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«Ils apportent la guerre»

On aurait tort de se méfier autant de l'arrivée de réfugiés syriens quand l'ennemi trouve un public sensible à sa propagande dans nos propres écoles.
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Cela avait commencé avec la banderole de Québec, affichant «Réfugiés! Non merci!» C'était avant les attentats de Paris.

Puis, comme cela avait été fait en Hongrie, quand on s'est mis à associer l'accueil des migrants syriens à la possibilité que, parmi eux, il s'en trouve qui soient des terroristes, en devenir ou déjà avérés.

Depuis Paris, cette crainte est attisée par un fait, dont il n'est pas sûr encore que ce ne soit pas une fausse piste: on a retrouvé le passeport d'un réfugié syrien sur un des lieux des attaques parisiennes.

Pourtant, aucun des récents attentats perpétrés à Paris, incluant celui de Charlie Hebdo, n'a été le fait de Syriens.

Bien au contraire, comme pour la majeure partie des attaques terroristes en Occident, ce sont des natifs qui en sont les auteurs. C'est donc l'immigration des Français au Canada qu'il faudrait chercher à endiguer. Et celle des Belges, aussi, tiens, puisque l'un des terroristes est né à Molenbeek et que là est le lieu de résidence de certains des auteurs des attentats de Paris. Ce serait là, dit-on, un hameau djihadiste.

Quoique, à bien y penser, pas plus Michael Zehaf-Bibeau que Martin Couture-Rouleau, auteurs des attentats perpétrés il y a un an en sol canadien, n'étaient des réfugiés ou le résultat d'un processus d'intégration ratée, ayant mené à leur radicalisation. Nés ici, ces loups solitaires étaient des âmes en peine de sens et de direction éthique.

Ces derniers attentats ne ressemblent en rien à ce que nous avons vécu l'an dernier au Canada. Ils ont été savamment coordonnés et leurs auteurs étaient fichtrement bien équipés. On ne parle plus d'actes spontanés réalisés par des individus socialement inadaptés et aigris. On parle de gens convaincus, préparés et parfois même entraînés. L'État islamique, comme l'avance un spécialiste dans les pages du Devoir, a su gravir un échelon dans l'organisation de la terreur.

Mais, en France, ceux qui sont les auteurs de tels actes semblent tous être des immigrants de deuxième génération; des gens, en fait, qui ne devraient plus être considérés comme des immigrants.

C'est qu'il semble y avoir des obstacles nombreux à une bonne intégration au marché du travail et une certaine absence de mobilité sociale dans le pays de Molière. Il y a bien suffisamment d'immigrants français au Québec pour qu'on le sache. La France arrive mal à intégrer ses jeunes travailleurs.

Comme elle arrive mal, de nombreux événements nous l'ont prouvé, à intégrer les nouveaux arrivants; ce qui fait que les enfants des immigrants, qui devraient être culturellement français et considérés comme tels, éprouvent encore des problèmes d'intégration à la réalité socio-économique. Désœuvrés dans un environnement qui les tient en marge, ils sont les cibles idéales d'un discours qui leur apporte sens et valeurs.

Si le Canada et le Québec montrent une réalité différente quant à l'intégration de leurs nouveaux arrivants, il ne faudrait pas se réjouir trop vite et baisser la garde. Le fait que de jeunes étudiants aient quitté le collège de Maisonneuve pour se joindre à la lutte armée de l'EI en Syrie, devrait nous inquiéter. Qu'ont-ils bien pu voir de si enthousiasmant dans le combat d'EI qu'ils n'ont pu vivre ici dans leur participation à un projet de vie québécois? Quelles sont les valeurs qui leur semblent si séduisantes là-bas dont ils ne trouveraient pas écho ici? Comment ont-ils pu devenir des cibles aussi faciles, aptes à être aussi aisément enrégimentés?

Comment l'école québécoise a-t-elle bien pu échouer avec eux, ne réussissant pas à leur inculquer des valeurs qui leur auraient fait considérer comme aberrant d'aller se battre en Syrie?

Bref, on aurait tort de se méfier autant de l'arrivée de réfugiés syriens quand l'ennemi trouve un public sensible à sa propagande dans nos propres écoles.

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