J'ai mis quelques jours avant d'écrire ce billet. L'horrible carnage à Paris, vendredi dernier, suivait de près un autre à Beyrouth et l'incident de l'avion russe tombé en Égypte. Ça s'ajoute à Charlie Hebdo, les tueries à Saint-Jean-sur-Richelieu et Ottawa. Depuis des jours, je ne desserre pas les dents. Je cherche une réponse. Je voudrais en découdre avec les terroristes, casser des têtes, vider une mitraillette... La douleur me fait réagir à chaud. Avec une violence qui ne m'appartient pas. Est-ce la bonne manière? Non, surtout si la réaction est ancrée dans la peur.
Les Syriens
C'est dans la nature humaine de s'efforcer de trouver un coupable dans les jours qui suivent une telle horreur... que dis-je? Dans les heures qui suivent! Je travaillais tout près de l'aéroport Montréal-Trudeau au moment des événements de septembre 2001. Les Arabes furent rapidement identifiés comme les auteurs de l'odieux crime. Mon ami musulman de race noire n'a pas été importuné; celui qui venait du Maroc ne pouvait faire un pas dans l'édifice sans ressentir le malaise qui envahissait les corridors.
Cette fois, on s'inquiète des 25 000 Syriens que notre nouveau gouvernement canadien veut intégrer chez nous, dans nos villes, nos villages. Il y a une semaine, nous étions heureux de recevoir ces familles, ces gens qui souffrent des effets d'une dictature qui est presque sans précédent sur la planète. Mais, depuis vendredi dernier, nous doutons.
S'il y avait un terroriste parmi eux? Pourquoi cette réaction? Pourtant, les disciples de l'État islamique sont aussi Français, Belges, Américains, Canadiens, Québécois même.
Se comporter ainsi donne raison à ceux qui menacent constamment les valeurs fondamentales de notre société occidentale. Ils nous font peur, nous forcent à remettre en question nos décisions. Pourquoi Justin Trudeau veut-ils ouvrir nos bras aux Syriens? Un passeport syrien n'a-t-il pas été découvert près d'un kamikaze au Stade de France à Paris? Attention! Ce passeport était faux... rien n'y fait, il faut trouver un coupable.
Non! Choisissons de nous tenir debout. Nous sommes une nation qui, au fil des siècles, a recueilli de nombreuses communautés qui cherchaient un havre pour rebâtir cette vie brisée par la tyrannie, la guerre et l'horreur. Faisons de même avec les Syriens.
Réagissons plutôt en relevant nos manches et en travaillant fort pour faire un pied de nez au terrorisme. S'il le faut, prenons un peu plus de temps que le prévoit Justin Trudeau, mais œuvrons pour bien accueillir ces réfugiés afin qu'ils puissent participer activement à la vie du Québec.
C'est la meilleure réponse socio-économique contre le terrorisme international fomenté par l'État islamique. Une preuve que nous n'abandonnerons jamais nos valeurs.
Cessons d'avoir peur! Agissons!
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