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Derrière ce flegme écossais, un moment déterminant de l'histoire se joue

Quand je suis entré dans le local de mobilisation du camp du « Yes », situé au second étage d'un joli triplex de la Bellevue Place du quartierd'Édimbourg, j'ai été surpris d'y voir tant de gens qui s'affairaient, qui allaient et venaient profitant de chaque mètre de ce local exigu.
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Quand je suis entré dans le local de mobilisation du camp du « Yes », situé au second étage d'un joli triplex de la Bellevue Place du quartier Broughton d'Édimbourg, j'ai été surpris d'y voir tant de gens qui s'affairaient, qui allaient et venaient profitant de chaque mètre de ce local exigu. On préparait tout le matériel pour monter une table d'information dans un des quartiers les plus multiculturels de cette charmante ville, Dumbiedykes.

Certains appellent cette partie de la ville le « Mosque country ». Des effluves appétissants des différents restaurants qui proposent un menu kurde, égyptien, thaïlandais ou libanais rendent le périple fort agréable. Les militants du Oui montent leur petite table dans le Nicolson square et abordent, toujours poliment, les passants.

On remarque d'entrée de jeu que les premiers à converger vers la table sont des convaincus de chaque camp. Le propriétaire d'un petit bouiboui libanais juste à côté vient se plaindre de ce foutu référendum. Il peste contre les « séparatistes ». Un petit attroupement se forme, les gens discutent, le ton ne monte presque jamais. On coupe peu la parole. Les arguments des uns sont réfutés tant bien que mal par les autres. Une chose me frappe, peu des gens des communautés culturelles qui se sont présentés là, ou qui ont été abordés par les militants du Oui dans la rue étaient des supporters de l'indépendance. À vue de nez, je dirais que 80% de ceux qui se sont prononcés étaient réfractaires à l'indépendance.

Ce quartier borde également un des plus gros pavillons de l'université d'Édimbourg, celui de la faculté de droit. Parmi la population étudiante, l'appui à l'indépendance est beaucoup plus ferme et nombreux sont ceux qui arboraient déjà le petit macaron bleu du « Yes » ou pour les méchants identitaires, le macaron bleu du « Aye! ».

Le tout n'a pas duré plus de 40 minutes. C'est la norme. Vite, on remballe la table dans le petit camion bien identifié aux couleurs du Oui et on sort les boites pleines de fascicules d'information qui expliquent de façon parfois succincte, mais aussi de manière beaucoup plus détaillée si cela s'avère nécessaire, les bienfaits du projet d'indépendance. Betty, la jeune vingtaine, qui fait partie de l'équipe de militants m'explique que la meilleure façon de convaincre les gens demeure le porte-à-porte. « Il n'y a pas une porte dans Édimbourg qui ne recevra pas notre visite; même celles qui arborent une affiche du Non! C'est notre moment. Peut-être cela ne se reproduira-t-il jamais! »

Fascinante expérience. La porte qui bâille un peu, Betty qui se présente, une dame beaucoup plus âgée. La discussion durera plus de 10 minutes. La dame vante le courage de la jeune fille. « Ce pays-là, on le fera pour des gens comme toi. » La dame accepte de poser un collant du « Yes » dans sa fenêtre. Betty est contente, ragaillardie. « Ça compense pour les gens qui déclinent, qui réfutent, qui voteront Non », me dit-elle.

Voilà me semble-t-il la plus ostentatoire manifestation qu'un référendum se tient dans ce merveilleux pays. Pas d'affiches tonitruantes, pas de gros panneaux publicitaires à Édimbourg. Des petites affichettes ici et là, des gens qui discutent de façon impromptue. Les macarons des uns et des autres. Mais une constante chez chaque personne à qui j'ai eu la chance de cause... Tous iront voter. Derrière ce flegme écossais ou anglais, un moment déterminant de l'histoire commune se joue. Ça, tous en conviennent.

Écosse: le camp du Yes en action

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