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Avoir 50 ans, est-ce un crime?

Oui! Il est franchement excitant de gagner une année lorsqu'on a 7 ou 17 ans. Pas mal moins rigolo lorsque cette journée nous rappelle qu'on a franchi la barre fatidique des 40 ou, pire encore, des 50 ans!
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Les anniversaires sont normalement source de réjouissances! Gâteau chocolat, flûtes de champagne, petite boite bleue enrubannée, beaux bisous et vœux d'amis qui prennent le temps d'envoyer de douces pensées.

Oui! Il est franchement excitant de gagner une année lorsqu'on a 7 ou 17 ans. Pas mal moins rigolo lorsque cette journée nous rappelle qu'on a franchi la barre fatidique des 40 ou, pire encore, des 50 ans!

Ainsi, alors que je devrais être heureuse de plonger ma face dans la crème Chantilly sans me soucier d'autre chose que de ce plaisir gourmand, je sens un petit ''motton'' au fond de ma gorge.

Pourquoi cette angoisse?

Parce qu'en 2015, il est interdit de vieillir. Il n'y a qu'à feuilleter les magasines ou regarder la télévision pour vite constater qu'il y a peu d'espaces pour les femmes ''accomplies'' (lire... matures!) Passé 35 ans, la plupart doivent être évincées de la place publique.

Horreur aux cernes, aux rides et aux peaux quelque peu ramollies. Dès l'instant où la jeunesse lisse et parfaite s'estompe, ou que les petits sillons se dessinent autour des yeux, les femmes sont reléguées au cercle des vieilles ''ma tante'' et sont priées de céder leur place à leurs cadettes. Elles doivent tirer leur dernière révérence, et cela semble être une fatalité!

Aujourd'hui c'est ma fête, et certainement pas celle de mes 20 ans! Ce matin, je me suis surprise à chercher dans le miroir l'image de la jeune femme que je sens bien vivante au fond de mon cœur, de mon âme. J'ai eu du mal à la trouver, car le reflet de ce visage froissé semblait peu fidèle à la coquine, l'espiègle, la tannante que je connais si bien.

Où est donc passé le contour de mon ovale parfait? D'où viennent ces centaines de petites ridules qui dansent autour de ma bouche?

Plaçant mes mains sur mes joues, j'ai tiré délicatement la peau affaissée afin de retrouver un semblant de jeunesse!

Comme je préfère ce visage, doux, calme, lisse. Mais de toute évidence, il n'est plus. Disparu. Envolé avec le temps. Dorénavant, celui que je vois porte les traces de toutes les peines, épreuves et bonheurs que la vie a mis sur mon chemin. Je tâte mon corps et m'aperçois vite que mes fesses n'ont plus de rebondi, que mes bras, beaucoup trop menus, manquent de force et de tonus et que mon six ''pack'' s'est complètement évaporé.

Une vraie catastrophe!

Ne répondant plus aux critères esthétiques de notre époque, on devrait sans doute me fourrer dans un sac poubelle et me jeter aux ordures! Mais vous savez quoi?

Eh bien, je dis non à tout ce cirque et je refuse de sombrer dans une déprime qui n'arrangera en rien ma cause!

Alors je lève mon majeur à tous ceux qui tournent leur regard afin d'éviter de voir la vie qui s'est inscrite dans ma face et qui par leur indifférence me rendent moi et toutes les femmes un peu fripées de ce monde invisibles. J'emmerde tous ceux qui critiquent les imperfections, les rondeurs ou les maigreurs, les rides ou les peaux molles ou qui dénigrent le corps des femmes qui leur ont donné un enfant.

Je leur dis ''Merde'' avec un M majuscule.

Mais, ils ne perdent rien pour attendre, car leur tour viendra aussi, c'est promis. Car s'il y a une seule justice sur terre c'est celle-ci. Chaque individu, aussi splendide soit-il, perdra aussi, un jour ou l'autre, sa jeunesse.

Et je vous demande... Est-ce un crime? Alors, pourquoi s'acharner à condamner ou à ignorer les autres beautés que celles associées à la jeunesse?

Pour ma part, j'ai la chance de travailler tous les jours avec des femmes magnifiques. Elles sont parfois jeunes, parfois moins jeunes, parfois même plutôt âgées, ou comme j'aime leur dire, sans âge. Je me fous qu'elles soient plissées ou pas, grosses ou minces, brunes, blondes, vertes ou roses! Je me sens privilégiée de les regarder et de partager avec elles un bout de leur chemin. J'admire leurs particularités, leurs sourires, leurs expressions, leurs corps en mouvement. J'écoute leurs propos, je tente de cerner leurs émotions, j'apprécie leur intelligence et je salue leur courage.

Elles m'inspirent!

Être femme dans ce monde archi-superficiel où l'apparence prime sur toute autre qualité, n'est guère facile. Il faut une sacré dose de culot et de détermination pour balayer les critiques, le mépris ou l'indifférence. Mais il faut surtout un peu d'humilité et d'amour de soi pour aller chercher au fond de nous-même, la force de relever la tête et de dire : '' je m'en fous, je suis ce que je suis et j'assume! ''

Non, ce n'est pas facile d'accumuler les années, je peux sincèrement en témoigner. Et tant que nos sociétés continueront à valoriser principalement la jeunesse, eh bien, nous passerons sans doute à côté de grands et merveilleux trésors!

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