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Vous avez échoué. Bravo!

64 ans, 54 heures de natation, 177 km, Diana Nyad, cette femme dont le nom est à peine connu, est le premier Homme à traverser le golfe du Mexique. Parlons de cette vie entre ses 28 ans (sa première tentative) et ses 64 ans (sa dernière). 36 années d'essais, d'erreurs et de doutes. Croyez-vous que c'est une défaillance ?
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64 ans, 54 heures de natation, 177 km, Diana Nyad, cette femme dont le nom est à peine connu, est le premier Homme (avec un grand H, sans sexisme aucun) à traverser le golfe du Mexique, de Cuba jusqu'en Floride.

Cinq tentatives dont la dernière fut la bonne. À 64 ans, alors que d'autres passent leur journée à trainer leurs espadrilles sur Alton Road tout en sentant le poids de leur cholestérol, elle, la nageuse au long cours a réussi.

Quelle opportunité pour Barak Obama. L'aubaine, le rêve américain.

« Never give up » a-t-elle dit, immédiatement après avoir récupéré.

Je ne lui enlève pas cela, bien au contraire.

De l'endurance, du courage, du..., de ... Bien sûr qu'il en faut. Mais dépassons la victoire, celle de la ligne d'arrivée, de ces 177 kilomètres entre La Havane et cette plage de Key West.

Oublions les qualificatifs pompeux, tous les synonymes de rêve, d'extraordinaire, d'incroyable et les quelques tournures que je pourrais écrire pour vous faire sourire, style, Michael Phelps nage aussi sans cage anti-requins, mais pas 177 km en une fois.

Alors que tous les médias, Paris Match en tête, avides de la belle histoire, relateront l'apothéose de l'effort, personnellement ce qui m'intéresse et pour cause (je suis un humble nageur), c'est la partie immergée, celle que l'on ne voit pas. Ces échecs qui font partie de cette réussite. Ces échecs dont nous n'aimons pas parler, car ils nous renvoient à ce que nous sommes, vulnérables. Tous.

Cette faiblesse humaine, nous l'oublions, est une valeur, alors que nous poussons, encore et encore, l'esprit de compétition. Être fort.

«Ne lâche pas !» Et s'il était bon de lâcher. De toucher le fond parfois pour remonter?

L'échec n'est permis que si celui-ci peut être associé à la réussite. Et s'il ne l'était pas ? Et si l'échec était une réussite sans que nous le sachions ? Car nous échouons tous, toujours, à un moment donné.

La valeur de l'échec

Parlez-moi de vos échecs, ils me diront qui vous êtes. Michael Jordan l'a compris, Nike en a fait une pub.

Jamais lors d'un entretien d'embauche, je n'ai entendu cette phrase si révélatrice de ce que nous sommes

«En quoi avez-vous échoué ?»

Tout cela me rappelle ce reportage que j'avais vu sur la chaîne française France 2 sur une étude parlant de notre vulnérabilité et de notre capacité à échouer.

Deux chercheurs, Jean-Claude Croizet et Frédérique Autin, membres du CeRCA, un laboratoire de psychologie cognitive, ont réalisé une étude sur la valeur de l'échec.

111 enfants de secondaire ont été soumis à des exercices qui étaient trop difficiles pour eux. Les chercheurs ont ensuite discuté avec eux avant de leur faire passer de nouvelles épreuves, celles-ci réalisables. Le plus étonnant est que les enfants à qui l'on avait expliqué qu'il était tout à fait normal d'échouer aux premiers exercices, puisqu'ils n'avaient pas encore appris comment résoudre les problèmes, obtenaient ensuite de meilleurs résultats à d'autres épreuves.

Autrement dit, en banalisant l'échec, les résultats des enfants s'en trouvaient améliorés.

Apprendre de ses erreurs.

Juste pour les enfants ?

Parlons de cette vie entre ses 28 ans (sa première tentative) et ses 64 ans (sa dernière). 36 années d'essais, d'erreurs et de doutes. Croyez-vous que c'est une défaillance ? Une défaite ?

«Cette peur existentielle de savoir le peu que j'avais fait de ma vie, comment ai-je dépensé un temps précieux, je ne pouvais me pardonner pour les heures innombrables que j'avais perdues en pensées négatives» nous expliquait Diana Nyad, lors de sa conférence à TED en janvier 2012.

Après son abandon à la quatrième tentative, parce que paralysée, parce que piquée à plusieurs reprises par des méduses mortellement venimeuses (box jellyfish's). Après avoir mobilisé toute une équipe médicale, après 41 heures d'efforts, après avoir essayé encore et encore, Diana jeta l'éponge. Son rêve brisé.

«Maintenant que faire ? dit-elle. Dites-moi, expliquez-moi comment surmonter les grosses déceptions de la vie. Parce que nous en avons tous. Nous avons tous eu le cœur brisé... Trouver cette sorte de grâce, face à la défaite.»

Elle qui n'a pas encore réussi sa traversée.

L'échec, c'est juste durant l'apprentissage quand on est enfant ?

Cette vision de l'échec, cette imperfection que nous refusons d'intégrer et que nous inculquons inconsciemment et même consciemment à nos petites têtes blondes, brunes ou rousses. Sans même parler de ce qui nous rattrape (tôt ou tard) nous les adultes, nous qui avons une opinion claire de tout sur tout. Burn-out diront certains, dépression diront d'autres. Pouvons-nous être aveugles?

«Je peux et je veux regarder le parcours en lui-même et pas seulement le but, alors parfois aussi, l'acceptation de la défaite est nécessaire. (...) La différence avec cette défaite particulière, et que parfois si le cancer gagne, explique-t-elle encore, si c'est la mort et que l'on n'a pas le choix, alors l'acceptation est nécessaire. Mais cet océan sera toujours là. Et conclut-elle en paraphrasant Mary Oliver. Que faites-vous donc, de cette précieuse et sauvage existence qui est la vôtre ? »

Juste réussir ?

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