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Défendre les droits humains, ce n'est pas faire de la politique

Lettre ouverte à Marcel Aubut,vous n'auriez pas fait pire en disant à Vladimir Poutine que ses dérives en matière de droits humains étaient acceptables et que l'exploitation de sa population était raisonnable. Vos paroles et vos gestes sont une gifle pour celles et ceux qui luttent pour leurs droits, quand ce n'est pas pour leur vie.
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Monsieur Aubut,

Le 14 février dernier, vous avez témoigné de la plus grande indécence en vous jetant dans les bras du président russe Vladimir Poutine après l'avoir encensé à outrance pour la réalisation des Jeux olympiques de Sotchi. À la suite des nombreuses critiques suscitées par votre comportement, vous avez osé dire en entrevue à Radio-Canada, pour vous défendre: «Nous autres, on n'est pas dans les débats publics; nous, on fait du sport. Et la compétition sportive ne devrait pas être mélangée avec la politique. Si un pays vous reçoit avec son chef d'État, bien, vous agissez en conséquence et vous l'appréciez, et c'est ce que nous avons fait».

Pourtant, on dit de vous que vous êtes un homme intelligent. Alors, expliquez-moi comment vous avez pu dire une telle chose. Vous savez très bien que les Jeux olympiques sont aussi et avant tout une affaire politique. D'ailleurs, votre nomination à la tête du Comité olympique canadien n'est-elle pas à la base politique? Toutes les nations qui accueillent les J.O. utilisent cette vitrine pour promouvoir leur façon de faire, leur vision du monde et leur idéologie. S'il est vrai que les athlètes ont la liberté, jusqu'à un certain point, de politiser ou non leur participation, votre travail à vous est en très grande partie politique. Et ne mettez pas sur le dos du protocole votre comportement à la Maison du Canada qui aura aussi eu pour effet de prendre en otage les athlètes présents, car ils n'ont eu d'autre choix que d'applaudir.

Vous auriez dit à Poutine que ses dérives en matière de droits humains étaient acceptables et que l'exploitation de sa population était raisonnable que vous n'auriez pas fait pire. Vos paroles et vos gestes sont une gifle à l'ensemble de celles et ceux qui luttent pour leurs droits, quand ce n'est tout simplement pas pour leur vie. Je suis certain que les Russes, y compris ceux issus des communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles et transsexuelles, victimes des politiques répressives vous érigeront une statue un jour pour avoir fait preuve d'une telle chaleur à l'égard de leur bourreau.

Et votre comportement est d'autant plus insultant, et je reprends ici les propos de l'auteur Michel Dorais, car «même au Canada, de nombreuses organisations, villes et provinces ont hissé le drapeau arc-en-ciel en soutien aux LGBT de Russie et à leurs alliés, plus que jamais discriminés, harcelés, violentés, voire tués depuis l'adoption de la loi pénalisant toute expression des réalités LGBT».

Votre appui «politique», car votre geste et vos paroles sont politiques, vient jeter une ombre sur les droits humains, en plus d'être un accro inacceptable à une neutralité politique de circonstance. Il y a le protocole et il y a la flagornerie qui, dans ce cas-ci, conforte un homme tel que Poutine à mettre en place des politiques et des lois transgressant la dignité humaine.

Et le plus triste, c'est que vous ne pouvez même pas nier la situation actuelle en Russie en regard des droits de l'homme pour vous excuser. Et je tiens à vous rappeler que de défendre les droits humains, incluant les droits des LGBT, ce n'est pas faire de la politique.

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