Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

En finir avec la sous-représentation des femmes dans les technologies de pointe

Les femmes n'occupent qu'un quart des emplois dans le secteur. Elles risquent non seulement de ne pas accéder aux meilleurs postes de demain, mais d'avoir encore moins leur mot à dire dans nos sociétés.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Je reviens du Forum économique mondial de Davos où les chefs d'État ont débattu des conséquences de la quatrième révolution industrielle. Après les bouleversements engendrés par la vapeur, l'électricité et l'électronique, les technologies numériques transforment à un rythme inédit toutes les facettes de notre existence, des voitures autonomes aux assistants virtuels.

Entre autres conséquences, le Rapport mondial sur l'écart entre les genres souligne à quel point cette révolution peut nuire à l'émancipation des femmes du fait de leur sous-représentation dans les technologies de pointe. Les transformations à l'œuvre favorisent les compétences technologiques. Or, les femmes n'occupent qu'un quart des emplois dans le secteur. Pire encore, à ce stade elles ne bénéficieront que d'une création de poste dans les sciences, la technologie, l'ingénierie ou les mathématiques pour 20 suppressions dans les secteurs traditionnels. Les hommes sont bien mieux placés, avec un ratio de un pour quatre.

Comme le dit très clairement le rapport, «si, à la faveur de l'évolution du marché du travail, les écarts entre les genres suivent leur tendance actuelle et que le rythme de création de nouveaux emplois en informatique, technologie et ingénierie reste supérieur à l'attribution de ces emplois aux femmes, celles-ci risquent fort de ne pas bénéficier des opportunités professionnelles à venir.»

La tonalité des débats au Forum de Davos et les conclusions de ce rapport sont troublantes, mais n'ont rien de nouveau. J'ai tenu des propos similaires en octobre dernier, à la conférence Grace Hopper Celebration in Women in Computing. Les femmes risquent non seulement de ne pas accéder aux meilleurs postes de demain mais aussi - ce qui est encore plus inquiétant - d'avoir encore moins leur mot à dire dans nos sociétés. Elles pourraient ne pas avoir l'occasion de contribuer aux mutations économiques et sociales provoquées par cette quatrième révolution technologique.

Il y a fort à faire pour résoudre ce problème urgent, à commencer par l'amélioration de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, dont le rapport souligne à juste titre qu'il est un obstacle majeur pour attirer et fidéliser les femmes dans les technologies de pointe. Vous trouverez ci-dessous mon discours à la conférence Grace Hopper. Il traite de cette question et des mesures qui assureront aux femmes la place qui leur revient dans l'édification du monde de demain.

***

Voici quelques extraits du discours prononcé à la conférence Grace Hopper Celebration of Women in Computing organisée par l'institut Anita Borg for Women in Technology et l'Association for Computing Machinery.

Bonjour à toutes! C'est un honneur de m'adresser à des informaticiennes aussi brillantes et passionnantes! Pour toutes les femmes qui se sentent isolées dans leur domaine, cette réunion est un havre où elles trouvent soutien et inspiration, où elles peuvent être elles-mêmes et qui leur donne la possibilité de rencontrer leurs consœurs. Cela vaut pour moi aussi.

C'est une joie de voir que vous êtes aussi nombreuses, y compris les mille salariées de Google et YouTube ici présentes. Merci à toutes d'être là!

Je vais commencer par une anecdote personnelle...

Il y a quelques années, ma fille, alors âgée de dix ans, m'a dit... qu'elle détestait les ordinateurs.

Vous ne vous attendiez sans doute pas à ce que je commence ainsi mon allocution!

J'en suis tombée par terre. Elle m'accompagnait depuis toute petite chez Google. Elle savait que son père et sa mère travaillaient dans les technologies de pointe. Elle connaissait mon intérêt pour la place des femmes dans ce secteur. Soudain, ce sujet qui me tient tant à cœur au travail me rattrapait à la maison.

Ce qui s'est passé vous évoquera sans doute quelque chose. Nous avions un ordinateur à la maison, et mon fils en était fan. À tel point qu'il ne laissait pas sa sœur s'en approcher. Comme il l'avait «conquis», m'a-t-elle dit, il lui fallait trouver une autre occupation. Elle a ajouté que c'était «trop nul» d'aimer les ordinateurs et qu'elle avait bien mieux à faire.

Ce même phénomène se reproduit aujourd'hui chez les petites Américaines. Les filles décrochent dès que l'on parle de technologies de pointe. Elles en viennent à penser que c'est un domaine pour geeks, complètement coupé du monde. Et on ne leur donne pas l'occasion de changer d'avis sur la question.

Si cela commence à la maison, les conséquences n'en sont pas moins importantes pour notre économie et pour les femmes en général.

D'ici à 2020, les emplois dans l'informatique devraient croître près de deux fois plus vite que la moyenne nationale, pour atteindre un total de cinq millions de postes. Et encore ce ne sont que les emplois que le Pew Research Department considère comme relevant des technologies de pointe. Or, celle-ci affecte en réalité bien plus d'emplois. Son impact est par conséquent considérable.

Par exemple, chaque voiture produite aujourd'hui a une puissance de calcul supérieure à Apollo 11, la fusée qui a envoyé un homme sur la Lune. Les diagnostics de cancers réalisés par le supercalculateur Watson d'IBM sont plus sûrs que ceux des oncologues. Enfin, les agriculteurs utilisent les satellites et les prévisions météorologiques pour améliorer leurs récoltes.

Les technologies de pointe transforment toutes les facettes de notre existence, à un rythme inédit. Or les femmes n'occupent à ce jour qu'un quart des emplois du secteur. Si elles ne participent pas à cette révolution, elles perdront l'occasion d'influer sur le changement économique et social le plus important de ce siècle.

La faible part des femmes dans les effectifs du secteur ne devrait pas seulement nous alerter mais déclencher une prise de conscience nationale, comme à l'époque du lancement réussi du Spoutnik par les Russes.

Cette faiblesse menace notre suprématie économique et porte atteinte à notre future compétitivité. Elle doit absolument nous inciter à agir.

Cela dit, par où commencer?

La pénurie de femmes dans les technologies de pointe suscite beaucoup de débats. Est-ce un problème de formation, ou bien de fidélisation? À mon avis, un peu des deux.

Commençons par la formation. À ce jour, les femmes obtiennent la moitié des licences décernées par les universités américaines, mais seulement une sur cinq en informatique.

Malheureusement, ce problème ne fait que s'aggraver. La part des femmes dans ce milieu était plus élevée au milieu des années 1980. Elle a augmenté depuis en biologie et en chimie, mais baissé en informatique. Ce déclin est désormais propre au secteur des technologies de pointe.

Il y a deux ans, j'assistais ici même à une conférence de Maria Klawe, présidente du Harvey Mudd College. Elle mène avec succès une campagne pour inciter les femmes à s'inscrire en sciences informatiques. Elle s'est donné pour mission de les intéresser aux technologies de pointe et obtient des résultats. Lors de son discours, elle a énoncé trois raisons pour lesquelles elles désertent ce secteur.

Les voici:

Un, elles pensent que c'est soporifique.

Deux, qu'elles ne sont pas douées pour ça.

Et, trois, qu'elles préféreraient mourir que de fréquenter des étudiants en informatique!

J'ai vérifié auprès de ma fille. Malheureusement, pour elle, ces préjugés se sont vérifiés.

Mais nous savons tous ici que rien de tout cela n'est vrai. Sauf que la manière dont les choses sont perçues influe sur ce qu'elles sont. Alors intéressons-nous aux origines de ces idées reçues, et la manière dont nous pouvons faire évoluer les mentalités.

D'abord, le fait que l'informatique est soporifique.

Il est évident que ce n'est pas vrai. Mais comment le savoir si on n'a pas essayé? Le problème, c'est que si on n'est pas assis devant un ordinateur à créer son propre programme, vu de l'extérieur, ça peut effectivement sembler incroyablement ennuyeux.

Les filles doivent avoir un meilleur accès à l'informatique pour pouvoir en découvrir toutes les richesses. Elles doivent se rendre compte par elles-mêmes que ça peut être une source de créativité et d'inspiration.

La deuxième idée reçue, qui veut que les filles ne soient pas douées pour l'informatique, m'est insupportable.

Bien sûr qu'elles sont douées pour cela!

Certains des meilleurs programmeurs de tous les temps étaient des femmes! Ada Lovelace, pionnière de la programmation. Ida Rhodes, qui a conçu les premiers ordinateurs utilisés pour le recensement et la gestion de la sécurité sociale. Margaret Hamilton, auteur du logiciel qui a envoyé Apollo 11 sur la Lune. Joan Clarke qui a contribué à déchiffrer le code nazi Enigma à Bletchley Park.

Sans oublier Anita Borg et Grace Hopper.

Il y a aujourd'hui dans ce secteur, chez Google, chez YouTube, beaucoup de femmes extraordinaires qui travaillent sur des éléments essentiels de nos systèmes. Elles sont trop nombreuses pour citer leurs noms, mais je parie qu'il y en a beaucoup parmi vous aujourd'hui.

Mais compte tenu de l'écart conséquent entre le nombre d'hommes et de femmes qui travaillent dans les technologies de pointe, et du fait que la plupart des femmes ne se sont même pas essayées à l'informatique, je n'ai pas de mal à imaginer d'où viennent ces idées reçues.

Alors je vais vous dire un petit secret, que j'ai découvert en dirigeant l'un des principaux groupes technologiques...

Les hommes n'ont pas de capacités particulières qui les rendent davantage aptes à diriger les entreprises de ce type.

Ils sont simplement bien plus nombreux, et plus agressifs dans leur volonté de progresser.

Admettons-le, l'écart entre les sexes dans l'informatique ne va pas disparaître tout seul. Chaque fois que je vais chercher mes enfants dans les stages informatiques de la Silicon Valley, j'y vois les gamins de sept, dix, douze ans, et j'observe les mêmes phénomènes qu'au bureau. Si nous ne changeons rien, l'avenir du secteur sera semblable à ce qu'il est aujourd'hui.

La seule manière de dissiper ces idées reçues est de fournir à tous l'occasion d'apprendre l'informatique.

Je commencerais par mettre l'informatique à la portée de tous les élèves du pays, et la rendre obligatoire à plus ou moins long terme.

Je me rends bien compte que de nombreux établissements scolaires manquent de ressources, et que leur budget est limité. Je ne dis pas que c'est facile mais, d'un autre côté, le monde est en train de changer et notre système éducatif se doit de préparer ses élèves pour le XXIe siècle.

Aujourd'hui, dans tout le pays, seules 10% des écoles proposent des cours d'informatique, alors que les autres sciences telles que la biologie, la chimie et la physique sont souvent obligatoires.

Si nous refusons d'en faire une priorité, nous risquons d'aggraver les inégalités sociales, raciales et entre les sexes, car l'emploi et les opportunités d'avenir iront en priorité à ceux qui disposent d'un bagage informatique. À l'échelle de la nation, c'est notre compétitivité future que nous compromettons.

D'autres pays, tournés vers l'avenir, ont d'ores et déjà adopté ces principes. L'an dernier, le Royaume-Uni est devenu le premier pays de l'Union européenne à rendre l'informatique obligatoire à l'école. L'Italie va bientôt lui emboîter le pas. Quant aux programmes israélien et sud-coréen en matière d'informatique, ils comptent parmi les plus exigeants du monde.

Aux États-Unis, ce mouvement commence à se mettre en place. Des villes comme New York, Chicago et San Francisco font des progrès, mais la route est encore longue.

L'avantage de créer une génération d'étudiants maîtrisant l'informatique, c'est que cela aura un impact non négligeable sur les femmes et les minorités, habituellement sous-représentées dans le milieu des technologies de pointe.

Et maintenant, passons à la dernière de nos idées reçues: «Je préfère mourir que de prendre des cours avec un geek.»

D'abord, il faut donner envie aux filles d'assister aux conférences Grace Hopper, afin d'y rencontrer toutes ces spécialistes de l'informatique.

En général, on accuse les médias de véhiculer ce genre de stéréotypes...

Les gens adorent accuser les médias!

Personnellement, c'est problématique. Je ne peux pas accuser les médias: je suis à la tête d'une des premières plateformes médiatiques au monde, avec plus d'un milliard de visiteurs par mois!

J'ai donc commencé à réfléchir à ce que pouvait faire YouTube pour faire évoluer les mentalités.

Tout d'abord, on peut aider les gens à comprendre qu'il y a un problème.

Je suis donc fière d'annoncer que nous collaborons avec Lesley Chilcott, la productrice oscarisée de An Inconvenient Truth et de Waiting for Superman. Lesley a produit un nouveau documentaire sur le rôle que les filles peuvent jouer dans le milieu des technologies de pointe, et sur l'importance de les y impliquer.

Il s'intitule Code Girl (NdT: «La Codeuse»). Lesley, qui est avec nous aujourd'hui, nous a amené une bande-annonce exclusive, que j'aimerais partager avec vous dès maintenant.

C'est parti.

Je suis fière d'annoncer qu'avec nos partenaires de l'initiative Made w/Code de Google, nous hébergerons gratuitement Code Girl sur YouTube pendant cinq jours avant la sortie du film au cinéma. Je tiens à remercier Lesley pour la passion qu'elle a insufflée au projet afin de contribuer à une prise de conscience sur ce problème majeur.

Mais nos actions ne s'arrêtent pas là.

Dans les douze mois à venir, vous entendrez beaucoup parler des efforts de YouTube pour mettre plus de femmes devant et derrière la caméra, et promouvoir les contenus qui présentent sous un jour positif les femmes travaillant dans le milieu des technologies de pointe.

Mais même si nous changeons l'image du secteur, même si nous assurons un meilleur accès aux femmes, il faut voir la réalité en face: de nombreux problèmes culturels constituent un obstacle pour les femmes.

Pour des sociétés comme Google, cela représente un énorme gaspillage de talent, dans un milieu en pénurie constante. Aujourd'hui, les femmes travaillant dans la science, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques ont 45% de plus de chances de se reconvertir que leurs collègues masculins.

Ceci est dû à plusieurs problèmes, et notamment une culture qui fait l'éloge des nuits blanches et des heures supplémentaires.

On en arrive à des situations extrêmes, tout particulièrement dans les startups. Faire des heures supplémentaires permet de prouver son sérieux, son implication, son potentiel en tant que programmeur. Il y a des concours nocturnes de programmation, et des codeurs qui carburent aux substituts alimentaires pour éviter d'aller manger. Les minifrigos sont bourrés de Red Bull pour celles et ceux qui ont besoin d'un coup de fouet. Tout cela fait naître une culture très intimidante pour qui a envie d'une vie normale, une culture où ceux qui doivent se consacrer à leur famille - hommes ou femmes - en payent le prix.

J'ai eu mon premier enfant peu après mon arrivée chez Google. Je n'ai donc jamais pu m'impliquer dans ce type de culture. Tout au long de ma carrière, je me suis efforcée de rentrer à temps pour dîner avec ma famille.

Au début, je n'ai pas vraiment eu le choix, étant donné que mes enfants étaient à la garderie, où l'on vous facture un dollar la minute de retard. Mais la raison principale, c'est que les enfants n'aiment pas du tout être les derniers à rester!

Cette contrainte m'a obligée à mettre au point une façon de travailler centrée sur l'efficacité, la productivité et la mise en place de critères de priorité.

Il y a des moments dans une carrière où il est indispensable d'effectuer des heures supplémentaires. Toutefois, si certaines urgences nécessitent que l'on y passe des week-ends et des soirées, ça ne peut être une solution durable. Une récente étude menée par la Harvard Business Review a révélé que les employés qui faisaient régulièrement des pauses avaient une capacité de concentration 30 % supérieure. Quant à ceux qui y sont encouragés par leur patron, leur loyauté fait un bond de près de 100 % !

Je vous conseille donc, à toutes, de travailler intelligemment. Travaillez dur, faites du bon boulot, et... rentrez chez vous.

Il vaut mieux travailler sur la durée plutôt que de faire un passage éclair dans le secteur. Pour ce qui est des entreprises, si elles désirent attirer et conserver leurs employées les plus talentueuses, elles doivent les aider à trouver un équilibre.

L'autre façon de rendre notre industrie nettement plus attractive pour la gent féminine, c'est de se mobiliser pour la création d'un congé familial rémunéré.

J'ai eu de la chance: première employée de Google à être partie en congé de maternité, je suis devenue l'an dernier la première à avoir pris cinq congés de maternité. Chacun de ces congés a enrichi ma carrière et, surtout, ma vie. J'en suis revenue sereine, en sachant que j'avais pu prendre le temps dont j'avais besoin et envie avec mon nouveau-né à la maison.

Il est également intéressant de noter que chacune de ces pauses m'a donné l'occasion de réfléchir à ma carrière. Au cours de mon deuxième congé, j'ai décidé de m'orienter vers la publicité, où j'ai passé les douze années suivantes.

Bien que cela puisse sembler paradoxal, les études - et la propre expérience de Google - montrent qu'un congé de maternité bien rémunéré favorise le maintien des salariées dans l'entreprise.

Lorsqu'elles n'ont droit qu'à un congé restreint ou qu'elles subissent des pressions pour reprendre le travail, certaines femmes préfèrent ne pas revenir. Ainsi, le passage du congé de maternité de douze à dix-huit semaines chez Google s'est traduit par une baisse de 50 % du taux de démission chez les jeunes mères.

J'ai été touchée de voir d'autres entreprises, comme Netflix et Microsoft, offrir de meilleures indemnités de congé de maternité ces derniers mois. Les États-Unis étant malheureusement le seul pays au monde, à part la Papouasie-Nouvelle-Guinée, à ne pas rémunérer ces congés, 88 % des Américaines n'y ont toujours pas accès. De ce fait, un quart reprennent le travail dix jours à peine après l'accouchement!

Les entreprises technologiques doivent absolument se résoudre à une telle rémunération si elles veulent garder leurs employées. De plus, on peut espérer qu'en attirant l'attention sur les bénéfices qui en découlent, elles encourageront l'État à faire de même.

Si vous travaillez pour une entreprise dans laquelle vous sentez que vous ne parviendrez pas à obtenir un emploi du temps équilibré et un congé de maternité acceptable, je vous conseille d'en chercher une qui vous apportera son soutien.

À ce propos... Nous embauchons!

Nous travaillons à réformer la culture des entreprises. Je vous conseille donc de défendre sans complexes vos propres intérêts.

Je vais vous donner un exemple:

Il y a quelques années, les principaux dirigeants du secteur ont été invités à participer à une conférence privée. Alors que j'avais établi des relations de travail durables avec ces personnes, je n'y ai pas été conviée.

J'aurais pu ne pas m'en formaliser. Mais je l'ai fait. Dans la mesure où cette conférence était importante pour mon travail, j'avais envie d'y assister. J'ai eu beau formuler des demandes répétées et faire intervenir des gens, rien n'y a fait.

Certains ont semblé agacés que je revienne sans cesse à la charge. Franchement, c'était plutôt embarrassant d'avouer aux gens que je ne participerais pas à la conférence. Tant et si bien que j'ai commencé à me demander si j'y avais vraiment ma place.

Mais, alors que j'avais pratiquement abandonné tout espoir, j'ai trouvé celui dont le pouvoir a fait toute la différence.

Le lendemain du jour où je lui en ai parlé, l'invitation est arrivée comme par magie. Et, une fois sur les lieux, j'ai dû me rendre à l'évidence: j'avais tout à fait ma place à cette conférence.

Je me suis alors aperçu que nous avons toutes vécu des expériences similaires, qu'il s'agisse d'une réunion, d'une opération promotionnelle, d'un cours auxquels nous aurions aimé être invitées.

Il existe bien des façons de nous dissuader d'y aller.

Je vous recommande donc de ne jamais cesser de demander. Prenez-vous en main, faites valoir vos droits. Et n'en éprouvez surtout aucune culpabilité.

Cette expérience m'a conduite à une autre prise de conscience importante...

Une personne qui avait une influence et un pouvoir que je n'avais pas a parlé en mon nom, et obtenu gain de cause.

Cela m'a interpellé sur la manière dont les gens obtiennent un nouveau poste, une promotion, une invitation. Le pouvoir et l'influence sont transmis par ceux qui les possèdent.

Donc, si vous voyez une entreprise où la diversité n'est pas vraiment de mise, regardez qui la dirige.

Revenons-en à ma fille, si vous le voulez bien.

Je suis heureuse de vous dire qu'elle aime aujourd'hui l'informatique. Après ce rappel à l'ordre domestique, je l'ai inscrite à un stage à côté de chez nous. Elle est rentrée à la maison en se plaignant qu'il n'y avait que des garçons, et qu'elle n'avait d'affinités avec personne. Elle ne pouvait plus voir les ordinateurs en peinture!

Mais je n'ai pas baissé les bras!

Je l'ai alors orientée vers un cours réservé aux filles, et la révélation ne s'est pas fait attendre. Peu après, elle a esquissé l'ébauche d'une montre ordinateur-téléphone-vidéo qui contenait les coordonnées de ses amis, comme elle le voulait. Et ceci, avant que Samsung et Apple aient sorti leurs montres.

Je me suis aperçu qu'elle commençait à voir la façon dont la technologie, en tant qu'outil, allait lui permettre de donner forme à ses idées et d'améliorer son monde. En apportant à ma fille soutien et encouragements, j'ai réussi à la faire changer d'avis. Mais c'est un cas isolé.

C'est pourquoi j'aimerais vous demander, en plus de vous soutenir et de vous encourager mutuellement, d'approcher les filles qui, dans votre entourage, pensent que la technologie est inaccessible, peu créative, difficile ou ennuyeuse et de leur montrer à quel point ce sont des idées reçues. Où que nous en soyons dans nos vies, nous pouvons agir de façon décisive.

Si vous êtes à l'université, essayez de convaincre des étudiantes du secondaire ou d'autres étudiantes de votre école. Si vous venez de démarrer votre vie professionnelle, vous pouvez aider celles qui sont encore à l'école à obtenir leur premier emploi. Si vous exercez des responsabilités, repérez les femmes talentueuses dans votre société et aidez-les à atteindre l'échelon supérieur.

En agissant toutes ensemble, nous pouvons faire évoluer les mentalités et renverser les statistiques.

Nous devons amener davantage de filles à s'orienter vers l'informatique, en adaptant notre système éducatif au XXIe siècle. En l'améliorant, nous devons rendre la culture du travail de notre industrie plus respectueuse pour les femmes.

Par-dessus tout, il est de notre devoir de prouver à la prochaine génération de filles et à la génération actuelle de femmes que le domaine de l'informatique, dans lequel elles ont toute leur place, leur permettra de changer le monde.

Merci!

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Trouver des réponses à toutes nos questions

20 choses que le web a changé dans nos vies

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.