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La question nationale: une affaire classée?

Si l'on se fie à une enquête pancanadienne menée par la firme Angus Reid, il semble que la question nationale et celle de l'appartenance au Canada seraient des dossiers réglés selon la majorité des Canadiens et des Québécois. C'est du moins ce que titre la CBC...
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Si l'on se fie à une enquête pancanadienne menée par la firme Angus Reid, il semble que la question nationale et celle de l'appartenance au Canada seraient des dossiers réglés selon la majorité des Canadiens et des Québécois. C'est du moins ce que titre la CBC (Radio-Canada anglais) qui a commandé ce sondage-web sur « la perception du Canada » de l'ensemble des canadiens qui comportait plus d'une cinquantaine de questions (et de sous-questions) dont certaines traitaient de l'unité et de l'appartenance nationale.

Il sera très intéressant de constater comment les médias du Québec analyseront ce sondage « publié à quelques jours du vote à la chefferie du PQ » note-t-on à la CBC comme pour amplifier son effet sur les Québécois en général et sur les souverainistes en particulier. D'ailleurs, le court texte qui accompagne le sondage sur le site de la CBC ne manque pas de rappeler que Martine Ouellet est la seule à promettre un référendum dans un premier mandat.

On ajoutera ce sondage au documentaire de Radio-Canada sur le « PQ, un parti d'une génération », savamment placé en plein dans la période du vote à la chefferie.

La méthodologie

Comme c'est le cas chaque fois que j'analyse un sondage, je me rapporte à la méthodologie avant de tirer quelque conclusion que ce soit. Dans le cas de ce Angus Reid, on parle d'un sondage web de 3904 répondants tirés du panel de la firme de sondage, sans marge d'erreur, comme c'est le cas pour ce type d'enquête d'opinion. Le sondage date d'environ trois semaines (du 6 au 12 septembre dernier) et la représentation régionale pour le Québec est de 781 répondants sur 3904. Problème majeur parcoure, la surreprésentation de questionnaires dans la région de Montréal, soit plus de 500 comme on le voit quand on détaille la représentation du Québec sur la question de l'appartenance au Canada.

Quoiqu'appréciable, la représentativité régionale du Québec demeure bien en deçà de ce qu'il faut pour tirer de grandes conclusions sur les perceptions du Québec à l'égard du Canada en ce qui concerne leur « sentiment d'appartenance » à ce pays. Il y a le contexte du sondage qu'il faut considérer aussi. On ne parle pas d'une enquête qui vise spécifiquement la question de l'unité nationale, mais bien d'une large enquête où se mêlent des dossiers aussi variés que l'appartenance religieuse, la confiance des ménages dans l'économie, leur sentiment de sécurité dans leurs collectivités et, aussi, leur degré d'appartenance au Canada. En tout, les répondants ont dû s'étreindre à plus d'une cinquantaine de questions, et de sous-questions. On notera aussi que l'échantillon pour chacune des questions posées varie selon les sujets sondés.

En ce sens, un sondage sur la seule question du sentiment d'appartenance au Canada, qui serait fait spécifiquement au Québec, à partir d'un échantillon plus grand, représentatif des spécificités régionales, linguistiques, générationnelles du Québec pourrait produire un résultat bien différent.

Difficile accès à la version française du questionnaire

On saluera d'ailleurs que cette firme de sondage de la Colombie britannique rende disponible la méthodologie complète de ses enquêtes. Une question demeure par contre, et elle est de taille, rien n'indique que la firme ait traduit son questionnaire pour la présente enquête. Sur le site, on partage le questionnaire utilisé pour ce sondage (ce qui est bien), mais il n'est qu'en anglais. Suite à une requête au service de presse d'Angus Reid, il m'a été possible de me faire confirmer que le questionnaire était bel et bien disponible dans les deux langues, bien que cela ne soit pas affiché dans le détail de la méthodologie.

L'attachement profond au Canada...

Sur la question de l'attachement au Canada, il est intéressant de noter que Angus Reid avait sondé les Canadiens et les Québécois sur cette question en 1991. Si on a souvent raillé le Parti québécois pour ses questions référendaires, force est d'admettre que Angus Reid ne fait guère mieux. D'une part, la firme teste « l'attachement profond » des Québécois au Canada; résultat? Entre 1991 et 2016, rien n'a bougé de ce côté! 36% se disaient profondément attachés au Canada en 1991, 37% en 2016. Statu quo.

Plutôt que de renchérir avec la question de l'appui à l'indépendance, Angus Reid divise ensuite les réponses subséquentes de la façon suivante :

  • Je suis attaché au Canada pour autant que ce pays m'offre une qualité de vie appréciable
  • Je ne suis pas attaché au Canada et préférerais que ce pays se divise en deux ou plusieurs autres petits pays
  • Je préférerais que le Canada joigne les États-Unis

Énoncé de cette façon, l'appartenance « modérée » au Canada bondit.

(L'attachement profond des Québécois au Canada n'a pas changé en 25 ans, mais si on lie cet attachement à un standard de vie plus confortable, il augmente de façon significative)

Ben là! Ça me donne une idée pour la prochaine question référendaire. « Acceptez-vous que le Québec devienne un pays surtout si cela vous confère une bonne qualité de vie? »

Bref, à partir d'un tel prédicat pour le moins douteux, on peut en arriver à une interprétation plus libre de ce « sentiment d'appartenance ».

Dans les faits, si on veut parler de « clarté » d'opinion exprimée, l'appartenance profonde au Canada dans la province de Québec n'a pas beaucoup augmenté en 25 ans.

Quelques constats surprenants!

Je noterai quelques constats surprenants dans ce sondage qui pourraient ne pas être indissociables du fait que cette enquête soit menée en anglais seulement si c'est le cas. Par exemple, si l'on se fie à certaines réponses aux plus de 50 questions posées lors de ce sondage...

Les Québécois seraient ceux qui, au Canada, font le plus confiance aux médias:

Plus de 50% des Québécois seraient optimistes quant à la direction que prend et le futur de leur province (ah? plus de 65% de taux d'insatisfaction du PLQ pourtant):

Plus de 75% des Québécois (et ici sondés très majoritairement à Montréal) croient que ce sont aux immigrants à s'adapter aux valeurs de la société d'accueil...

Près de 70% des Québécois (ici sondés très majoritairement à Montréal) croient que la religion devrait être exclue complètement de la sphère publique (avis aux inclusifs bien-pensants).

Les Québécois, et de très loin, seraient les moins attachés, et ceux qui appuient le moins un réseau de garderie public de type CPE (une incohérence quand on compare aux sondages faits au Québec exclusivement sur cette question).

Près de 40% des Québécois seraient des « pratiquants » religieux quotidiens... (beaucoup de difficulté à le croire...)

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