moins qu'une offre beaucoup plus complète et une plateforme mieux étoffée constituent d'incontournables améliorations, afin de justifier le coût des abonnements. Il me semble donc évident que la télévision d'État n'aura jamais à elle seule le capital nécessaire à la réalisation d'un projet si ambitieux. Conséquemment, le fleuron médiatique québécois pourrait s'avérer un joueur-clé au sein d'un partenariat public-privé fructueux.

Si PKP ne s'est pas révélé le messie que le PQ et son électorat souhaitaient voir en lui lors de son bref passage en politique, il pourrait certes incarner un bienfaiteur à la rescousse d'une forme de fierté nationale érodée.

Vidéotron pourrait par conséquent s'établir en tant que leader incontournable au sein d'une francophonie plus unie tout en contribuant, chez nous, à la réapparition d'une culture partagée et rassembleuse.

En résumé, si PKP s'engageait à créer illico un service de diffusion en continu, libre du sacro-saint câble auquel sa compagnie s'accroche comme on se tient à une bouée, il pourrait sauver d'un naufrage assuré aussi bien son entreprise à la dérive que notre transmission culturelle rompue.

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