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Le partage imprévu de mon illustration sur le web et les entrevues qui s'en sont suivies ont fait en sorte que je me suis fait un portrait révélateur, bien que très incomplet des médias (ou de certains médias) et de leurs façons de faire.
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Le partage imprévu de mon illustration sur le web et les entrevues qui s'en sont suivies ont fait en sorte que je me suis fait un portrait révélateur, bien que très incomplet des médias (ou de certains médias) et de leurs façons de faire.

Si les médias peuvent être un accélérateur de viralité, ils peuvent aussi être un frein à leur propre succès. Sachez-le: j'ai un énorme respect pour le travail de journaliste et mon but ici n'est pas de critiquer, mais d'analyser un phénomène dans le but d'aider à améliorer les pratiques sur le web.

Voici ce que j'ai retenu en 10 points:

1- Les médias qui demandent la permission pour utiliser tes images sur leurs plateformes sont aussi généralement ceux que je respecte le plus (The Guardian, CTV, Radio-Canada)

Le respect amène le respect. À l'inverse, certains enregistrent tes images pour illustrer leur article sans te créditer ou te demander la permission.

2- Plusieurs journalistes, même jeunes, sont des mésadaptés du web

Certains ne savent pas faire correctement une simple recherche Google pour trouver l'information ou la valider. Ils utilisent aussi très mal les réseaux sociaux. Certains s'étonnaient de mes 3 500 followers sur Twitter (que je considère un nombre relativement modeste) alors qu'ils en ont moins de 300, voire moins de 50 followers. Quand tu suis juste des gens des médias et que tu ne fais que diffuser des informations sans interagir, tu n'attireras pas de followers. C'est la base. En jargon de communication: vous n'êtes plus qu'un simple émetteur et vos lecteurs ne sont plus que de simples récepteurs. Moi qui pensais qu'on avait réglé ce point avant les années 2010 mais ça a l'air que non.

3- J'ai aussi rencontré le contre-exemple du point 2

J'ai parlé à une journaliste hyper efficace sur le web et qui s'était documentée sur mon cas. En quelques minutes, elle s'était brossé un portrait de la situation et de qui j'étais, avait trouvé mon numéro de téléphone et m'a appelé à partir de Londres. Contrairement aux autres, elle n'était pas surprise de la qualité de mon illustration et de sa propagation sur le web puisqu'elle avait vu que j'étais designer et que j'avais une bonne présence sur le web. J'aime l'efficacité anglo-saxonne.

4- Les journalistes les plus professionnels ne travaillent pas tous pour les plus grands médias

Je ne parle pas de la qualité des textes, mais du travail de recherche, de la pertinence des questions et du fait d'être capable de rebondir sur un point amené par celui qui est interviewé.

5- Il y a parfois des journalistes paresseux

Par exemple, un de ceux-là a lu dans un des articles déjà publiés que j'enseignais au Cégep de Sherbrooke, alors il a appelé le no. de téléphone général du Cégep et m'a contacté sur ma boite vocale. Voyant que je ne rappelais pas, il a regardé sur le site du Cégep et m'a envoyé un courriel sur mon adresse du Cégep. J'enseigne à temps partiel et quand je suis à l'école, je ne passe pas mon temps à attendre à côté du téléphone. Avec une simple recherche Google, il m'aurait trouvé en 5 secondes sur Twitter, Facebook (mon profil est public) ainsi que sur le web et surtout, aurait eu une réponse rapide. Lorsqu'on s'est parlé, le type avait lu l'article d'un compétiteur en diagonale, avait retenu peu de choses sur moi à part mon emploi et cherchait à terminer la conversation le plus vite possible. Il a évidemment produit le moins bon texte. J'ai aussi offert à certains de leur fournir les liens par courriel vers les textes du Guardian, de NBC et du Evening Standard, mais on m'a dit que c'était pas nécessaire, tout en me faisant répéter la liste de noms pour les prendre en note... moi qui pensais que c'était la base du journalisme que de vouloir vérifier les sources? J'aurais bien pu inventer cette histoire ou citer des médias au hasard qu'on aurait écrit à la lettre sans vérifier. Un autre journaliste m'a d'abord proposé une entrevue, pour se raviser en voulant écrire un texte à partir d'autres articles. Vraiment?

6- Pour certains médias, le texte qu'ils ont produit suite à l'entrevue a été le plus populaire de la semaine

Comme celui du Placoteux de La Pocatière ou celui de Radio-Canada Rimouski qui a été si populaire et jugé d'intérêt qu'il a été ensuite placé sur la page d'accueil de Radio-Canada. Deux choses expliquent ce succès: 1- La nouvelle locale sur quelqu'un de local entraîne beaucoup de partages. De plus en plus de médias hyperlocaux font leur apparition (rue Masson, quartier Hochelaga, etc.) et obtiennent beaucoup de succès parce que les gens se sentent concernés par ce qui les touche de près. 2- Je suis actif sur le web et j'ai un bon réseau d'amis. Ce sont les textes que j'ai partagés dans mon propre réseau qui ont été le plus repartagés. Parce que l'on a tous de l'impact sur nos amis, et parce que l'être humain se sent généralement concerné lorsqu'il arrive quelque chose à quelqu'un qu'il connaît.

7- Alors que j'essaie d'apporter une réflexion intelligente sur les phénomènes viraux et sur leur propagation sur le web lorsque je parle aux journalistes, j'ai souvent l'impression d'être en train de parler chinois à un Chihuahua mexicain

Quand je dis que oui, ça a été partagé sur Twitter, mais selon mes recherches ça l'a été encore plus sur Tumblr et Instagram, on n'a aucune idée de quoi je parle. Ou quand je dis que l'image commence à avoir une deuxième vie sur Instagram ou Pinterest parce que d'autres gens l'ont publiée et que cet impact sera plus profond et durable que l'effet viral de la dernière semaine car les gens s'y réfèreront encore dans plusieurs semaines, les journalistes changent majoritairement de sujet. Il y en a même un qui m'a avoué ne pas savoir ce qu'est Pinterest (et pas dans le plus petit média). Sur le compte Instagram du Guardian par exemple, mon illustration a été «likée» plus de 4 000 fois alors que leur texte a été partagé un peu plus de 2 700 fois sur les réseaux sociaux, alors il ne faut pas négliger ces plateformes secondaires. Je suis conscient que je ne m'adressais pas à des journalistes «techno», mais les journalistes n'ont pas le luxe de ne pas être techno en 2016.

8- Il faut vous éduquer sur les médias sociaux

Chers amis journalistes, si vous avez de la difficulté, il faut suivre des formations, expérimenter, interagir. Je sais, il y a de moins en moins de moyens et de plus en plus d'affectations et de responsabilités. Vous manquez cruellement de temps dans une journée, pas vrai? Mais si vous ne le faites pas, vos articles seront de moins en moins lus à mesure que l'usage des plateformes web évolue. Et si vos articles sont de moins en moins lus, votre média disparaîtra et alors vous n'aurez plus du tout d'affectations et de responsabilités.

9- Cessez de suivre d'autres médias ou journalistes sur les réseaux sociaux

Ça fait en sorte que vous êtes au courant de la nouvelle lorsque quelqu'un d'autre l'a déjà publiée, ce qui veut dire que vous êtes en retard sur la nouvelle. Suivez plutôt les influenceurs et ceux qui créent la nouvelle, comme ça vous serez le premier à sortir la nouvelle.

10- Il faut que vous ayez les outils et que vous les utilisiez

Continuer la transition qui affecte les médias de presse ne se fera pas toute seule. Si votre média n'a pas de compte Pinterest, Tumblr, Instagram ou autres, exigez que votre employeur les crée. S'il ne veut pas, faites-le vous même: même s'il est contre ces initiatives, il se félicitera que vous l'ayez fait lorsque l'impact se fera sentir. Vous pensez que ça ajoutera à votre tâche déjà remplie? Utilisez des outils de publication, d'affectation et d'automatisation comme Hootsuite et IFTTT (Quoi, vous ne pensiez tout de même pas que les grands médias vont publier manuellement sur 8 plateformes différentes?). Apprenez aussi à faire de la recherche. C'est la base de votre métier. En tant que designer et prof de Graphisme, ce n'est pas normal que je sache mieux faire de la recherche que vous.

Mais surtout, gardez le sourire!

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