Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
Après quatre ans, le conflit en Syrie s'enlise malheureusement dans une crise humanitaire sans précédent.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Ce billet du blogue Un seul monde a été rédigé par Patrick Robitaille, consultant humanitaire et Coordonnateur de l'évènement Unis pour la Syrie.

Il y a maintenant plus de quatre ans que les manifestations se sont transformées en guerre civile en Syrie. Le conflit s'enlise malheureusement dans une crise humanitaire sans précédent pour les victimes. Il se caractérise par une violence brutale qui ne fait pas de distinction entre les civils et les combattants, et qui ne respecte pas le statut protégé du personnel humanitaire et de ses installations. Le personnel soignant est dépassé par les besoins. Les citoyens et citoyennes, ici comme ailleurs, même touchés par la crise, se sentent bien souvent dépassés par la complexité de la situation et des causes du conflit. Il faut cependant se mobiliser sans relâche pour ne pas oublier ces millions d'hommes, de femmes et d'enfants qui méritent de reprendre le contrôle de leurs vies.

Une responsabilité partagée

Il suffit de lire un peu sur l'histoire de la région pour comprendre que le conflit syrien a des causes profondes et multiples. Les guerres de territoires historiques, les enjeux stratégiques actuels du pays et le jeu des pouvoirs coloniaux sont autant d'éléments qui prêtent à une réflexion profonde sur les responsabilités partagées relatives aux causes de ce conflit. Sans pour autant absoudre la responsabilité des acteurs en place, il ne faut pas simplifier à outrance. L'histoire et la justice suivront leur cours, mais ce que l'on doit assumer comme citoyens et citoyennes du monde, c'est l'immense tâche d'aider ces gens dans le besoin. Entre autres, ce sont près de 10 millions de déplacés, dont 4 millions de personnes réfugiées à l'extérieur des frontières syriennes.

Certaines résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2139, permettent d'entrevoir un espoir. Mais celles-ci n'ont pas donné les résultats escomptés selon le bulletin qu'a fait un collectif d'ONG qui conclut que nous avons failli à protéger les Syriens et Syriennes.

Cette guerre en Syrie est un échec humanitaire inacceptable selon Dre Joanne Liu, présidente de Médecins sans frontières (MSF). Elle explique: «Alors qu'il est absolument impératif d'apporter en Syrie une aide humanitaire internationale à grande échelle, cela ne sera pas possible tant que les parties au conflit ne dialogueront pas avec les organisations humanitaires et n'identifieront pas les mesures pratiques permettant de travailler en toute sécurité et efficacement. Toutes les parties au conflit doivent permettre l'accès humanitaire aux civils, comme elles y sont tenues en vertu du droit humanitaire international».

Les pays frontaliers, la plus grande part du fardeau

La Turquie est maintenant le pays ayant accueilli le plus grand nombre de réfugiés, plus de 1,7 million.

Le Liban en accueille officiellement plus d'un million, mais probablement beaucoup plus, et certainement beaucoup trop pour la population locale qui est de 4,9 millions. «L'aide aux réfugiés est principalement donnée par la société civile, particulièrement par des gens qui ont ouvert leur maison» dit Hala Naufal, professeur à l'université du Liban.

La Jordanie a maintenant fermé ses frontières, laissant les réfugiés sans ressources et surtout avec beaucoup d'amertume. Une initiative d'Oxfam leur permet d'expliquer ce que cela veut dire que d'être réfugiés et de témoigner de leur condition.

«En quittant la Syrie, la plupart des Syriens ont perdu non seulement leur fierté, mais aussi leur dignité et leur qualité de vie», témoigne Jean-Baptiste Lacombe, chargé de programme humanitaire d'Oxfam-Québec de retour du Moyen-Orient

L'Europe, la nouvelle frontière

Certains des réfugiés tentent de se rendre en Europe, et plus de 100 000 y sont parvenus. Les plus fortunés ont pu voyager par avion au début de la guerre. Mais c'est maintenant de plus en plus difficile d'y parvenir, les frontières se fermant, rendant les routes extrêmement périlleuses.

De toute évidence, le nombre de personnes qui tentent la traversée de la mer Méditerranée est en forte croissance tout comme les naufrages. Malgré l'aide et le secours d'organisations comme MSF, le nombre de personnes décédées explose. Les causes sont multiples, allant de la pauvreté extrême à l'insécurité qui règne en Afrique et au Moyen-Orient. Le chaos en Libye a laissé libre cours aux passeurs clandestins sans scrupules. Il y a de plus en plus de réfugiés syriens qui sont de la traversée, après avoir voyagé de Turquie vers la Tunisie en avion avant de parcourir à pied ou en autobus le trajet vers la Libye. Les difficultés et dangers d'un tel parcours font foi de la situation désespérée de ces réfugiés.

Témoigner pour mieux comprendre

Par ailleurs, tous, ONG, défenseurs des droits de l'homme, citoyens, devons nous mobiliser pour aider ceux qui sont victimes de cette guerre. Chacune des 12 millions de personnes en besoin d'aide humanitaire a une histoire terrible. La Syrie, pays relativement riche avant ce terrible conflit, avait elle-même accueilli de nombreux réfugiés des guerres de la région. Aujourd'hui, plus de 4 millions de ses citoyens et citoyennes ont pris la fuite à leur tour. Ceux qui ont vu et entendu ces histoires doivent en témoigner. C'est notre responsabilité collective.

Les témoignages des victimes directes de la guerre sont poignants. Miriam, réfugiée en Turquie raconte: «Notre valise était toujours prête, devant la porte, et contenait nos affaires les plus chères et sentimentales, au cas où nous ayons à fuir subitement.»

Agir, tous unis pour la Syrie

Face à ce drame, il faut se mobiliser. Encourager le Canada à tenir ses engagements d'accepter les 10 000 réfugiés syriens en signant la pétition d'Amnistie internationale et en donnant généreusement aux organisations qui viennent en aide.

Pour souligner la Journée mondiale des réfugiés le 20 juin prochain, tout ceux et celles qui veulent en apprendre plus et montrer leur solidarité sont bienvenus pour se joindre à l'évènement Unis pour la Syrie, organisé conjointement par Amnistie internationale Canada francophone, Médecins sans frontières Canada, Oxfam-Québec et la Maison de la Syrie. Pour clore cette journée, la marche des réfugiés finira son périple en plein cœur du centre-ville de Montréal pour se joindre à la fête.

C'est en étant toutes et tous unis, qu'on aidera la Syrie.

Lire d'autres articles du blogue Un seul monde.

Suivre le blogue Un seul monde sur Facebook.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Portraits d'enfants syriens aidés par l'Unicef

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.