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8 raisons pour lesquelles j'ai choisi d'accoucher à la maison

J'insiste pour vous dire que ce que ce texte ne concerne que mon vécu. Je suis pour qu'on laisse les femmes libre de vivre cette expérience extraordinaire, puissante et unique comme elle le souhaite.
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J'insiste tout d'abord pour vous dire que ce que vous vous apprêtez à lire ne concerne que mon vécu. C'est ma vision des choses, et certainement pas une généralité. La plupart des femmes sont satisfaites de leur accouchement médicalisé, c'est ce qu'elles souhaitent et recherchent.

Nous sommes toutes différentes, et aspirons toutes à des choses différentes. Ce que je souhaite plus que tout c'est que chaque femme puisse être informée des possibilités et des alternatives, afin d'accoucher comme elle le désire et rien ne se voir imposer. Je sais que de plus en plus de femmes aspirent aux mêmes choses que moi, c'est pourquoi je souhaite témoigner. De plus, je ne rejette pas le médical. Nous sommes dans un pays développé et avons beaucoup de chance.

Je suis juste pour les alternatives à la médicalisation lors de grossesses normales, et lorsque la femme, le couple, le désire. Je suis pour le respect de la physiologie, le respect du rythme de chaque femme pour donner la vie à son petit. Je suis pour qu'on laisse les femmes libres de vivre cette expérience extraordinaire, puissante et unique comme elle le souhaite. Enfin, je suis pour l'accès à l'information qui existe encore trop peu, et pour que les femmes aient le choix.

Alors pourquoi ai-je fait ce choix d'accoucher chez moi?

Certaines personnes apprenant mes conditions d'accouchement me regardent souvent avec choc et incompréhension. D'autres trouvent cela courageux. Je constate que les esprits sont fortement marqués par de fausses croyances et des préjugés sur la mise au monde. Non, accoucher à la maison n'est pas plus risqué, bien au contraire. La chance que l'accouchement se termine en médicalisation est très faible lorsque l'on accouche physiologiquement chez soi. Lorsque le processus naturel de la naissance est pleinement respecté, il y a peu de risque que cela tourne "mal".

Il y a également une immense angoisse et plein de peurs qui règnent sur ce sujet de l'accouchement. Durant toute ma grossesse, j'ai entendu des discours catastrophes. Beaucoup de femmes semblent tellement marquées, traumatisées... Accoucher est trop souvent perçu comme une expérience risquée et effrayante. Dans les esprits, cela semble indissociable d'une prise en charge médicale.

Voici en quelques points le récit de mon chemin personnel m'ayant menée à cette décision:

1. Mes études de psychologie

Mes réflexions sur l'accouchement remontent à mes études de psychologie, durant lesquelles j'ai suivi des cours de périnatalité. J'ai été frappée d'observer et d'apprendre que les services de maternité font partie des lieux où il y a le plus de traumatismes à l'hôpital. Durant ces cours, je me rappelle penser déjà si fort: mais n'est-il pas normal que les femmes vivent autant de traumatismes psychiques avec cette manière non naturelle de donner la vie? Puis avec toutes ces pratiques abusives telles que: l'épisiotomie, les forceps, les césariennes, les ventouses...?

Bien sûr, ce n'est pas le cas de toutes les femmes. La plupart sont contentes de leur accouchement à l'hôpital, et heureusement! Cependant, il est aussi possible que certaines femmes s'en contentent, faute de savoir qu'autre chose est possible...

2. Mes lectures qui m'ont appris la réalité d'un accouchement physiologique et les conséquences de la médicalisation

Quelques années après mes études, voici venu mon tour de devenir maman. Ma fille, ma Petite Boule d'Amour, est née en août 2017. À la maison. Dès les premiers mois de ma grossesse, je me suis beaucoup renseignée sur la médicalisation de la grossesse et de l'accouchement. J'ai lu beaucoup d'articles, beaucoup de livres. Mon préféré, ma bible, reste La naissance naturelle d'Ina May Gaskin. J'ai donc beaucoup appris sur la physiologie de l'accouchement et sur les conséquences de la surmédicalisation.

Ainsi, à l'hôpital, le manque de physiologie par la posture allongée souvent obligatoire, l'atmosphère stressante, l'intrusion des soignants et médecins, les touchers vaginaux multiples, le monitorage continu, les bruits, la lumière, le lieu non familier, les équipes changeantes, les possibles violences obstétricales, etc. regroupent tous les ingrédients favorables à une médicalisation nécessaire de l'accouchement.

En effet, nous avons oublié que nous sommes des mammifères. Pour accoucher sans aides-externes, nous avons besoin du même environnement que tout mammifère. Un environnement connu, familier, sécuritaire. Un cocon. Un chez-soi. Mais aussi, idéalement la présence de personnes de confiance à l'accouchement, que nous connaissons bien. Lorsque ces éléments sont réunis, la chance que l'accouchement tourne en médicalisation est infime.

D'après ma sage-femme, la physiologie ne se trouve pas uniquement dans les postures que l'on prend durant l'accouchement. Elle est également dans le cerveau. Pour qu'il y ait une sécrétion efficace d'hormones de l'accouchement, comme l'ocytocine et les endorphines, il est essentiel que la femme qui accouche soit dans cette bulle, dans un lâcher-prise, sans stress, sans intrusion, sans tensions. Animale. Entourée de l'amour de son conjoint et de la douceur rassurante de sa sage-femme.

Le stress que peut ressentir une femme qui accouche peut venir bloquer ou ralentir le travail d'accouchement. Cela fait monter l'adrénaline, hormone opposée de l'accouchement. Celle-ci stoppe le travail, ou le ralenti, et rend les contractions inefficaces. Dans la nature, lorsqu'un animal s'apprêtant à donner la vie est menacé par un prédateur, il a une montée d'adrénaline lui permettant de fuir. Son travail d'accouchement s'arrête alors immédiatement, pour ne reprendre que dans un lieu sécurisé, au calme. Il en est de même de l'hôpital, lieu pouvant stresser les femmes.

Souvent, le travail n'étant pas assez efficace pour faire descendre le bébé naturellement, les soignants injectent alors aux femmes de l'ocytocine de synthèse qui rend les contractions très douloureuses, car artificielles. L'utérus ne s'ouvre alors pas naturellement ni de façon suffisamment efficace de par l'absence de physiologie (physique et hormonale, donc). L'équipe médicale doit alors utiliser divers outils et moyens pour sortir le bébé (forceps, ventouses, épisiotomie...). Le bébé peut en être blessé et violenté.

3. Et ailleurs, comment font-ils?

En plus de ces recherches, j'ai voulu observer ce qu'il se passait ailleurs dans les autres pays. En France, 99% des naissances ont lieu à l'hôpital. Alors qu'aux Pays-Bas, l'accouchement à la maison concerne une femme sur six.

Même à l'hôpital, le recours à la péridurale est de 18%, contre 76% en France (source). Ainsi, aux Pays-Bas, en Suède, en Allemagne... là-bas, la norme est l'accouchement naturel. La péridurale et la médicalisation sont réservées aux grossesses et accouchements pathologiques.

4. Mes peurs que j'ai pu dompter grâce à ma recherche d'informations

Concernant la douleur, je suis très douillette de nature. Oui, enceinte, la douleur de l'accouchement m'effrayait. Mais, grâce à toutes mes lectures, j'ai compris que cette douleur était essentielle et avait un vrai rôle dans le processus d'accouchement. Celui d'ouvrir le col, contraction après contraction, pour ouvrir le passage au bébé. La douleur est normale, naturelle et physiologique. Lorsque j'ai compris cela, elle me faisait beaucoup moins peur.

Puis, déchirer, ou pire, que l'on me coupe m'effrayait également. Mais j'ai appris que le risque d'avoir une déchirure est beaucoup plus faible quand on accouche de façon physiologique (en effet, expulsion debout, gros bébé et pas une déchirure pour ma part).

5. Le vécu négatif de la majorité de mon entourage

Pendant ma grossesse, avant, et toujours aujourd'hui, je n'observe QUE des femmes ayant accouché dans des contextes pour moi inacceptables (j'insiste sur le «pour moi», car beaucoup le vivent comme normal): par exemple, plusieurs de mes proches se sont vues menacées de déclenchement avant même d'avoir dépassé leur terme.

Faire vivre autant de stress à une femme en fin de grossesse est pour moi inadmissible. Ces derniers moments ne devraient être qu'une bulle d'amour et de douceur pour que le processus physiologique de la naissance se mette en route normalement. Certaines ont été stressées par le gynécologue lors de leur dernier trimestre, car leur bébé était soi-disant trop gros (erreur d'estimation du poids: classique. Et depuis quand on ne peut pas sortir un gros bébé?). Enfin, d'autres proches et moins proches ont vécu un accouchement carrément traumatisant...

Bref. Je n'avais absolument pas envie de vivre une telle chose. C'était pour moi inimaginable.

6. Mon incompréhension face à cette triste réalité de l'accouchement et ma détermination à croire qu'autre chose est possible

Je ne comprenais pas pourquoi un accouchement devrait être médicalisé lors d'une grossesse normale. Dans mon esprit, la médicalisation était liée à la pathologie, la maladie. Pour moi, cela manquait de sens.

J'avais très peur en faisant le choix de l'hôpital que l'on me «vole» mon accouchement, que l'on m'empêche de mettre au monde ma fille comme je l'avais décidé. Je ne voulais pas que toutes les interventions viennent perturber le processus naturel et physiologique de cette naissance. J'avais juste envie d'être tranquille, dans ma bulle d'amour avec mon chéri pour accompagner la descente de notre petite boule.

J'avais envie d'être la seule actrice de mon accouchement. J'avais envie que ma fille soit respectée et accompagnée avec douceur dans ses premiers instants. Je voulais vivre cela dans l'intimité pour ma fille, pour moi et pour mon couple.

7. L'évolution de nos choix

Ainsi, jusqu'à mon 8 mois, mon compagnon et moi-même avions décidé que mon accouchement se déroulerait en plateau technique. Ne devaient y être présents que mon conjoint et ma sage-femme m'ayant suivie depuis les cinq mois de grossesse.

Il était prévu que je reste à la maison durant la majeure partie du travail, avec ma sage-femme et mon conjoint. Habitant à cinq minutes de la maternité, nous devions y aller lorsque j'atteignais la dilatation 7. Nous devions ensuite rentrer chez nous quelques heures après l'accouchement, si tout était normal.

Alternative à la médicalisation vraiment extra! Mais le temps passant durant ma grossesse, et après de nombreuses réflexions, ce choix nous paraissait de plus en plus insensé. En effet, pourquoi devoir partir pour la maternité à dilatation 7, si tout allait bien jusque-là? Pourquoi ne pas rester confortablement dans notre intimité, dans notre cocon, puisque c'est ce que je souhaitais plus que tout?

Mon conjoint étant lui-même né à la maison, c'est lui qui m'a suggéré l'idée d'accueillir notre bébé chez nous. Notre sage-femme est une personne exceptionnelle, très réputée et spécialiste de l'accouchement physiologique, et de l'accouchement à domicile depuis plus de vingt ans. Nous étions 100% sereins. Le moment de rencontrer notre bébé approchant, cette alternative a été une évidence!

8. Si j'avais choisi l'accouchement en maternité...

Après mon accouchement, ma sage femme m'a confié que si j'avais accouché à l'hôpital, j'aurais eu une épisiotomie et des forceps, ou même une césarienne. En effet, notre bébé est resté un long moment dans le bassin. On ne m'aurait pas laissé le temps de la mettre au monde seule, alors que ma fille allait très bien.

Malheureusement, dans beaucoup d'hôpitaux des protocoles rigides sont à respecter. On m'aurait instrumentalisée de différentes manières, alors que la capacité de mettre au monde mon bébé était en moi. Mais grâce à ce choix, j'ai pu être respectée. Ma sage-femme avait pleinement confiance en moi, en la physiologie, et en ma capacité de femme et de mammifère à donner la vie seule. Elle m'a respectée, elle a respecté notre temporalité.

Les premiers jours de vie de notre fille ont ainsi été si doux, si sereins.

Dans notre cocon, à la maison.

Un vrai rêve.

Enfin non... une réalité !

Ce billet est également publié sur le blog Une Petite Graine.

(Le nom de l'auteur a été modifié à sa demande)

Ce texte a d'abord été publié sur le HuffPost France.

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