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Vieilles rengaines!

Depuis plus de 20 ans, la politique québécoise se vit sur la base d'une opposition entre indépendantistes et fédéralistes, une thématique éculée. Est-il possible que cela ne soit plus pertinent pour la population du Québec?
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Je ne sais pas si le journaliste Tommy Chouinard est conscient de ce que laisse entendre le titre de son article sur le repositionnement politique de la CAQ, suite à son congrès de dimanche dernier (La Presse, 8 novembre 2015). «Legault prône un nationalisme par étapes», écrivait-il. Il serait plus juste de dire que le chef caquiste prône une approche nationaliste par étapes. Ainsi présenté, cela semble une impropriété. Le nationalisme est une idéologie. Il ne peut être constitué par étapes; il est ou il n'est pas l'idéologie sous-jacente à une certaine politique qui, elle, peut être réalisée graduellement. Le constituer par étapes revient à dire qu'il faut le reconstituer, car il serait présentement en lambeaux.

Il est aussi savoureux de lire tout ce que la CAQ compte faire, euh!.. c'est-à-dire demander à Ottawa. Voilà un programme qui repose tout entier sur ce que le fédéral devrait consentir à donner à un gouvernement provincial élu avec une majorité de sièges, mais pas nécessairement, comme il est probable, avec plus de 50% du suffrage universel, du simple fait que celui-ci lui en fait la demande.

On voit bien que c'est une stratégie élaborée pour séduire un électorat qu'on imagine tout frétillant à l'idée que les politiciens qui les représentent fassent assaut de nationalisme. Et que ce n'est que cela!

La CAQ semble croire qu'au Québec, il n'est point de salut politique hors du nationalisme. Alors que le gouvernement récemment élu à l'Assemblée nationale l'est bien peu et qu'il songe même, sans que cela semble provoquer de levée de boucliers, à confier la responsabilité d'un rapport d'impôt unique à Ottawa, ce qui serait certes un recul d'un point de vue strictement nationaliste, justement!

Peut-être que ce que je lis un peu trop entre les lignes et que je force un peu trop aussi le sens des événements récents. Mais tout de même! Avouez qu'il est difficile de faire autrement! Le Parti québécois de Marie-Victorin vient d'organiser son premier colloque annuel sur le thème Indépendance: Perspectives historiques et enjeux économiques, au collège Édouard-Montpetit, dimanche dernier. Sur une même scène, se sont succédé Gabriel Nadeau-Dubois et Pierre Karl Péladeau. Si le second convient qu'il importe surtout qu'il soit d'accord avec le premier sur la nécessité de faire l'indépendance, l'ex-leader étudiant avance qu'il ne voit pas «comment, sur la base du noyau du discours néo-libéral, qui dévalorise l'action collective et la solidarité, on peut construire un projet de pays». La coalition parapluie, prônée par le PQ, où gens de droite et de gauche doivent s'unir pour que se fasse l'indépendance, semble ne plus tenir la route.

De même, pour célébrer les 20 ans du dernier référendum, Lisette Lapointe appelle de tous ses vœux cette vaste coalition des partis indépendantistes lors de la prochaine élection. Le PQ s'y emploie dans un front uni, allié avec d'autres partis souverainistes pour une vente à bas prix de reproductions des affiches du camp du OUI de 1995. C'est une première ébauche, mais bien imparfaite! Car Québec solidaire, invité à se joindre au mouvement, ne peut en être parce que prévenu trop tardivement. Maintenant, si ce front a été lézardé, n'est-ce pas en partie parce que le PQ s'est un peu trop positionné au centre-droit à l'occasion, histoire de satisfaire un électorat le plus large possible pour pouvoir tenir un autre référendum? Avec ce que l'on sent actuellement comme ferveur nationaliste et indépendantiste, on ne peut pas dire que ce fut une stratégie gagnante.

Le paradoxe, c'est que cette absence de conviction n'a d'égale que le dynamisme des chefs et partis politiques à tenter de s'y appuyer pour propulser leur parti vers la popularité. Il est vrai que, depuis plus de 20 ans, la politique québécoise se vit sur la base d'une opposition entre indépendantistes et fédéralistes; et cela, sans qu'un référendum sur la question de la souveraineté ne pointe à l'horizon. Depuis plus de 20 ans, les élections se succèdent sur le fond de cette thématique éculée. Est-il possible que cela ne soit plus pertinent pour la population du Québec? Que celle-ci sente bien que la question n'est plus là?

Dans bien des pays dans le monde, ce qui distingue les partis politiques, c'est d'être de droite ou de gauche et de proposer des solutions différentes aux problèmes que rencontre leur société. Le Québec, lui, reprend sempiternellement la même question quant à son avenir comme nation mais ne semble pas vouloir se demander quelle sorte de société peut être la sienne, fut-elle ou non indépendante. L'accession à l'indépendance n'est pas et ne peut être la solution à tous les maux. Elle ne réglera en rien la question de savoir dans quel type de société nous voulons vivre et quelles sont les valeurs qui doivent guider nos décisions. Ce n'est pas là une question qui doit être remise aux lendemains éventuels d'une accession à l'indépendance. C'est une question qui est chaque jour pressante.

C'est surtout celle qu'on semble oublier de se poser et à laquelle la plupart des partis politiques en lice au Québec apportent des réponses qui se ressemblent étrangement.

Voilà peut-être pourquoi, 20 ans après le référendum de 1995, on éprouve le sentiment diffus d'entendre nos politiciens repasser les mêmes vieux disques!

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