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L'engagement du public: un indice de démocratie, un atout pour le développement

La sensibilisation du public à la coopération internationale est la première étape de ce continuum, tandis que la dernière étape, celle dont on souhaite le plus qu'elle se réalise, correspond à l'action éclairée individuelle et/ou collective en faveur de la coopération internationale.
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Ce billet a été écrit par Denis Labelle, président du conseil d’administration de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI).

Depuis plus de 15 ans, les gouvernements canadiens qui se sont succédés ont reconnu que l'engagement du public pour la coopération internationale est une progression le long d'un continuum qui mène les gens de la connaissance élémentaire de la coopération internationale à la compréhension, à l'engagement et à l'action éclairée.

La sensibilisation du public à la coopération internationale est la première étape de ce continuum, tandis que la dernière étape, celle dont on souhaite le plus qu'elle se réalise, correspond à l'action éclairée individuelle et/ou collective en faveur de la coopération internationale. Le cheminement personnel le long de ce continuum exige un engagement à long terme et des ressources soutenues.

Pour le gouvernement canadien, les résultats attendus de l'approche axée sur l'engagement du public, c'est d'avoir plus de Canadiens et de Canadiennes qui démontrent leurs connaissances et leur compréhension des questions mondiales et de la coopération internationale, une population qui appuie de façon soutenue le rôle et les investissements du Canada en matière de coopération internationale et qui s'engage dans une vaste gamme d'actions en faveur du développement international.

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) reprochent à cette conception de mettre l'accent sur l'appui aux programmes d'aide canadiens plutôt que sur la mise en place d'une structure de valeurs et d'orientations générales invitant les citoyens à faire de vrais choix. Alors que l'évolution du monde est à la concentration de la richesse, à l'augmentation des inégalités et à la détérioration de l'environnement, les ONG ont une grande expertise issue notamment de leurs partenariats avec des acteurs des sociétés du Sud. Elles font en sorte que l'opinion publique prenne conscience de l'importance que revêt la solidarité internationale dans un monde où les populations sont de plus en plus interdépendantes. Avec leurs partenaires du Sud, les ONG formulent des propositions publiques afin d'humaniser cette mondialisation et la rendre plus solidaire. Nous n'avons qu'à penser aux grandes campagnes menées par les ONG : l'élimination de la dette des pays les plus pauvres, la lutte contre l'apartheid, la souveraineté alimentaire, la marchandisation du bien commun, l'action mondiale contre la pauvreté, etc. L'engagement du public a permis de renforcer la capacité des populations à agir sur leur développement, au Nord comme au Sud.

L'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) souligne, dans un document de 2007, que «l'engagement du public est indispensable à la lutte contre la pauvreté et, en particulier, à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement». Elle rappelle que l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a indiqué que le Canada alloue trop peu de ressources financières à l'éducation du public à la solidarité internationale, et recommande qu'un pour cent (1 %) de l'enveloppe de l'aide publique au développement soit utilisé à cette fin.

Dans la Déclaration du Québec, Responsables aussi du monde, adoptée en novembre 2006, lors des États généraux de la coopération et de la solidarité internationales organisés par l'AQOCI, on réitère l'importance de l'éducation à la solidarité internationale qui conduit à l'engagement du public :

«[...] Nous tenons à relever le défi prioritaire de l'éducation du public à la solidarité internationale afin d'associer une population de plus en plus large et diversifiée à une véritable solidarité de peuple à peuple. Nous exigeons que cette éducation du public continue d'être une composante essentielle de l'aide publique au développement et qu'elle soit financée en conséquence.»

L'engagement du public joue donc un rôle clé pour informer et pour façonner l'opinion publique, mais aussi pour renforcer la capacité d'agir des gens. Un public averti peut davantage appuyer les politiques et les programmes, par exemple en matière de lutte contre la pauvreté, de l'environnement et de la bonne gouvernance. Il peut aussi s'opposer, dénoncer et condamner ces mêmes politiques si elles contreviennent aux principes de droits, de justice et de développement durable et démocratique. L'engagement du public est un atout indéniable pour le développement puisqu'il permet aux gens de mieux comprendre les enjeux et d'agir de façon plus responsable. Au Québec, les ONG s'appliquent à construire un large pôle social d'appui au développement international et à introduire la dimension de la solidarité internationale au coeur même de l'ordre du jour social et de l'agenda politique.

Depuis longtemps, les ONG savent que l'engagement du public est un élément clé pour le développement, tant au pays qu'à l'étranger. Il suscite la participation des citoyens et des citoyennes de plusieurs façons, et contribue à rehausser leur compréhension des défis et des enjeux du développement, afin qu'ils/elles puissent agir pour un développement humain et durable. Plusieurs ONG offrent aux gens des possibilités pratiques d'agir comme citoyens et citoyennes du monde et ce, à titre de bénévoles, de donateurs, de volontaires, de stagiaires ou même à travers un choix de carrières en développement international.

D'un bout à l'autre du Canada, les mouvements sociaux, notamment ceux qui œuvrent en faveur de la paix, de l'environnement, de l'équité raciale et de l'égalité des sexes, ainsi que ceux et celles qui luttent contre la pauvreté, contribuent d'une façon importante à promouvoir une société active, humanitaire et ouverte sur l'extérieur. La citoyenneté active et l'engagement du public ne garantissent pas le soutien d'une idéologie ou d'une cause sociale donnée, mais prédisposent les gens à penser de façon critique aux enjeux sociaux, à établir des liens et à se considérer comme personnellement responsable d'améliorer les choses. Ces qualités sont essentielles à une société où on accorde la priorité au bien-être de la collectivité au niveau national et mondial.

La société civile, notamment les acteurs économiques et sociaux tels que les organisations syndicales, les organisations communautaires, les ONG et autres acteurs non étatiques des pays partenaires, en particulier, jouent un rôle essentiel en tant que promoteurs de la démocratie, de la justice sociale et des droits humains. Il est essentiel que le gouvernement canadien apporte son soutien au développement des capacités des acteurs de la société civile afin de promouvoir le dialogue politique, social et économique. Il doit attacher une attention particulière à l'éducation au développement et à la sensibilisation des citoyens et citoyennes. L'éducation au développement n'est pas un choix, elle est une nécessité afin de développer une citoyenneté mondiale et d'y inscrire de façon durable les notions de liberté, d'égalité et de solidarité.

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Avril 2018

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