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La voix royale vers le pouvoir et l'indépendance

On découvrira avec surprise au Parti québécois que tout ce dont on a parlé ces dernières semaines soulève bien peu d'émoi dans une population qui semble croire que le PQ appartient au passé.
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Pierre Karl Péladeau sera bientôt élu chef du Parti québécois.

Ce sera au premier ou au second tour; cela importe peu. Il sera chef alors qu'à plus d'une occasion, il a montré bien peu de flair politique et encore moins de jugement ou de hauteur de vue sur des sujets pourtant assez importants, de ceux que vous devez aborder de façon rationnelle quand vous aspirez à être un jour premier ministre du Québec.

Plutôt que de relever ces graves manquements, ses supporteurs y ont vu un refus de la langue de bois et une aptitude à parler clairement, sans ambages. Cela est troublant!

C'est peut-être que les analystes politiques ont pris la chose par le mauvais bout de la lorgnette. Il ne fallait peut -être pas y aller d'une critique rationnelle, mais bien chercher du côté du symbolique pour comprendre cet engouement.

Dans La petite noirceur, l'essayiste Jean Larose revenait, en 1987, sur les raisons qui ont bien pu valoir au Parti québécois de perdre le référendum de 1980. Il juge qu'une telle défaite n'aurait pas été possible sans «une dénégation de l'importance de la langue et de la culture en général et de la culture québécoise en particulier». Cette récusation est en plus illustrée par un sondage montrant que 26% des Québécois accordent une certaine importance aux opinions référendaires des artistes, contre 52% aux prises de position des hommes d'affaires et des présidents de grandes compagnies, généralement fédéralistes.

Cela explique qu'au Parti québécois, on ait montré autant d'enthousiasme lors du recrutement de François Legault, cofondateur d'Air Transat, et de Jean-Martin Aussant, vice-président chez Morgan Stanley Capital International à Londres de 2003 à 2005. Avec les feuilles de route de ceux-ci, l'option indépendantiste acquérait, à peu de frais, une véritable crédibilité économique.

Dans cette perspective, on peut comprendre l'importance que peut prendre aux yeux des membres du parti, l'arrivée de Pierre Karl Péladeau, homme d'affaires prospère, fils du self-made man qu'a été son père, pendant longtemps presque seul Québécois francophone à graviter dans le grand monde des affaires. Et, avant son fils, lui aussi indépendantiste convaincu. Le seul fait pour Pierre Karl Péladeau d'être celui qu'il est, d'être l'héritier d'un success story entrepreneurial et d'avoir su lui-même étendre l'entreprise familiale, semble suffisant, de l'avis de bien des péquistes, pour convaincre les Québécois de lui permettre d'accéder au poste de premier ministre du Québec et de voter oui à un prochain référendum dont on se garde bien de présenter l'échéancier.

Cette jubilation ne devrait plus durer bien longtemps encore.

La course à la chefferie s'est faite - c'est une évidence de le dire - à l'intérieur du parti. Les autres candidats ont bien compris qu'il convenait de refréner leurs ardeurs et de ne pas se montrer trop critique à l'égard de celui que tout le monde veut voir élu et qui est reconnu pour ne pas avoir le pardon facile. Quand on sortira de cet exercice interne où on a dû, entre autres, rivaliser d'astuce pour ne pas dire quand se tiendra ce référendum, on découvrira avec surprise au Parti québécois que le peuple du Québec n'en veut pas, de ce référendum! Et, peut-être, en plus, que tout ce dont on a bien pu parler au cours de cette course soulève bien peu d'émoi dans une population qui semble croire que tout ce que représente le Parti québécois appartient au passé.

D'ici là, le candidat Péladeau aura eu beau jeu. Ses adversaires des autres partis sont restés assez tranquilles. Après tout, il ne servait à rien de gaspiller des munitions pour attaquer quelqu'un qui n'est pas encore en réelle position pour l'être. Mais, qu'on ne s'y trompe pas, autant du côté du Parti libéral que de la Coalition avenir Québec, on se réjouit de l'arrivée de Pierre Karl Péladeau. Car il n'est perçu par aucun des deux autres chefs comme un réel danger.

On souhaite même sa venue, déjà émoustillés par la perspective d'exploiter des faiblesses dont on a déjà eu un avant-goût depuis son arrivée-surprise dans la campagne électorale du printemps 2014. Sans parler du handicap que présente le fait d'être un chef politique aspirant à la fonction de premier ministre alors qu'on est encore actionnaire de contrôle du conglomérat Québecor!

En fait, malgré ce que peuvent en penser ceux qui vont en faire le chef de leur parti, malgré cette conviction d'avoir enfin trouvé celui qui mènera l'ultime bataille, conviction qui relève d'une sorte d'aveuglement volontaire, il se pourrait bien que cet épisode soit le prélude à une débâcle qui devrait conduire le Parti québécois à être confiné au rôle de deuxième parti d'opposition pour un bon bout de temps.

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