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À défaut de se cracher dans les mains et de recommencer, les indépendantistes peuvent commencer par se relever les manches et recommencer à se parler.
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La montée de Québec solidaire représente un avenir prometteur chez une certaine jeunesse capable de se galvaniser pour une cause sensible à leurs aspirations.
Marc Bruxelle via Getty Images
La montée de Québec solidaire représente un avenir prometteur chez une certaine jeunesse capable de se galvaniser pour une cause sensible à leurs aspirations.

Le soir du 1er octobre dernier, les indépendantistes ont-ils pris acte des résultats du scrutin?

Le message est pourtant clair.

Le projet d'indépendance pour le Québec passe nécessairement par la gauche. La montée de Québec solidaire représente un avenir prometteur chez une certaine jeunesse capable de se galvaniser pour une cause sensible à leurs aspirations.

Par contre, les forces progressistes doivent surtout faire face à la réalité électorale d'un moment qui perdure: la population tend davantage à la droite du centre, et ce, depuis la défaite du gouvernement Landry de 2003.

Trois défis se présentent aux indépendantistes

Tout d'abord, l'union du Parti québécois et de Québec solidaire semble résolument le seul point de départ à la cause indépendantiste: l'heure est à la conciliation ainsi qu'à la fin des exils partisans.

Ainsi, Jean-Martin Aussant et Paul St-Pierre Plamondon, deux candidats défaits qui méritent pourtant de servir le peuple québécois, doivent agir à titre de médiateurs entre les sympathisants d'Option nationale et les souverainistes au sein des rangs de QS et les instances plus traditionnelles du PQ.

À l'inverse, il faut souhaiter que Québec solidaire puisse se montrer indulgent envers sa nébuleuse interne de manière à structurer une organisation plus stable et capable de se frotter aux grandes formations libérales autant à Québec qu'à Ottawa.

Car c'est le deuxième défi majeur des indépendantistes: le PLQ se positionnera désormais comme l'alternative progressiste.

Le PLQ carbure face à un ennemi plus grand que nature, capable de mieux faire paraître la stabilité fédéraliste; les indépendantistes connaissent très bien cette stratégie.

Après une quinzaine d'années passées vers le centre droit, il ne faut point douter que le PLQ verra l'opportunité de se repositionner vers le centre gauche au cours des quatre prochaines années: une sorte d'alliance pancanadienne avec son allié fédéral contre la remontée du conservatisme.

Alors, même si le projet indépendantiste passe par la gauche et les valeurs progressistes, elles ne suffiront pas à rassembler les forces nécessaires chez la population du Québec, surtout si le PLQ se présente comme une alternative de gouvernance sociale-démocrate à l'image de la nouvelle marque travaillée en coulisse par des bonzes comme Alexandre Taillefer.

Comme l'exprimait Pierre Falardeau, dans le cadre d'une entrevue aux Francs-Tireurs, il faut en venir à l'évidence que «mettre des conditions à l'indépendance ce n'est pas être progressiste; la liberté c'est une valeur en soi». La démarche indépendantiste passe donc également, et surtout, par la droite: c'est le troisième et principal défi des indépendantistes.

Le présent constat électoral, malgré l'indice du «changement» souhaité par les électeurs, illustre bien que plus du trois quarts des représentants élus par la population portent désormais vers la droite. Et l'on retrouve des indépendantistes parmi ce décompte, surtout et principalement chez la CAQ.

Cela ne veut pas dire que les forces indépendantistes progressistes doivent mettre leur projet de pays en veilleuse, bien au contraire.

Cela ne veut pas dire que les forces indépendantistes progressistes doivent mettre leur projet de pays en veilleuse, bien au contraire, mais il doit y avoir un changement de rhétorique qui permet davantage d'écoute et de flexibilité afin de rassembler les conditions gagnantes à l'indépendance.

Le Parti québécois compte plusieurs élus parmi des régions où le salaire minimum n'est pas une préoccupation aussi importante que, par exemple, le manque de main-d'œuvre. Des élus comme Pascal Bérubé, Sylvain Gaudreault et Véronique Hivon doivent faire partie d'une coalition capable de passer le message de l'indépendance hors des grands centres urbains à une clientèle pas nécessairement aussi à gauche qu'à Montréal ou dans les circonscriptions universitaires.

Le retour d'Alexandre Cloutier, maintenant vice-recteur aux partenariats et secrétaire général de l'UQAC, et une main tendue aux ressources d'un Pierre Karl Péladeau, ne doivent pas représenter un fardeau, mais bien des bénéfices uniques à la cause indépendantiste. À l'inverse, certains porte-voix médiatiques devront cesser de déchirer leurs chemises sous prétexte que la jeunesse a toujours tort et que la guerre culturelle ne fait que nuire aux aspirations et à la tradition de l'homme blanc.

Le portrait est donc simple: l'indépendance du Québec passe par la gauche pourvu qu'elle soit en mesure de concilier avec la droite.

Il n'y a aucun avantage à ce que les indépendantistes de la première heure comme les Harel et Duceppe continuent de jeter de la boue à la relève, qui pour sa part n'a pas intérêt à y voir un establishment désuet et sans pertinence historique.

J'appelle donc Québec solidaire à tenir le haut du pavé en organisant un sommet sur l'indépendance du Québec, où l'union des forces de gauche, et de droite, amorceront le début d'une conversation sur l'avenir de la souveraineté.

Sinon, je m'explique mal comment les forces progressistes indépendantistes peuvent entrevoir une possibilité de gouverner à court/moyen terme face à une tendance, pas seulement québécoise, mais planétaire, vers la droite; pire encore avec un Parti libéral du Québec, qui ne peut que faire des gains face à la CAQ et sa droite corporatiste, qui se portera à la défense du modèle québécois qu'il participe pourtant à défaire depuis près de 15 ans.

À défaut de se cracher dans les mains et de recommencer, les indépendantistes peuvent commencer par se relever les manches, cesser de se cracher à la figure et recommencer à se parler.

La patrie, avant le(s) parti(s).

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