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Une sortie dans l'espace

Après toutes ces heures d'entraînement et de préparation, le moment est enfin venu de faire une petite virée dans l'espace. On se voit de l'autre côté du sas.
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Demain, Tim Kopra et moi effectuerons notre sortie extravéhiculaire (EVA en anglais, pour extravehicular activity). Nous nous y préparons depuis des semaines en orbite, et depuis des mois sur Terre. En réalité, une EVA nécessite des années d'entraînement. Nous avons passé des heures dans nos combinaisons spatiales, à «flotter» dans la plus grande piscine du monde, dans un décor de station orbitale. Nous avons mis nos casques de réalité virtuelle afin de simuler chaque étape de la mission et parer à toute éventualité - y compris la pire, celle de ne plus être arrimés à la station spatiale - mais je pense que rien ne peut nous préparer entièrement à la sensation d'être à l'extérieur de la station, dans le vide sidéral.

Même si je suis impatient d'effectuer cette mission, je n'ai pas le temps de penser à ce genre de choses. Les six heures et demie pendant lesquelles nous réparerons la coque de la station spatiale ont été méticuleusement passées en revue. Tim et moi devrons accomplir chaque geste méthodiquement.

Ces dernières semaines, nous avons vérifié nos outils et mémorisé l'horaire détaillé de la sortie, qui fait près de 40 pages. Reid Wiseman nous guidera depuis le centre de contrôle de mission (chaque manœuvre dans l'espace dépend en grande partie du soutien extraordinaire que nous apporte l'équipe internationale au sol). Il a effectué deux sorties dans l'espace, et la deuxième était similaire à la nôtre dans la mesure où il a, lui aussi, dû changer un bloc de dérivation séquentiel. Personne n'est mieux placé que lui pour nous guider par radio depuis la Terre.

Crédit: Laboratoire de réalité virtuelle de la NASA.

Entraînement pour une sortie dans l'espace en réalité virtuelle avec Tim Kopra.

Nos combinaisons sont prêtes, et nos outils sont fixés à un mini «poste de travail» sur la combinaison, ou bien rangés dans leur coffre à outils, dans l'ordre où nous nous en servirons. Lors de précédentes sorties, l'écrou du bloc de dérivation ne se desserrait pas toujours facilement, et la NASA pense que c'est parce que le filet était obstrué par des débris. Comme dans le film The Martian, nous avons donc fabriqué un outil avec les moyens du bord - en l'occurrence, une brosse à dents - pour le nettoyer en cas de besoin.

Dès que tu t'arrêtes, tu t'arrimes

J'entends encore mes profs au Centre des astronautes européens, qui me répétaient continuellement: «Dès que tu t'arrêtes, tu t'arrimes.» En clair, dès que l'on cesse de se déplacer d'un point à l'autre, il ne faut pas oublier de s'arrimer à la rampe le plus proche.

Dans l'espace, tout ce qui est immobile se met à dériver, y compris les astronautes. Quand nous arriverons à l'extrémité de la station, nous serons arrimés par un câble en métal assez fin, enroulé autour d'une bobine. C'est notre courroie de sûreté. Il faut cependant être extrêmement prudent, parce que les courroies ne doivent surtout pas s'emmêler.

Crédit: ESA/NASA

Dès que nous aurons quitté le sas, nous veillerons l'un sur l'autre. Comme le casque de nos combinaisons de sortie ne pivote pas, je fais confiance à Tim pour vérifier que je ne me suis pas accroché accidentellement à quelque chose, et il compte sur moi pour en faire de même. Les sorties dans l'espace, comme beaucoup d'autres opérations périlleuses, reposent sur l'entraide. Je compte sur lui pour vérifier que tout va bien pour moi et pour m'aider en cas de besoin, tout comme je le ferai pour lui en cas de problème.

Après toutes ces heures d'entraînement et de préparation, le moment est enfin venu de faire une petite virée dans l'espace. On se voit de l'autre côté du sas. Ne vous inquiétez pas, on a pensé à prendre nos brosses à dents!

Ce billet, publié à l'origine sur le Huffington Post britannique, a été traduit par Bamiyan Shiff pour Fast for Word.

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