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Suicide: le silence entourant la série «La vie après la mort» est très problématique

En nous abstenant de reconnaître la représentation erronée et potentiellement dangereuse du suicide et du processus de recherche d'aide dans cette série, nous rendons un mauvais service aux hommes et aux garçons.
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Il est important de noter qu'il existe de nombreux stéréotypes et croyances sur la masculinité dans notre société, dont certains peuvent être nuisibles à la santé mentale et au bien-être.
Netflix
Il est important de noter qu'il existe de nombreux stéréotypes et croyances sur la masculinité dans notre société, dont certains peuvent être nuisibles à la santé mentale et au bien-être.

Netflix a récemment sorti une nouvelle série intitulée La vie après la mort (After Life),qui raconte l'histoire d'un homme d'âge moyen, Tony, qui devient déprimé et suicidaire après la mort de sa femme à la suite d'un cancer. Cette série est l'une des rares à faire de la prévention contre le suicide (Tony rejette cette possibilité et choisit de vivre), depuis l'arrivée de la série 13 Reasons Why, portant sur Hannah Baker, une jeune fille de 15 ans, et les événements qui ont mené à sa mort.Bien que les scénarios soient différents, il y a des similitudes importantes entre ces deux émissions. Les deux sensibilisent aux enjeux sociétaux importants auxquels sont confrontés les jeunes et les adultes, respectivement.

Plus important encore, les deux séries ne dépeignent pas le suicide et le processus de recherche d'aide d'une manière responsable, violant ainsi de nombreuses lignes directrices en matière de couverture médiatique.

Ces représentations fautives sont inquiétantes étant donné que la recherche suggère que le suicide peut être «contagieux», en se référant au processus selon lequel l'exposition au suicide ou au comportement suicidaire d'une ou plusieurs personnes pousse d'autres personnes à tenter de se suicider. Le risque d'incitation au suicide est particulièrement élevé chez les personnes qui peuvent s'identifier à la personne décédée en raison d'une similitude d'âge, de sexe ou de circonstances de vie. Il a notamment été démontré que ce risque est particulièrement prononcé lorsque les médias décrivent l'acte d'une manière trop détaillée et sensationnaliste.

Étant donné le rôle des médias dans ce phénomène, des lignes directrices sur les meilleures pratiques en matière de couverture ont été élaborées pour encourager une représentation responsable. Il est par exemple recommandé de: fournir de l'information sur l'aide disponible, éviter d'entrer dans les détails de la méthode utilisée et de donner au suicide une dimension romantique. Elles ont toutes été violées dans la série La vie après la mort, dans laquelle peu d'attention a été accordée à la représentation (erronée) du suicide et au processus de recherche d'aide.

En fait, c'est précisément pour ces raisons que les défenseurs de la santé mentale se questionnent au sujet de la série 13 Reasons Why et sur les raisons sur lesquelles elle est devenue le centre d'attention dans les médias — et pour cause. Une étude récente montre qu'il y avait effectivement un effet d'incitation au suicide chez les jeunes, bien qu'indirecte.

Le problème avec la série de Ricky Gervais

Le silence qui entoure La vie après la mort est très problématique pour trois raisons. Premièrement, elle minimise la crise actuelle de la santé mentale chez les hommes; deuxièmement, elle ne tient pas compte de nombreuses recherches suggérant que le suicide peut être «contagieux» dans ce groupe démographique et troisièmement, elle perpétue des stéréotypes nuisibles sur la force et la masculinité des hommes.

Tout d'abord, les hommes souffrent d'un certain nombre de problèmes de santé mentale, en particulier des taux élevés de suicide et d'abus de substances. En fait, les hommes représentent 75% des suicides et 82% des décès par surdose au Canada. Malheureusement, les hommes sont beaucoup moins susceptibles que les femmes d'utiliser les services de santé mentale. Cela signifie que beaucoup d'hommes ne recevront pas d'aide pour alléger leurs souffrances.

De plus, bien que les jeunes soient particulièrement à risque face à l'incitation au suicide, les hommes adultes y sont également vulnérables. Une étude récente, par exemple, a rapporté une augmentation de 10% des suicides aux États-Unis à la suite du décès de l'humoriste Robin Williams, particulièrement chez les hommes âgés de 30 à 44 ans. Cela est peut-être attribuable à la couverture sensationnaliste et détaillée de sa mort par les médias, mais suggère aussi que les hommes peuvent être tout autant vulnérables aux représentations négatives du suicide et réfractaires au processus de recherche d'aide.

Il est important de noter qu'il existe de nombreux stéréotypes et croyances sur la masculinité dans notre société, dont certains peuvent être nuisibles à la santé mentale et au bien-être.

En effet, nous considérons souvent les hommes comme des hommes forts, silencieux et indépendants; les hommes ne demandent pas d'aide, les hommes peuvent prendre soin d'eux-mêmes, etc. Bien que ces stéréotypes ne causent pas de suicide en soi, ils peuvent exacerber les problèmes de santé mentale.

En nous abstenant de reconnaître la représentation erronée et potentiellement dangereuse du suicide et du processus de recherche d'aide dans La vie après la mort, nous rendons un mauvais service aux hommes et aux garçons. Certains hommes peuvent être influencés négativement par cette série, au même titre que les jeunes vulnérables avec 13 Reasons Why. Nous devrions le reconnaître.

Les séries tels que La vie après la mort sont néanmoins de bons points de départ pour amorcer une discussion sur des sujets importants, bien que sensibles. En tant que citoyens honnêtes et responsables, nous nous devons d'intervenir à ce sujet; surtout compte tenu de l'état de santé mentale des hommes et des preuves de plus en plus nombreuses au sujet du risque de l'incitation au suicide.

Êtes-vous dans une situation de crise? Vous avez besoin d'aide? Si vous êtes au Canada, trouvez des références web et des lignes téléphoniques ouvertes 24h par jour, dans votre province en cliquant sur ce lien.

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