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Journée mondiale de l'enfance - Un Québec digne des enfants

Monsieur le premier ministre, pouvez-vous vraiment affirmer aujourd'hui que vous avez pris tous les moyens pour mettre en œuvre vos engagements afin que les droits des enfants soient pleinement respectés?
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Le 20 novembre est la Journée mondiale de l'enfance, qui commémore l'adoption de la Convention relative aux droits de l'enfant par les Nations Unies en 1989. Le principe de cette convention vise l'intérêt supérieur de l'enfant qui doit guider toute action législative et administrative. C'est donc un bon moment pour réfléchir à nos actions individuelles et collectives et s'assurer que nous agissons pour le bien-être des enfants.

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Couillard multiplie les mesures d'austérité sous prétexte d'être équitable envers les futures générations. Mais ses actions ont l'effet exactement contraire !

La Convention reconnaît le droit à des services de garde. Plusieurs recherches ont démontré que la fréquentation d'un service de garde de qualité favorise le développement de l'enfant et sa réussite éducative. Cet effet est d'autant plus important chez les enfants issus de milieux défavorisés. Pour améliorer l'accessibilité, le gouvernement devrait accroître le nombre de places en CPE en milieux défavorisés et exempter les parents à faibles revenus du paiement de la contribution. Or, les actions prioritaires du Conseil du trésor et du ministère des Finances ont plutôt visé la poursuite des compressions budgétaires et l'instauration de la modulation du tarif selon une vision d'utilisateur-payeur. Les modifications apportées entraînent des hausses importantes de la contribution des parents et plusieurs en prendront pleinement conscience lors de la préparation de leur rapport d'impôt. La ministre de la Famille semble quant à elle plus pressée de pourchasser les « enfants fantômes » et de concevoir des mécanismes de représailles pour les services de garde subventionnés, dont le niveau d'assiduité des enfants ne serait pas jugé conforme.

Ces mesures sont autant de brèches au modèle québécois de services de garde à contribution réduite qui menacent sa pérennité. Qu'arrivera-t-il lorsque des CPE et des responsables d'un service de garde en milieu familial reconnu devront, à bout de souffle, fermer leurs portes? Les enfants seront dirigés vers des garderies à but lucratif alors que les services y sont de moindre qualité que celle des CPE. Certains parents quitteront leur RSG pour se tourner vers des services de garde qui ne sont même pas régis par la Loi et le Règlement sur les services de garde éducatifs à l'enfance. Les augmentations de la contribution parentale risquent également de faire en sorte que les enfants cesseront de fréquenter des services de garde éducatifs, les parents, plus particulièrement les mères, étant acculées à un retrait temporaire du marché du travail ou à devoir renoncer à leurs études.

Les priorités du gouvernement en éducation sont tout aussi contestables. Alors que les coupes budgétaires s'accumulent et que les effets se font déjà sentir sur les services aux élèves, le ministre de l'Éducation affirme qu'il serait « très maladroit » de la part du gouvernement d'investir davantage en éducation avant l'atteinte du déficit zéro. Les élèves handicapés et les élèves en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage sont les plus vulnérables face aux conséquences de ce choix. Pourtant, la Convention reconnaît le droit à l'éducation pour tous les enfants et le droit pour les élèves handicapés à des services « propres à assurer une intégration sociale aussi complète que possible et leur épanouissement personnel ».

Malgré cela, le gouvernement est en train de sacrifier certains enfants sur l'autel de l'austérité. Quels seront les impacts de ces coupes à long terme sur la réussite scolaire ?

Comment parler de droit à l'égalité dans un tel contexte ?

Le réseau de l'éducation publique, tout comme celui des services de garde subventionnés, doit être développé de manière à favoriser l'égalité des chances.

Contrairement à ce que défend le ministre de l'Éducation, la vision québécoise de l'éducation ne peut se limiter à l'adéquation entre la formation et l'emploi. L'éducation doit également permettre le développement social et l'épanouissement des jeunes. Elle doit les préparer à participer pleinement à la société, à la rendre meilleure et plus égalitaire. C'est ce que prévoit la Convention qui édicte que l'école doit préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre.

Au début des années 2000, le Québec emboitait le pas aux pays membres des Nations Unies et adoptait son plan d'action Un Québec digne des enfants en vue de « mieux soutenir la santé, le bien-être, le développement et la réussite des enfants et des jeunes ». Le plan d'action arrive à terme en 2015 et l'heure des comptes a sonné.

Dans son discours d'ouverture à l'Assemblée nationale, le 21 mai 2014, M. Philippe Couillard déclarait : « Un enfant qui ne peut aller au bout de ses rêves, de son talent, en raison des circonstances, de la famille, du milieu que le hasard lui a donné, c'est Mozart assassiné... »

Monsieur le premier ministre, pouvez-vous vraiment affirmer aujourd'hui que vous avez pris tous les moyens pour mettre en œuvre vos engagements afin que les droits des enfants soient pleinement respectés?

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