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Aie, les médias? - Sylvia Ribeyro
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Combien de victimes d'actes criminels se font museler en permanence au Québec par des policiers qui n'ont jamais pris le temps de lire leur badge? Peut-être ne le saurons-nous jamais, car trop souvent, les médias acceptent de diffuser l'histoire d'horreur de ces victimes seulement lorsque le sang a coulé...

Chaque semaine, je travaille des dizaines d'heures à la protection des droits des victimes d'agressions, survivantes ou assassinées. Les victimes et leur famille me partagent leur lourd fardeau, et tous ensemble, nous cherchons d'arrache-pied des solutions pour que notre société évolue dans le gros bon sens. Malheureusement, j'en arrive à la même conclusion dans bien des cas : pourquoi les médias ne sont presque jamais intéressés par la détresse de toutes ces victimes et leur famille?

Par exemple, avez-vous déjà entendu parler de Stéphane Luce? Je ne crois pas. Pourtant, sa mère, Thérèse Henrie, a été assassinée brutalement il y a plusieurs dizaines d'années dans des circonstances extrêmement nébuleuses. De manière héroïque, son fils dénonce haut et fort la première enquête bâclée et se bat de manière exemplaire pour qu'une seconde enquête voie enfin le jour. Dans un cri du cœur, il a répertorié toutes ses preuves sur un lien digne de Sherlock Holmes. Ce qui nous frappe dès la première seconde, ce sont ces mots : « Si les bons journalistes ne s'en soucient pas, qui s'en souciera? »

Je ne sais pas pour vous, mais moi, ça me donne envie de le crier sur tous les toits.

Petite confidence : mon premier amour, ce fut Tintin... Je n'avais que 6 ans, et j'étais totalement fasciné par ce petit reporter, un jeune journaliste intrépide qu'aucun méchant ne parvenait à vaincre. Et puis tous les journaux et les télévisions, qui faisaient partie intégrante des intrigues de l'histoire, bien sûr, en parlaient avec fierté aussitôt que s'annonçait le dénouement! Les médias s'empressaient toujours de publier les épouvantables injustices que mon amour de Tintin était parvenu à dévoiler au grand jour...

C'est peut-être pour cette raison qu'encore aujourd'hui, j'ai un profond respect envers les médias et que je crois fermement qu'ils sont indispensables. L'évolution de l'humanité ne s'est pas faite en cliquant des doigts, et il est indéniable que le langage et la communication ont été les moments tournants de nos civilisations dites civilisées. Comment vivre en société en évitant le chaos? Certes pas en s'isolant les uns par rapport aux autres. Et pour établir les lois nécessaires à gérer cet équilibre très fragile, mieux vaut se déplacer à cheval que de courir des milliers de kilomètres à pieds... D'où la nécessité des voitures, des avions, du téléphone, de la télévision... et de l'internet bien sûr!

Aujourd'hui, la vitesse de l'éclair est enfin disponible. En un rien de temps, une information peut se partager à des centaines de millions d'individus! Mais à l'origine de cette nouvelle, que retrouve-t-on? Une seule personne, qui possède la volonté d'agir...

Alors quand des policiers se permettent d'entraver impunément la justice et de bâcler des enquêtes, il me semble qu'il serait essentiel et vital que cette personne soit facilement accessible, mais ce n'est pourtant pas le cas. Pourquoi? Je ne veux nommer personne, puisque le problème est généralisé, à mon humble avis. Mais vous seriez surpris de voir la liste de vos émissions de télévision, de radio, et de journaux préférés, qui disent fermement « non » à toutes ces victimes qui n'en peuvent plus de craindre pour leur vie et de devoir se taire...

Oui, dénoncer un policier, ou toute personne qui possède le pouvoir de rendre votre vie misérable, ça fait toujours très peur, c'est bien compréhensible. Mais personnellement, puisque dès ma naissance, j'ai eu le malheur de rencontrer plusieurs fous furieux et que, de toute manière, je vis constamment dans la peur, je vais oser le répéter haut et fort : nous avons un sérieux problème de corruption policière au Québec.

De la part de toutes les victimes et leur famille, je supplie à genoux et de tout mon cœur tous les médias qui possèdent le pouvoir de dénoncer les injustices et la corruption policière, de bien avoir la bonté et le désir de nous entendre enfin. Pensez à toute la visibilité qu'on accorde présentement aux criminels? Ne méritons-nous pas la même compréhension? Beaucoup de victimes sont déjà mortes et enterrées, donc elles n'ont plus de voix... Mais les victimes qui ont eu la chance de survivre à leur agresseur, par pitié, donnez-leur la chance de vous livrer leur témoignage pendant qu'elles sont encore en vie... notre survie dépend de vous!

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