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Ode à la boîte de nuit

SOIRÉE - Des plans pour ce week-end? Qu'à cela ne tienne! Si vous n'avez pas prévu une sortie en boite, voilà un peu de ce que vous manquerez.
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SOIRÉE - Des plans pour ce week-end? Qu'à cela ne tienne! Si vous n'avez pas prévu une sortie en boite, voilà un peu de ce que vous manquerez.

La boite est un monde à part. Personnellement, si j'étais un extraterrestre et que je débarquais pour la première fois sur terre dans une boite de nuit, il est très probable que je vitrifierais le lieu et tout ce qui s'y trouve, tant le ridicule de l'espèce humaine me sauterait aux yeux, m'obligeant à condamner une race pathétique pour le bien du reste de la galaxie.

Cher ami lecteur, aujourd'hui, c'est l'univers nocturne, et particulièrement la boite de nuit, que je vitrifie sous ma plume virtuelle.

Je ne te cacherai pas que c'est à travers une certaine expérience de ces lieux que j'ai pu me forger un avis, aussi je ne peux m'empêcher de juger tout cela en sachant que je me condamne un peu moi-même. Il se trouve que, par chance, mon ridicule ne m'a pas encore tuée, donc je l'assume parfaitement. Je trouverai mon salut dans le fait qu'en ces quelques épisodes de Saturday night fever, j'ai toujours parfaitement su dans quoi je mettais les pieds.

C'est samedi, tout est permis!

Grands espoirs en ce samedi soir, perspectives de rencontre, soirée de folie, ce soir tout est permis.

De longues minutes, parfois des heures de préparation pour savoir comment s'habiller, se maquiller, s'épiler, puis c'est l'heure. Un dernier regard sur le monde réel avant de livrer son corps à la piste.

Cette musique hurlante, ces lumières tournoyantes, ces corps en sueur qui s'agitent (plus ou moins) en rythme, cette odeur comme un subtil mélange d'alcool et de parfum bon marché (de vomi si vous êtes chanceux), ces t-shirt en strass, et ces chemises mal ajustées, ces chaussures cirées, et enfin cet alcool qui permet de supporter tout ce que je viens de décrire jusqu'ici, voilà ce qu'est le plus souvent une boite de nuit.

C'est aussi le terrain de chasse par excellence, c'est le repère de tout bon célibataire qui se respecte.

Parce qu'à moins de travailler pour l'établissement, la mafia, ou d'être dealer, on va surtout en boite pour choper. Et si vous êtes en veine, vous ramènerez probablement chez vous la fine fleur de la déjection sociale.

Car bien souvent hélas, la rencontre en boite, c'est aller chercher le fond, la raclure de la marmite sociale (généralement ce qui a cuit bien trop longtemps) avec une brosse à chiotte et s'en nourrir à même les poils.

Le contact

Le contact est facile en boite.

Pour commencer, la danse est un superbe outil qui libère les corps et désinhibe les mouvements tolérés dans un rapport social standard. La danse pousse au rapprochement tactile et peut parfois dériver en une pseudo-simulation coïtale peu gracieuse tandis que les danseurs, eux, penseront toucher les cimes de la sensualité.

Mais le contact peut être plus sournois.

En effet, toute forme de communication devra s'établir en criant très fort directement dans l'oreille de votre interlocuteur. Les chasseurs en profiteront pour établir un contact physique en enlaçant leur proie.

Mmh, bel étranger au QI de scolopendre, tu me sers contre toi, m'enlaçant suavement par les épaules. Puis tu me hurles de doux mots mal articulés à l'oreille et m'invite à danser? Hélas la proximité de cet échange n'a pas joué en ta faveur non plus, puisque tes postillons, le subtil parfum acre que dégage ta chemise de lover et ton haleine à réveiller les morts, ont fini de me dissuader.

Ah bel homme creux, te voilà dans ton univers où seule la musique comble ce monde plein de vides.

Le roi de la piste

Exemple remarquable du chaînon manquant entre nos ancêtres velus et l'Homme moderne, le roi de la piste se déhanche comme un Luchini sous amphétamines.

On le reconnaîtra également grâce à ses accessoires top-fashion, il pourra s'agir d'un chapeau cubain, d'une grosse montre à strass, d'une énorme chaîne en or que laisse apparaître son col ouvert sur ton torse velu, ou que sais-je.

Il se pavanera et cherchera à se faire remarquer d'une femelle, si possible elle aussi en désespoir, qu'il viendra coller de près, et lui fera alors une magnifique démonstration de danse pré-coïtale, en espérant plus si affinités.

La danseuse solitaire

Elle est généralement taillée pour le sexe: ses formes, les carrés de tissus qui lui servent de vêtements, ses mouvements sensuels, ses danses lascives pourraient aussi bien laisser croire qu'elle sort directement d'un mauvais film érotique des années 80, que d'un clip de MTV.

Mais ces danseuses solitaires ont eu le don d'apporter à mon monde nocturne une certaine stabilité en faisant systématiquement naître en moi la même question: "font-elles ça pour de l'argent?". Je n'ai que très rarement la réponse puisque je me désintéresse rapidement d'elles pour observer le monde autour.

Triste monde de la nuit

J'observe ces hommes dont la femme est la seule vraie faiblesse. Ces femmes qui veulent simplement se faire aimer d'un homme.

Dans un univers simplifié où tout le monde est prédateur, tout le monde est proie. Chacun dissimule son jeu derrière du mascara, une chemise qui ne sert que cette occasion et n'a jamais vu la lumière du jour, ou que sais-je. Chacun se cache dans la pénombre des spots vagues et tremblants.

Chacun se montre, cherche à être vu, cherche à séduire une proie consentante, qui elle-même chasse tout autant.

Les formes d'un monde réel sale sont bousculées par les lumières, les strass, les stroboscopes, la musique assourdissante, le tout contribuant à une perte de repères, une déconnexion. La boite est un monde à part, un défouloir fiévreux, un lieu hors du temps et de l'espace connu en semaine. Il y a peu d'endroits qui offrent autant de libertés, qui permettent de s'agiter librement, d'être seul face à soi-même et ses pulsions séductrices, de se laisser parfois guidées par elles.

S'il y a un seul mérite à la boite, je crois que c'est celui-là. La boite est un monde imaginaire éphémère magnifiant les être vides, exaltant les plaisirs avides.

Mais finalement, encore une fois, point de grands espoirs en ce samedi soir. Point de prince ou de princesse en ces murs, point de carrosse de cristal. Chacun se retrouve crapaud ou souillon à la lumière du petit matin dominical.

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