Les frasques du maire de Saguenay font la manchette de manière courante depuis déjà plusieurs années, au point où elles semblent désormais faire office de faits divers.
Or, sa toute dernière déclaration à l'effet que « des gens travaillent comme des nègres » et qu'un « Noir, ça travaille fort », car « ils n'ont pas de gros salaires, mais ils travaillent forts » a de quoi surprendre non seulement par sa complaisance assumée, mais surtout l'absence d'acharnement médiatique à son égard.
Pendant ce temps, la fraternité Sigma Alpha Elipson de l'Université de l'Oklahoma défraie la manchette depuis bientôt une semaine à cause des chants haineux et racistes de ses membres. Des expulsions et des explications publiques furent demandées par les réseaux d'information et livrées, entre autres, par le président de l'Université.
Idem pour le domaine culturel où la carrière de Giuliana Rancic souffre encore de sa boutade où elle attribua aux tresses de l'artiste afro-américaines Zendaya une odeur de « patchouli et même de marijuana. » Malgré ses excuses publiques sur les ondes de sa propre émission Fashion Police, la tourmente la pourchasse.
Et que dire de la reine de la cuisine du sud des États-Unis, Paula Deen, terrassée par la critique médiatique à la suite des accusations de propos discriminatoires reliés à l'utilisation du « N-Word ». Sa célébrité n'aura pas pu la sauver des foudres des médias.
On voit mal comment un politicien américain aurait pu se défiler d'un commentaire similaire, des manchettes constantes jusqu'aux excuses publiques en passant par les explications détaillées, souvent embarrassantes. Par exemple, le candidat à l'investiture républicaine et ancien gouverneur du Texas Rick Perry a dû se justifier de posséder un ranch anciennement nommé « Niggerhead », tel que l'exposait une roche peinte pour dissimuler le passé historique du lieu.
Par contre, Jean Tremblay semble en mesure de s'en tirer indemne. Demander front commun contre les environnementalistes et les intellectuels démontrait une dangereuse tendance populiste qu'on ne croyait plus possible d'entendre (encore moins reprise et acceptée par certains médias québécois); mais l'absence d'un front commun médiatique - quitte à tirer à boulets rouges - à la suite d'une telle facilité raciste devrait inquiéter le plus conservateur des critiques.
Et pourquoi donc? Car il n'est pas ici question d'une boutade simpliste, mais surtout d'un choix éditorial qui donne plus d'importance à d'autres nouvelles, on le suppose, davantage d'actualité. Et pour qui, donc?
Ainsi, l'absence de pression médiatique de la part de l'industrie de l'information en dit possiblement plus long sur le poids que la population québécoise accorde au racisme, de manière variable.
Jean Tremblay a peut-être raté une belle occasion de se la fermer, mais les médias ont raté une belle occasion d'en parler.
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