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Pas de profit sur le dos des droits humains

Pour que les populations pauvres bénéficient de la croissance, il faudrait s'assurer que les stratégies de développement économique s'appuient sur la reconnaissance des droits sociaux, économiques et politiques de ces populations.
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Ce billet a été écrit par Hélène Gobeil, analyste à l'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI).

L'AQOCI et ses organismes membres s'engagent depuis près de quarante ans à la mise en place d'un système économique qui soit au service de l'être humain et capable de vaincre la pauvreté.

Afin de lutter contre la pauvreté dans les pays du Sud, de plus en plus de pays donateurs, y compris le Canada, veulent rendre la croissance économique plus accessible à la majorité de la population mondiale et considèrent le secteur privé comme un acteur privilégié pour remplir cette tâche. Pour que les populations pauvres bénéficient de la croissance, il faudrait s'assurer que les stratégies de développement économique s'appuient sur la reconnaissance des droits sociaux, économiques et politiques de ces populations.

Les pays les plus pauvres ont, dès le début, subi les revers de la mondialisation. Les multinationales, par contre, ont tiré profit de l'absence de normes sociales et environnementales. Les États, devant la concurrence économique, ont trop souvent fait fi du fait que ces dernières doivent respecter les droits humains. Les normes qui protègent la dignité des êtres humains ne devraient plus être subordonnées aux intérêts économiques.

La mondialisation a accru l'importance du rôle des acteurs économiques. À l'échelle internationale, il est temps que les entreprises adoptent des stratégies tout à la fois responsables et durables plutôt que centrées sur la seule recherche du profit à court terme.

Plusieurs démarches ont eu lieu depuis quelques années pour pousser les entreprises à respecter et à promouvoir les droits humains. C'est le fruit, notamment, des efforts des organisations de la société civile qui ont dénoncé, par des campagnes d'éducation, les pratiques des multinationales contraires au respect des droits humains.

En 2005, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a établi un mandat à l'intention d'un représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, John Ruggie, qui visait à inventorier et expliciter les normes en matière de droits de l'homme des sociétés transnationales et des autres entreprises. En 2011, à la fin de son deuxième mandat, John Ruggie a déposé au Conseil des principes directeurs pour la mise en œuvre d'un cadre de référence. Parmi les éléments essentiels de ce cadre, on mentionne, entre autres, que l'État a le devoir de protéger les droits de l'homme, que les entreprises ont la responsabilité de les respecter et que l'accès à des voies de recours doit être garanti.

Des programmes sur la responsabilité sociale des entreprises ont également vu le jour au sein des Nations unies. Deux d'entre eux sont davantage connus, dont Better Work qui consiste en un partenariat entre l'Organisation internationale du travail (OIT) et la Société financière internationale (SFI). Il conjugue l'expertise de l'OIT en matière de normes du travail avec celle de l'IFC dans le domaine du développement du secteur privé. Il y a également le Pacte mondial des Nations unies. Les entreprises qui adhèrent au pacte doivent enligner leurs opérations et leurs stratégies sur des principes universellement acceptés qui touchent les droits de l'homme, les normes du travail, l'environnement et la lutte à la corruption.

Malgré les avancées des dernières années, la responsabilité sociale des entreprises est encore loin d'être une réalité. En l'absence d'obligation de rendre des comptes, l'impunité des entreprises transnationales est problématique. Nous réalisons qu'il y a davantage de lignes directrices et d'instruments volontaires en matière de responsabilité sociale, mais cela ne suffit pas à combler les lacunes légales et politiques qui persistent. Les entreprises privées pourraient jouer un rôle majeur dans la lutte contre la pauvreté dans les pays du Sud en intégrant les préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique et des droits humains dans leurs activités commerciales.

C'est dans cette optique que l'AQOCI organisera à la fin mars un colloque intitulé La responsabilité sociale: le grand défi de la collaboration entre les entreprises privées et les organisations de coopération internationale. Ce colloque nous permettra de réfléchir collectivement sur le type de développement à préconiser par les organismes de coopération internationale membres de l'AQOCI en lien avec le secteur privé ainsi que de mieux comprendre les principes et les politiques de la responsabilité sociale des entreprises.

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Avril 2018

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