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Manifeste de la Mère indigne

Pour plusieurs, la mère indigne est celle qui agit dans son propre intérêt et ne suit pas les sacro-saintes recommandations du mieux-vivre. Moi, je dis que c'est plutôt celle qui lâche prise et qui accepte de ne pas être Super-Woman.
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Voici un billet que j'ai publié récemment sur mon blogue Aventures de Bébéluga.

Je tenais à le partager ici parce qu'il a beaucoup parlé à mes lectrices et a suscité un bel engouement.

Manifeste de la mère indigne

Depuis quelques temps déjà je remarque qu'une nouvelle catégorie de mères fait son entrée : la mère indigne. Pour plusieurs, cette mère indigne, c'est celle qui agit dans son propre intérêt et ne suit pas les sacro-saintes recommandations du Mieux-vivre.

Moi, je dis que c'est plutôt celle qui lâche prise et qui accepte de ne pas être Super-Woman.

Vous remarquerez peut-être le mot «recommandation» ci-haut mentionné. En approfondissant un peu on apprend que ce mot à pour synonyme les mots «conseil» et «suggestion».

En aucun cas il est inscrit : Si tu ne te plies pas à ces 45 000 règles exhaustives, ton bébé se sentira mal-aimé et t'en voudra à vie de l'avoir délibérément mis en danger, se prostituera et racontera aux voisins la fois où tu l'as laissé jouer seul pendant que tu écoutais Qui perd gagne.

C'est sans compter les honoraires de ses longues années de psychothérapie pour ne pas l'avoir transporté jusqu'à ses 14 ans dans un Mei-sling-kangou-tai tissé dans une soie d'araignée bio, morte de mort naturelle pendant un concert de musique du monde.

Pour ma part, la mère indigne est très simplement une mère normale. Elle fait juste ce qu'elle croit être le meilleur pour son enfant. Et pour elle aussi. Parce qu'elle pense que si elle reste saine d'esprit ses enfants ne s'en porteront que mieux.

La mère indigne, des fois, elle arrête de faire bouillir l'eau des biberons une semaine trop tôt. Elle ne passe pas le balai-moppe avec un produit nettoyant comestible, chaque fois qu'elle dépose le bambin par terre. Des fois aussi, elle fait l'introduction des fruits avant les légumes.

La mère indigne doit être folle, parce que, des fois, elle n'allaite pas. Et elle écoute des feuilletons moches pendant la sieste, et si la sieste ne fonctionne pas, drôle de même, elle se sent exaspérée.

La mère indigne, elle est parfois à bout de nerfs.

Parfois même, elle crie.

Sa maison est souvent en désordre. D'ailleurs, la mère indigne en vient parfois à trouver des noms aux moutons de poussière.

Parfois, elle laisse ses enfants jouer seuls. Elle leur donne les bains un jour sur deux.

La mère indigne met son enfant devant Caillou pour pouvoir se laver, même s'il paraît qu'il rend les enfants irrespectueux et abrutis et qu'ils ne s'en remettront jamais.

Parfois, il arrive à la mère indigne, dans un moment de faiblesse, de s'en prendre à un jouet qui, malgré lui, était au mauvais endroit, au mauvais moment. (Salut Buzz Lightyear!) Et parfois, elle laisse ses enfants jouer avec des crayons-feutres sur le fauteuil et elle appelle ça un sacrifice.

La mère indigne a déjà pris plaisir à faire goûter une crème glacée à son bébé bien avant l'étape d'introduction des produits laitiers... La face qu'il a faite!

La mère indigne adore les suces et trouve que le terme anglais «pacifier» est extrêmement bien choisi.

Elle accepte que tous les aliments qui approcheront de son enfant ne soient pas nécessairement bio ou élevés en liberté par un maraîcher qui leur lit du Jacques Prévert.

La mère indigne trouve le plastique pratique. Pas démoniaque. Elle prend aussi un malin plaisir à choisir le gâteau au chocolat le plus décadent pour le premier anniversaire de son enfant.

La mère indigne ne passe pas 100% de son temps à divertir ses enfants et ne fait pas toujours des jeux instructifs. D'ailleurs elle ne croit pas que d'apprendre l'allemand avant 3 ans puisse être réellement d'une grande aide pour les tests de sélection de la pré-maternelle.

La mère indigne saute parfois un brossage de dents.

Elle utilise le shampooing-jaune-de-la-marque-populaire-mais-oh-combien-dangereux pour laver ses enfants.

La mère indigne sait qu'un jour, quoi qu'elle fasse, son bébé va manger du papier. Et elle croit fermement que si elle le laisse par terre à l'occasion, il aura probablement plus tendance à marcher un jour que si elle le porte pendant 8 ans, au risque de le traumatiser et qu'il se sente délaissé.

Cette même mère indigne a presque honte de ne pas avoir accouché dans le salon à travers la visite en faisant cuire une sauce à spag. Et d'ailleurs, sa sauce à spag, il lui arrive de l'acheter déjà faite.

La mère indigne fait ses soirées cinéma le vendredi soir et laisse son enfant manger des VRAIES chips et se coucher tard. Et en plus, elle est heureuse qu'il dorme plus longtemps le lendemain matin.

La mère indigne a développé des techniques pour manger des biscuits à côté de ses enfants, ni vue ni connue. Quand elle est à la maison, elle passe parfois (souvent) sa journée en pyjama/linge mou vraiment pas beau et s'habille 15 minutes avant l'arrivée de papa.

Cette même mère indigne a déjà essayé de tuer sa poussette double parce qu'elle ne voulait pas collaborer.

Parfois, elle habille ses enfants de façon bizarre parce que le lavage n'est pas fait. La mère indigne fait confiance à son intuition et à ses enfants.

Mais surtout, la mère indigne culpabilise sans arrêt de ne pas être parfaite comme ces autres mères qui mettent toute leur énergie à faire plaisir à ces inconnus qui ont écrit des modes d'emploi.

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