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Les Jeux de Rio, ou comment tirer le meilleur du pire

Comment continuer à croire aux valeurs du sport et de l'olympisme?
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Le Comité olympique international (CIO) nous a malheureusement habitué au pire ces dernières décennies. Et les Jeux olympiques (JO) de Rio débutent à peine qu'ils ne peuvent déjà qu'exaspérer tous ceux qui, contre vents et marées, continuent à croire en les valeurs du sport. Valeurs du sport dont la charte du CIO et les JO sont supposés être les emblèmes.

L'une de ces valeurs, essentielle s'il en est, consiste à gagner sans tricher. Or, se doper c'est tricher. Et quand le dopage est organisé par un État, comme ce fut le cas de la Russie et comme cela fut prouvé par l'Agence mondiale antidopage (AMA), nous sommes en droit d'attendre du CIO qu'il prenne ses responsabilités. Mais c'était probablement trop attendre de Thomas Bach, son président, et des autres membres du Comité exécutif du CIO.

Kafka n'était pas un grand sportif, mais nul doute qu'il se serait senti à son aise dans le système mis en place par le Comité olympique pour l'occasion puisque, en résumé:

• l'AMA a découvert un dopage d'État en Russie et a invité le CIO a exclure la Russie des JO ;

• le CIO a décidé de ne pas prendre de sanction collective et a demandé aux 28 fédérations internationales couvrant les sports présents aux JO de Rio de prendre des décisions individuelles, athlète par athlète ;

• les fédérations internationales ont pris des décisions dans l'urgence ;

• les athlètes suspendus par ces fédérations ont porté ces décisions devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) ;

• toutes les décisions en question sont revenues au CIO pour validation, celui-ci se réservant finalement le droit de déjuger les fédérations internationales.

De telle sorte que nous retrouverons (ou pas) à Rio des sportifs ayant été suspendus pour dopage mais étant quand même autorisés à concourir, d'autres qui ont été contrôlés positifs mais qui seront bannis de ce fait, des sportifs suspendus mais repêchés, d'autres repêchés au dernier moment mais qui ne viendront pas faute d'avoir pu se préparer correctement, etc.

Il est peu de dire que le Brésil n'est pas un hôte modèle.

Il n'est donc pas étonnant que le TAS ait déjà traité plus d'affaires à Rio, alors que les JO débutent à peine, qu'il n'en a jamais traité auparavant dans le cadre des Jeux olympiques. Triste record.

Alors comment continuer à croire aux valeurs du sport et de l'olympisme?

Certainement pas grâce aux autorités brésiliennes. Car après le fiasco sportif et économique de la Coupe du monde de football organisée en 2014 sur tout son territoire, ayant généré des coûts exorbitants pour ses contribuables, le Brésil a remis les couverts avec les JO 2016. Entre les travaux non complètement terminés alors que les compétitions ont commencé, des sabotages (Belgique) et autres vols (Australie, Chine, Danemark) dans le village olympique, les expropriations violentes et la chasse à la pauvreté dans les favelas de Rio et un dépassement de budget atteignant pour l'instant 3 milliards de dollars dans un pays en pleine crise politique et financière, il est peu de dire que le Brésil n'est pas un hôte modèle pour les JO.

Mais nul doute que ces Jeux olympiques feront la nique aux valeurs du sport et à ses détracteurs. Car les droits de télévision attendus lors de cette compétition devraient en tout état de cause pulvériser le record établi lors des JO de Londres avec 2,569 milliards de dollars. Du coup, nombreux sont ceux qui pensent que les valeurs de l'olympisme se mesurent dorénavant beaucoup plus en dollars qu'en secondes, en mètres ou en buts. Et comment les en blâmer?

Sauf que les JO, c'est aussi la fête du sport et des sportifs du monde entier. C'est également beaucoup d'athlètes propres, femmes et hommes, qui auront sué sang et eau pendant des mois, si ce n'est des années, pour être compétitifs à Rio. Des femmes et des hommes qui auront fait d'énormes sacrifices pour se confronter à leurs pairs. Et c'est pour eux que nous regarderons quand même ces JO.

D'un œil peut-être terne et critique, mais d'un œil qui ne demandera qu'à s'enflammer devant les performances de sportifs que nous espérerons propres. Car si le pire est sans conteste venu du CIO, le meilleur viendra à coup sûr des sportifs.

Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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