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Aimer passionnément ou pas du tout?

Sommes-nous faits pour vivre en couple et avec le même conjoint toute une vie ? Question pertinente devant le nombre grandissant de séparations et de divorces.
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Ce billet a également été publié sur le blogue de Tina Karr, Une mère en talons aiguilles

Sommes-nous faits pour vivre en couple et avec le même conjoint toute une vie? Question pertinente devant le nombre grandissant de séparations et de divorces.

À l'heure actuelle, hommes et femmes se marient autour de la trentaine, mais plus de la moitié auront mis un terme à leur histoire avant la fin de leur quarantaine et plus de 65 % des mariages seront dissous avant la 14e année de vie commune. Conséquemment, seuls 6,7 % des couples mariés fêteront leurs noces d'argent, soit 25 ans de mariage ! ( Statistiques Canada).

Devant ces chiffres, la rengaine des contes de Fées : « Ils vécurent toujours heureux et eurent beaucoup d'enfants», celle-là même qui conditionne notre imaginaire depuis notre petite enfance se présente comme une formidable chimère. Pourtant, peu d'individus choisissent volontairement le célibat. Dès lors, si hommes et femmes aspirent à un bonheur similaire dont le noyau central est la relation amoureuse, pourquoi les ruptures sont-elles si fréquentes ?

Selon Berscheid et Hatfield , psychologues américains, la raison serait que nous associons et confondons, à tort, deux sentiments très puissants: l'amour/ passion et l'amour/affection. Alors que l'amour-passion se définit comme un sentiment ou une émotion de désir intense pour quelqu'un, souvent ancré sur une plastique et accompagnée d'une excitation physiologique, l'amour/ affection serait un sentiment d'intimité et d'affection envers une personne d'importance dans notre vie. .Si l'un est durable, l'autre est assurément éphémère. En effet, la passion, celle qui enivre et qui rend fou finit toujours par se dissiper entrainant une baisse marquée de la tension érotique et de l'excitation sexuelle alors que l'exploration et la connaissance de l'autre semble être achevée.

Trois mois, un ou sept ans après le premier baiser, la «balloune» éclate menant la relation dans une phase de turbulences dont peu de couples sortiront indemnes. C'est la première crise dans l'évolution d'un couple: le moment où nous découvrons réellement la personne qui a suscité en nous autant de sensations, d'émotions et de rêves. Les masquent tombent. Le prince charmant se métamorphose en crapaud galeux et la princesse se transforme en méchante mégère. Les frissons érotiques font place à des crises d'urticaire et les mots mielleux se changent en reproches vinaigrés. Ce jour-là, entourés de bambins morveux, alors que nous épluchons les patates ou réglons les factures de notre château de banlieue, notre regard se pose sur notre partenaire et nous comprenons soudainement la raison pour laquelle aucun auteur n'ait risqué d'écrire la suite du conte de Fées.

« Que s'est-il passé? Avant c'était différent ? » entendons-nous souvent. Avant quoi ? Avant l'hypothèque, les courses folles, les nuits d'inquiétudes, le stress, la routine, les enfants, l'ennui et les désillusions... Voici la tragédie de la passion agonisante d'un Éros volatilisé.

Afin de sauver l'union, les magasines féminins proposent recettes et conseils des plus saugrenus; les «psy, socio, sexo...et ogues» de ce monde prescrivent des thérapies; les librairies regorgent d'ouvrages sur les bienfaits du Kama Sutra ou de l'exploration des fantasmes sexuels : certains hurluberlus encouragent même l'infidélité pour raviver la flamme endormie. Tous ces petits pansements offrent une solution sans doute très efficace, mais malheureusement temporaire, car une libido retrouvée ou une excitation fougueuse renouvelée ne saurait garantir la longévité du couple. En réalité, aucun déshabillé sexy, bain moussant aux chandelles ou même la pratique du BDSM (version 'Fifty Shades of Grey' ou '120 journées de Sodome' ) ne saurait sauver les amoureux naufragés d'une relation désenchantée. Et, si chaque initiative promet de colorer ou pimenter la liaison, le sexe, aussi inventif ou récréatif soit-il, n'arrivera jamais à combler le vide laisser par la passion évanouie.

Un jour ou l'autre, tous les couples feront face au même dilemme : répondre au besoin viscéral de changement dominé par l'attrait d'un plaisir exalté ou perpétuer l'entité du couple ainsi que la cellule familiale. Arrivés à ce carrefour, la plupart choisiront de quitter la relation avec l'espoir de retrouver, grâce à un nouveau partenaire, les sensations enivrantes de la séduction.

Or, c'est à partir de ce moment crucial de la relation que les individus choisissent (ou non) de s'investir et construire la relation basée sur un amour véritable; sans tambour ni trompette; loin des ah! et des oh!, mais dans la connaissance profonde et la reconnaissance sincère de l'autre. Ceux qui s'engagent dans cette deuxième phase, amour /affection, comprennent que l'usure des mécanismes érotiques n'entraine pas nécessairement la mort du couple. Cependant, afin que chacun puisse continuer à grandir et à s'épanouir, il faut être prêt à accepter l'inévitable diminution du désir; accepter que la passion folle et insouciante se transforme en un sentiment moins fougueux, certes, mais tout aussi puissant et certainement plus durable. Car si nous cherchons uniquement et exclusivement les sensations intenses propulsées par le désir, la passion ou la satisfaction sexuelle, nous sommes presque certains de passer à côté du véritable sentiment amoureux et du bonheur de partager une longue et tendre vie... à deux.

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