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Les guerres en Syrie et au Yémen détruisent le principe fondamental de la protection des enfants

Les sept dernières années s'inscriront dans l'histoire comme celles d'une guerre sans précédent contre les enfants.
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Mohammad, un jeune réfugié syrien âgé de 12 ans, vit au Liban depuis aujourd'hui 6 ans.
© UNICEF/UN0127911/Halldorsson
Mohammad, un jeune réfugié syrien âgé de 12 ans, vit au Liban depuis aujourd'hui 6 ans.

Sept ans de guerre contre les enfants en Syrie

Trois ans de guerre contre les enfants au Yémen

Mais que représentent ces anniversaires ?

Qui s'en préoccupe ?

Le 20 mars 2018, dans la Ghouta orientale, en Syrie, la jeune Judy, âgée d'à peine un mois, a trouvé refuge dans une école avec sa mère et son grand-père.
© UNICEF/UN0187717/Sanadiki
Le 20 mars 2018, dans la Ghouta orientale, en Syrie, la jeune Judy, âgée d'à peine un mois, a trouvé refuge dans une école avec sa mère et son grand-père.

La protection des enfants est un devoir collectif. Ces dernières années, ce principe s'est progressivement affaibli et le monde semble devenir insensible aux violations graves des droits des enfants.

Pire encore, nous semblons oublier que le monde de demain sera peuplé d'hommes et de femmes qui aujourd'hui sont des enfants. Or, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, un enfant sur cinq vit dans des pays en guerre. Ces enfants n'auront pour référence qu'un système international injuste, qui ne protège pas ses membres les plus vulnérables et permet à ceux qui les attaquent de commettre leurs crimes en toute impunité.

Les guerres en Syrie et au Yémen illustrent une accélération brutale de cette perte de conscience collective : les enfants sont attaqués, nul ne peut l'ignorer, et l'absence d'indignation publique en est la démonstration éclatante. Le manque d'action politique efficace ne fait qu'empirer la situation.

Le 27 mars 2018, à l'école Aldailami, à Sana'a, au Yémen, Meritxell Relano, la représentante de l'UNICEF au Yémen, parle avec des jeunes filles.
© UNICEF/UN0188786/Fuad
Le 27 mars 2018, à l'école Aldailami, à Sana'a, au Yémen, Meritxell Relano, la représentante de l'UNICEF au Yémen, parle avec des jeunes filles.

Il y a sept ans, au début de cette guerre, deux enfants ont été tués en Syrie, déclenchant une vague de manifestations. Quatre ans plus tard, une autre guerre a éclaté au Yémen.

En 2014, nous avons cru que le million d'enfants devenus réfugiés en Syrie allait secouer la conscience mondiale. Aujourd'hui, ils sont 2,5 millions. Au Yémen, un enfant meurt toutes les dix minutes de maladies évitables.

Des épidémies de poliomyélite, de choléra et de diphtérie ont brisé les progrès de développement. En 2016, nous pensions avoir touché le fond. Mais en 2017, les souffrances des enfants ont empiré: plus de 2000 enfants tués ou blessés à vie.

Les images de ces conflits sont partout. Certaines sont même devenues virales, comme Aylan, à peine âgé de 3 ans, lorsque son corps s'est échoué sur une plage alors qu'il cherchait refuge. Ou Omran, cet enfant de 5 ans dans une ambulance, encore sous le choc des bombardements de sa maison à Alep, le visage en sang. Ou encore Buthaina, la fille au visage couvert d'hématomes au Yémen. Des photos d'enfants, si petits, aux yeux grands ouverts, qui quittent ce monde à cause de la faim et de la guerre provoquée par l'homme.

En 1989, le monde adoptait à l'unanimité la Convention Internationale des Droits de l'Enfant. Qu'est-il advenu de cet engagement politique ?

Les sept dernières années s'inscriront dans l'histoire comme celles d'une guerre sans précédent contre les enfants. Une spirale infernale où les conflits sont d'une violence toujours plus horrible, plus meurtrière et plus brutale.

Le 20 mars 2018, dans la Ghouta orientale, en Syrie, une femme transporte un enfant au complexe électrique qui abrite aujourd'hui près de 13 000 personnes ayant fui la Ghouta orientale assiégée.
© UNICEF/UN0187713/Sanadiki
Le 20 mars 2018, dans la Ghouta orientale, en Syrie, une femme transporte un enfant au complexe électrique qui abrite aujourd'hui près de 13 000 personnes ayant fui la Ghouta orientale assiégée.

Les guerres en Syrie et au Yémen sont des exemples de l'atteinte au principe fondamental de la protection des enfants, un principe négligé chaque minute de chaque jour. Il existe bien d'autres conflits et situations d'une extrême violence ailleurs dans le monde, et où la cruauté contre les enfants est similaire.

Ceux qui sont directement responsables de ces guerres contre les enfants ; ceux qui soutiennent les conflits et la violence extrême ; ceux qui tolèrent ces excès ou qui restent sans rien faire bafouent les valeurs et les lois qui lient notre humanité. Ils bafouent les principes des droits de l'homme et du droit humanitaire censés protéger les enfants en toutes circonstances. Ces principes sont une obligation absolue que les États se sont pourtant engagés à respecter il y a quelques décennies.

Aujourd'hui, ces lois, ces principes, et avec eux nos valeurs humaines sont plus importantes que jamais. La protection des enfants n'est pas négociable. La guerre contre les enfants, la guerre contre l'humanité, ce ne sont pas des options !

Le 15 mars 2018, une spécialiste de la nutrition de l'UNICEF vérifie l'état de santé des enfants dans une clinique de santé à Douma, en Ghouta orientale, Syrie.
© UNICEF/UN0185389/Khabieh
Le 15 mars 2018, une spécialiste de la nutrition de l'UNICEF vérifie l'état de santé des enfants dans une clinique de santé à Douma, en Ghouta orientale, Syrie.

L'UNICEF et les organismes de protection de l'enfance continueront de porter la voix des enfants et de défendre sans relâche le principe fondamental de leur protection, mais en l'absence d'engagement politique, que pouvons-nous et que devons-nous faire ?

Malheureusement, à eux seuls, nos efforts n'arrêteront jamais la guerre contre les enfants.

Geert Cappelaere est le directeur régional de l'UNICEF pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

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