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Je n'ai pas accès à un médecin

Je n'ai pas accès à un médecin, mes problèmes de santé non soignés s'aggravent, mon dossier en orthopédie semble perdu dans le labyrinthe bureaucratique de votre ministère et un inconnu, quelque part, déclare que je suis apte au travail.
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Aujourd'hui, j'ai écrit au ministre de la Santé, Monsieur Gaétan Barrette.

Ce n'est pas de gaité de coeur que je révèle publiquement ma condition sociale/de santé, mais au point où j'en suis, l'orgueil compte-t-il vraiment?

Monsieur le Ministre,

Je n'ai plus d'emploi depuis septembre 2014 et je n'arrive pas à en trouver de nouveau en raison de mon âge et parce que je suis un professionnel des médias, un secteur où près de 50% des emplois ont disparu depuis 2009, statistiques à l'appui.

Ma santé s'est beaucoup détériorée depuis 30 mois: anxiété généralisée, insomnie, diagnostic de fibromyalgie qui demande à être investigué, car mes douleurs ne sont pas traitées, et une clavicule déplacée à la suite d'une chute survenue dans un escalier le 1er septembre 2015. En désespoir de cause, je suis devenu prestataire de l'aide de dernier recours en juillet 2016; un certificat médical de limitations temporaires a été délivré par mon médecin de famille afin d'obtenir un mirobolant supplément de 133$ par mois en respect de ma condition.

Vous clamez sur tous les toits que votre réforme de la santé est une réussite, je suppose que je suis l'exception à la règle puisqu'au contraire, je me bats dans un cirque depuis des mois - en vain - pour avoir accès à des soins de santé.

C'est en août 2016, onze mois plus tard, que j'ai pu rencontrer un orthopédiste du CHUM. Les radiographies étant non-concluantes, il m'a demandé de passer un scan.

En octobre 2016, j'ai déménagé à Sherbrooke afin de trouver un logement décent en raison de mes faibles revenus (9417,20$ pour l'année fiscale 2016).

J'ai passé ce scan au CHUS Fleurimont, à Sherbrooke, le 12 décembre 2016.

Le 13 mars 2017, j'ai téléphoné au département d'orthopédie du CHUM qui m'annonce, trois mois plus tard, qu'il fallait que je prenne rendez-vous pour obtenir les résultats, de façon à être traité ou opéré pour me soulager des douleurs que cette clavicule déplacée m'inflige.

L'orthopédiste, le Dr Timothy Heron, étant en vacances, la secrétaire du département m'annonce qu'il ne peut pas transférer mon dossier au CHUS et qu'il faut que je revoie mon médecin de famille pour avoir le droit de consulter un orthopédiste au CHUS; en d'autres mots, je dois tout reprendre à zéro parce que j'ai déménagé. En déclarant que je trouvais ceci complètement illogique, la secrétaire m'a indiqué que le Dr Heron pourrait peut-être demander le transfert de mon dossier à un orthopédiste du CHUS et me dit qu'elle va me rappeler.

Aujourd'hui, 10 avril, n'ayant pas de nouvelles, je téléphone au département d'orthopédie du CHUM où un message enregistré me dit que le département est fermé du 5 au 18 avril.

Faites le compte: cela fait 19 mois que j'ai une clavicule déplacée et aucun espoir d'être traité prochainement.

J'ai aussi besoin d'être vu par un médecin généraliste dans la région où j'habite, et à ce stade-ci, c'est pour un examen complet, vu les différents problèmes de santé qui se sont ajoutés à ma condition: perte de l'ouïe, vertiges, etc.

Votre fameux guichet unique me refuse l'inscription parce que j'ai toujours un médecin de famille à Montréal, mais que je ne peux pas aller consulter, car le montant d'aide sociale que je reçois ne me permet pas de faire l'aller-retour Sherbrooke-Montréal (87,85$ en autobus). Heureusement, une employée du CLSC de Sherbrooke a réussi à m'inscrire sur la liste d'attente quand même pour avoir un médecin dans ma région d'adoption.

Le temps d'attente, en date du 4 avril, est de 429 jours. Ce qui me semble loin du «30 à 90 jours» que vous avez encore annoncé dans les médias tout récemment, et ce qui veut dire qu'avec un peu de chance, je pourrais être reçu par un médecin en juillet 2018.

J'ai eu 57 ans hier et l'inertie du système de santé à mon égard contribue grandement à diminuer mes possibilités de reprendre une vie active.

Faute de soins, ma santé continue et va continuer de se détériorer. J'ai eu 57 ans hier et l'inertie du système de santé à mon égard contribue grandement à diminuer mes possibilités de reprendre une vie active.

Mon médecin de Montréal a renouvelé mon certificat d'incapacité temporaire le 12 janvier dernier pour une période de six mois en inscrivant les codes 22, 74 et 75.

Ce qui n'empêche pas vos médecins du ministère de l'Emploi et Solidarité de décider, sans jamais m'avoir vu, rencontré ou examiné, que je suis subitement apte au travail à partir du 1er mai - avec la coupure de chèque qui va avec. Serez-vous surpris si je vous dis que mon niveau d'anxiété a doublé depuis la réception de cet «avis de décision»?

Je n'ai pas accès à un médecin, mes problèmes de santé non soignés s'aggravent, mon dossier en orthopédie semble perdu dans le labyrinthe bureaucratique de votre ministère et un inconnu, quelque part, déclare que je suis apte au travail.

Je ne peux pas vous dire «bravo» pour votre réforme ni pour la perspicacité du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale.

Votre gouvernement a les moyens de donner 200 millions à Pétrolia, 1,3 milliard à Bombardier, des bonis et des primes de toutes sortes aux sociétés paragouvernementales, mais vous n'avez pas les moyens de me consentir 133$ par mois pour survivre un peu moins misérablement?

Êtes-vous vraiment à l'écoute des problèmes qu'éprouvent les citoyens victimes, de ce que l'on peut qualifier de «bordel» en Santé, ou devrais-je raconter ce qui précède aux médias?

Je suis persuadé qu'en bon ministre de la Santé soucieux du bien-être de la population, vous allez obligeamment faire tout ce que vous pouvez afin de me venir en aide.

Mes respects les plus courtois,

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