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25 mai: les enfants, l'Afrique et la serviette

Il y a 352 journées internationales ou mondiales répertoriées. À quoi servent ces journées, exception faite de mobiliser l'attention de Rio de Janeiro à New York en passant par Montréal?
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Les 25 mai, c'est la journée mondiale des enfants disparus, celle de l'Afrique ou celle de la serviette. Il y a 352 journées internationales ou mondiales répertoriées. À quoi servent ces journées, exception faite de mobiliser l'attention de Rio de Janeiro à New York en passant par Montréal?

La journée internationale des enfants disparus (International Missing Children's Day) est une journée mondiale dont la date a été fixée, le 25 mai.

Cette journée instaurée par la Fondation pour l'Enfance, l'association La Mouette et l'Aide aux parents d'enfants victimes, membres de la fédération européenne Missing Children Europe, visent à lutter contre la pédophilie.

Le modèle de la journée nationale des enfants disparus avait été pensé en 1983 par le président Ronald Reagan suite à la disparition d'Etan Patz en 1979.

Étrangement lié à l'actualité, ce fait-divers à la une de la presse américaine réapparaît ces derniers jours. Sous toute réserve, 33 ans plus tard, on aurait mis la main sur le tueur.

Le petit avait disparu à New York, en 1979, à l'âge de 6 ans. Il se rendait pour la première fois, seul, à l'arrêt du bus scolaire situé à deux blocs de chez lui, sur Prince Street, dans le célèbre quartier de Soho. Il n'est jamais réapparu.

Le 25 mai pour les parents, c'est chaque jour.

Toujours à New York, il y a à peine 48 heures, James T. Hayes Jr., un agent spécial du Homeland Security Investigations, annonçait à la presse le plus important coup de filet dans le milieu pédophile américain.

71 personnes (dont un rabbin, deux policiers, deux infirmiers et un chef scout) ont été arrêtées et accusées d'avoir acheté ou distribué de la pornographie infantile sur Internet. Caireen, nom de code de l'action policière, est la plus importante n'ayant jamais visé à New York des personnes possédant, produisant ou distribuant des images sexuellement explicites d'enfants, nous précisait le HSI, la branche chargée des enquêtes au sein du Département de la sécurité intérieure (DHS).

Les enquêteurs ont saisi lors des 87 perquisitions, 600 ordinateurs, tablettes, téléphones intelligents et clés USB contenant des dizaines de milliers d'images explicites et vidéos pornographiques d'enfants. Certaines des personnes arrêtées en possédaient plusieurs milliers.

S'infiltrant dans les réseaux d'échange de fichiers, les enquêteurs sont remontés jusqu'à quelque 150 adresses IP impliquées dans l'achat ou l'échange de pornographie infantile.

La toile n'est virtuellement pas sans danger. Écoeurement. Envie de vomir.

Même sentiment quand je pense aux parents nigérians angoissés et à leur fille parmi les 200 lycéennes enlevées dans leur établissement scolaire, à Chibok, par le groupe islamiste Boko Haram. Ce dernier prévoit de les vendre et de les marier de force. Et certaines sources estiment que les plus jeunes des captives n'auraient que 12 ans.

Le 26, on oublie? Où sont-elles? Disparues, de la presse aussi, déjà. Autre journée?

Celle-ci, souvenez-vous-en, contre de la torture, est en juin (le 26). Puisse-t-elle donner envie aux Canadiens de lancer une pétition. Et changer la vision du gouvernement.

Notre cher pays de la Charte canadienne des droits et libertés -- qui pourtant stipule dans son article 12 que : « Chacun a droit à la protection contre tous traitements ou peines cruels et inusités » -- reconnait toujours la validité juridique des informations acquises sous la torture. La position canadienne enfreint la Convention sur la torture, selon Amnistie internationale. Je pense aussi.

Les États-Unis, eux, ont besoin de plus d'une journée pour régulariser le sort des prisonniers de Guantanamo en dehors de tout droit international. Or il ne fait pas de doute que la convention de Genève du 27 juillet 1929, révisée en 1949, relative au traitement des prisonniers de guerre s'applique aux détenus de Guantanamo. Acceptée par les États-Unis, elle est valide « en cas de guerre déclarée ou de tout autres conflits armés surgissant entre deux ou plusieurs des Hautes Parties contractantes, même si l'état de guerre n'est pas reconnu par l'une d'elles », écrivait encore le Monde diplomatique.

Je gage que les membres de Skinny Puppy, un groupe rock industriel de Vancouver, ne verront pas cette journée comme vous. Ils ont récemment appris que leur œuvre servait à faire souffrir les prisonniers de Guantanamo.

Faire entendre la même musique pendant des heures en privant les détenus de sommeil est une torture, selon Dylan Mazur, de l'Association pour les survivants de la torture. « Les prisonniers se souviendront toute leur vie de ces musiques et des conditions de détention », explique-t-il sur les ondes d'Ici Radio-Canada

Puis, il y a celles qui ne font pas de mal à personne, celle du 22 février - journée mondiale de la pensée -, du 11 juin celle de la maille à l'endroit et à l'envers (vous avez compris celle du tricot), du 8 août -celle du chat- ou celle du lait concentré sucré en berlingot, le 11 septembre. Je vous vois sourire, mais je ne sais qu'en penser.

Ma préférée, celle de la Paix et du cessez-le-feu, celle de Peace One Day. La Journée de Jeremy Gilley. Connaissez-vous seulement Jeremy Gilley?

Cette journée, qu'il voulait le 11 septembre, a été annulée... le 11 septembre 2001. Elle est devenue un 21 septembre, journée internationale de la paix et du cessez-le-feu. Cette journée devrait être journée internationale du 1er janvier au 31 décembre excepté les 29 février des années bissextiles.

Je l'apprécie à sa juste valeur pour avoir vu le documentaire Peace One day, (vous pouvez le voir gratuitement sur you tube).

Cette journée de cessez-le-feu a permis la vaccination de millions d'enfants en Afghanistan. La distribution de milliers de moustiquaires au Congo, le retour dans leur foyer des enfants-soldats du Congo. Au Darfour, elle a permis d'y parachuter des vivres.

Pour y arriver, Jeremy Gilley a convaincu l'acteur au joli minois, Jude Law de l'accompagner à Kaboul en plein conflit. Il a arraché un cessez-le-feu total d'une journée entre les talibans et les forces de la coalition. Il a rencontré les chefs talibans, les écoles, les ONG, la Ligue arabe... Il a persuadé Kofi Annan, le Dalaï-Lama, les Nations Unies... 10 ans de combat, juste pour défendre une idée.

Offrir une journée de paix au monde.

Il a convaincu deux gouvernements, ceux du Costa Rica et du Royaume-Uni de déposer une résolution adoptée à l'unanimité par tous les états membres des Nations Unies. Peace One Day s'est retrouvé sur 1 000 000 de canettes de Coca-Cola et Puma a organisé des tournois de soccer dans 180 pays. « One Day, One Goal. » Si les marques font le travail des journalistes...

Tout résumer en une journée, comme si l'égalité homme femme se résumait au 8 mars. Nous ne sommes pas le 8 mars, nous sommes le 25, c'est la journée des enfants disparus.

Et de la serviette. Vais-je vous en parler ? Sans blague? Vous le voulez?

La Journée de la serviette (Towel Day), est une célébration annuelle rendant hommage à l'écrivain britannique Douglas Adam. Il vous faut donc emporter une serviette de bain pendant la journée, référence à l'œuvre The Hitchhiker's Guide to the Galaxy.

Tout le monde n'a pas l'étoffe d'un Jeremy Gilley. Et vous, votre journée ?

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