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Donald Trump, l'échevelé à un poil de la présidence

Les membres de la communauté des médias du divertissement semblent jouir d'une liberté subjective (que tous les journalistes ne peuvent se vanter de pouvoir utiliser, à l'exception de certains intouchables comme Bernstein) qui permet une critique virulente de la candidature de Donald Trump...
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Jeudi dernier, le 15 septembre, l'animateur Jimmy Fallon recevait en entrevue le candidat républicain à la présidence des États-Unis Donald Trump. Cette routine médiatique n'a rien d'inhabituelle, les candidats font désormais partie de la culture populaire et doivent faire la tournée des émissions populaires du matin, de l'après-midi et de fin de soirée afin de présenter un côté plus humain de leur personnalité.

Historiquement, les émissions de fin de soirée se veulent un rendez-vous télévisé qui entremêle des critiques humoristiques plus ou moins acerbes de l'actualité, ainsi que des entrevues légères avec des célébrités du moment qui font la promotion d'un sujet également tout aussi léger.

Or, ce qui est inhabituel, c'est la candidature de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Certains journalistes de carrière, tel Carl Bernstein, n'hésitent pas à étiqueter la candidature de Trump comme étant néofasciste : une première dans l'Histoire des États-Unis.

Par ailleurs, c'est cette même candidature qui semble avoir changé le visage des émissions de fin de soirée. Comme le souligne Richard Zoglin, dans un article pour Time Magazine, les sujets superficiels ont désormais fait place à de plus en plus de prises de positions politiques qui vont à l'encontre de la candidature de Donald Trump. Selon Samantha Bee, animatrice de l'émission Full Frontal sur les ondes de TBS, la critique de la candidature de Donald Trump est « même d'une nécessité pressante ».

Même le magazine GQ emboîtait le pas, mardi le 13 septembre dernier, en offrant une plateforme à Keith Olbermann qui a profité de sa première publication vidéo pour énoncer exclusivement 176 mensonges, offenses, accusations et attaques lancés par Donald Trump.

Ainsi, les membres de la communauté des médias du divertissement semblent jouir d'une liberté subjective (que tous les journalistes ne peuvent se vanter de pouvoir utiliser, à l'exception de certains intouchables comme Bernstein) qui permet une critique virulente de la candidature de Donald Trump, au-delà de la critique objective et équilibrée de la candidature de son adversaire Hillary Clinton. Une situation difficile pour les journalistes, comme l'illustre Michael A. Cohen dans un texte pour le Boston Globle, alors que « le grand public trouve désormais ses informations politiques à travers un filtre médiatique, que de traiter les deux candidatures comme étant équivalentes s'apparente à une subjectivité dangereuse sous le couvert de l'objectivité.»

Il y existerait donc une « objectivité subjective », qui afflige les journalistes forcés dans un carcan éthique, et « une subjectivité objective » dont jouissent les membres de la communauté médiatique du divertissement qui peuvent critiquer sans retenue éthique les amalgames tendancieux de la candidature de Donald Trump.

Cependant, cette liberté subjective, Jimmy Fallon ne semble pas vouloir s'en prévaloir. Contrairement à certains de ses collègues de fin de soirée, Fallon prône encore et toujours la bonne vieille recette imposée par la formule du Tonight Show. Certes, qu'il soit question de Johnny Carson, Jay Leno ou même brièvement Conan O'Brien, Fallon s'inscrit dans la tradition de ses prédécesseurs perçus comme étant cléments envers leurs invités. Au contraire, par exemple, un David Letterman et son Late Night sur les ondes de CBS pouvait se montrer plus incisif envers ses invités selon les circonstances.

Mais pas Jimmy Fallon.

Il préfère écheveler Donald Trump.

Non seulement le jeudi 15 septembre, Jimmy Fallon a-t-il décidé de rire en compagnie de Donald Trump, mais il s'est levé d'un bond, l'a salué, tout en invitant la foule à l'applaudir chaleureusement.

Pendant que plusieurs de ses collègues utilisent la vitrine de leur plateforme médiatique pour laisser de côté le divertissement facile afin de décrier la campagne raciste, sexiste et xénophobe de Donald Trump; Jimmy Fallon a décidé de rire en compagnie de Donald Trump.

À un cheveu de la présidence, ce qui décoiffe, c'est la facilité avec laquelle un animateur de divertissement a pris la décision de célébrer une candidature controversée et inédite dans l'Histoire de l'Amérique alors qu'il avait la liberté subjective de la critiquer à l'extérieur de la rigueur objective des journalistes qui couvrent cette campagne.

Si selon Michael A. Cohen les journalistes ne doivent pas tomber dans le panneau de la fausse objectivité subjective, comment faut-il interpréter le souci de subjectivité objective de Jimmy Fallon?

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