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Le Nobel semble vouloir se transformer en prix de participation servant à récompenser de beaux et nobles efforts aboutissant en de beaux et nobles échecs partant de belles et nobles intentions au mépris de tout critère d'impacts réels.
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En 2012, le président Barack Obama a reçu Aung San Suu Kyi, récipiraire du prix Nobel de la Paix, à la Maison-Blanche.
Jason Reed / Reuters
En 2012, le président Barack Obama a reçu Aung San Suu Kyi, récipiraire du prix Nobel de la Paix, à la Maison-Blanche.

Quand on dit le Nobel, c'est évidemment que l'on parle du seul qui compte et depuis que celui de littérature a été donné à Dylan, ce ne peut être que celui de la Paix. Pourtant, cet illustre et auguste prix ainsi que sa bourse d'un million de dollars, accumulés en vendant de la dynamite, est aujourd'hui mis bien à mal.

Rassurez-vous, il ne s'agit pas d'un problème d'argenterie et les bourses sont toujours versées rubis sur l'ongle. C'est plutôt une crise morale et – osons le mot – identitaire que vit le Nobel. En effet, il n'en finit plus de ne pas se remettre moralement d'avoir été remis à un président Obama à la veille d'envoyer cinquante mille soldats en renfort aux guerres américaines. Et, comme si ce n'était pas, déjà, suffisant, il souffre rétroactivement de s'être laissé remis à une femme dont les velléités démocratiques cachaient les génocidaires, vous l'aurez reconnue.

Si la tendance se maintient, il sera remis, l'an prochain, à la campagne Sans Oui c'est Non.

Le pauvre Nobel a bien essayé de se refaire une virginité en resacralisant son aspect récompense du « gnangnan-tisme » international, dixit le prix remporté, un an après l'intervention libyenne, par l'Union Européen (qui se partagera à 27 le million de dollars...) et tout récemment la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires dont les succès sont avérés et démontrés par les évènements de tous les jours. Si la tendance se maintient, il sera remis, l'an prochain, à la campagne Sans Oui c'est Non.

D'ailleurs, en 2016, on convainquit l'Académie de le remettre à Juan Manuel Santos, président de la Colombie, pour ses efforts dans le processus de paix avec les FARCs et ce après que le Non ait remporté le référendum tenu sur le processus de paix. Les effets du prix sur le président Santos ne se firent pas attendre et dès l'année suivante, il augmenta de six mois la durée du service militaire et bonifia le budget militaire de 8%, et ce en dépit de ses promesses électorales de réduire le temps de service ainsi que les budgets; l'effet Nobel?

Le but n'est pas de simplement se gausser, mais de poser une réelle question quant à la pertinence de ce prix, doit-il être l'apanage du « gnagnan-tisme » ou devrait-il se laisser injecter une dose de réalisme politique, et ce, sans hypocrisie?

Car, pour le moment, le Nobel semble vouloir se transformer en prix de participation servant à récompenser de beaux et nobles efforts aboutissant en de beaux et nobles échecs partant de belles et nobles intentions au mépris de tout critère d'impacts réels. On va jusqu'à le remettre à une Campagne contre l'armement atomique l'année où la Corée du Nord se dote d'une bombe thermonucléaire et multiplie les tests de missiles; pour ses efforts, de qui se moque-t-on?

Ne ferions-nous pas mieux de sortir du pacifisme béat dans lequel nous a plongés l'exemple du Mahatma Ghandi et plus récemment celui du Dalaï-lama alors que l'on peut d'ores et déjà prédire à ce dernier de nombreuses réincarnations en exil? Aurait-on remis le prix à ceux qui criaient, il y a un godwin de cela, plutôt Allemands que morts?

Si le prix a été donné à l'homme dont le retrait a laissé à l'État islamique un champ à conquérir, ne pourrait-on pas, ne devrait-on pas le donner, aujourd'hui, à l'homme qui l'a éradiqué en Syrie et a permis à la dictature bashardiste d'éviter le sort de la désintégration libyenne et ses marchés aux esclaves : Vladimir Poutine?

Dans les faits, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives quant à l'implication russe, mais s'il venait à s'avérer que la Syrie s'en trouve pacifiée et revient à un gouvernement stable alors, on voit mal comment on pourrait objectivement refuser le Nobel à Poutine.

Et pourtant, on sait bien que même si ses résultats venaient à avenir, on trouverait bien une raison pour ne pas le lui remettre et l'on trouverait bien un quelconque organisme, louable, qui a ouvert une école pour filles quelque part; à moins qu'on le remette carrément à monsieur Rajoy pour ses efforts de paix en Catalogne.

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