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La minorité anglophone bafouée au Québec? Not a chance!

Plus que jamais la seule question qui se pose est: indépendance ou assimilation? Car tant que la question nationale ne sera pas réglée, des tensions linguistiques sont inévitables. Dans la longue histoire de l'évolution des peuples, des nations, le statu quo n'existe pas.
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Les mots résonnent encore... «The English are waking up! The English are waking up!»

Bientôt un an depuis ce triste soir où le technicien de scène Denis Blanchette fut assassiné froidement par l'activiste anglophone Richard Henry Bain. Dave Courage a aussi vu sa vie bouleversée, blessé, lui, dans ce funeste attentat politique. Le tueur tentait de pénétrer dans Le Métropolis, lieu de rassemblement du Parti québécois suite à la courte victoire des souverainistes à l'élection du 4 septembre dernier.

Eut-il réussi à y pénétrer qu'on n'ose même pas penser au carnage qui aurait pu s'y produire. L'œuvre d'un forcené? Un francophobe radical assurément, dont les mots n'avaient rien d'incohérent. Un slogan politique, un avertissement.

Suite à l'élection du PQ, même minoritaire, ce qui écarte d'emblée tout échéancier référendaire ou menace de « séparation », on a remarqué une recrudescence de textes, d'articles et de groupes antinationalistes québécois dans les médias sociaux. Pourtant, la démarche du Parti québécois reflète les aspirations légitimes et démocratiques d'un nombre suffisant de Québécois afin que le parti prenne le pouvoir. Que les nationalistes québécois respectent le processus démocratique (malgré l'incurie fédérale de 1995) n'y changera rien. Ce qui dérange les antinationalistes québécois, c'est l'existence même de ce mouvement. L'élection du PQ n'aura que rappelé aux Canadiens que, maintenant que la Grande Noirceur du régime Charest est chose du passé, bon nombre de Québécois n'ont pas abandonné leurs aspirations d'émancipation nationale, loin de là.

Défendre la pérennité de la langue française, pire, lui revendiquer un état plein et entier, est devenu un acte fascisant, une déclaration de mépris contre les anglophones, un manque de respect envers «The Wolfe Legacy». Qu'ont-ils encore à se plaindre ces «damn frogs», me semble qu'on a gagné la guerre non! (La vidéo de la semaine en ce sens)

«Last time i checked, we're in Canada here! It's my right to be spoken in english!»

Autre fausse controverse récente, celle d'une arrestation policière à Magog pendant laquelle un policier en cours d'arrestation a refusé de s'adresser, en anglais, aux parents du mineur qu'il arrêtait. Carl Monette de RadioX Montréal s'est entretenu avec ce pauvre citoyen, Philip Catchpaugh, qui, avec sa femme, ont été rudoyés linguistiquement par un autre citoyen francophone intolérant, ce policier. Non content de se faire répondre en français, M. Catchpaugh a enregistré la communication avec ce policier et l'a mise sur le web (il l'a retirée depuis). L'arrestation policière n'est pas en cause, il s'agit d'un conflit linguistique.

Notons que ce citoyen admet avoir vécu toute sa vie au Québec sans que ni lui, ni sa femme n'aient jamais appris le français... Monette soulève des questions très pertinentes à la fin de l'entrevue concernant le fait que c'est difficile de trouver quelconque sympathie pour quelqu'un qui habite 22 ans au Québec sans jamais n'apprendre le français (il faut écouter l'extrait jusqu'à la fin).

Le billet se poursuit après la galerie

La Loi 101 au Québec

Tensions linguistiques inévitables?

Le fédéralisme s'est radicalisé pendant la décennie de pouvoir libéral durant laquelle la gouvernance du moment a abandonné toute revendication ou mesure de protection de la langue française. Pire, Charest avait nommé à l'Office québécois de la langue française nombre de personnes dont il savait qu'elles combattraient de telles mesures, comme Peter E. Trent (ancien d'Alliance Québec) ou Gordon Bernstein, le tout bien encadré par la très libérale France Boucher (oui, la fille de l'autre...).

Le Parti libéral a beau jeu de rester coi pendant que s'opère l'assimilation tranquille. Chaque cycle électoral (et le temps qui passe) minorise toujours un peu plus la nation québécoise. C'est le propre d'une démographie où la balance est sans cesse négative pour les Québécois de souche. Le calcul est simple: laisser le temps faire son œuvre, s'employer à combattre toute mesure qui renforce le statut du français dans la province et toujours lui opposer le bilinguisme collectif, autre vecteur d'assimilation, comme l'a dénoncé le linguiste Paul Daoust, cité ici par l'éditorialiste du Devoir Antoine Robitaille):

«Si le bilinguisme individuel est une immense richesse, le bilinguisme collectif pour une minorité politique est un poison mortel. Ce bilinguisme collectif n'existe que le temps de laisser la minorité rejoindre la majorité».

C'est pourquoi on entend depuis quelques jours le chef libéral Philippe Couillard clamer sur toutes les tribunes que la question linguistique est une «vieille chicane», un vieux débat qu'il vaut mieux éviter. En ce sens, il est en adéquation parfaite avec l'autre chef fédéraliste, l'ex caribou François Legault qui, pour gagner l'appui de fédéralistes, a choisi la voie de l'attentisme assimilatoire. Le problème demeure pourtant entier et ne disparaîtra pas. L'élite fédéraliste du Québec fera tout en son pouvoir pour écarter le PQ la prochaine fois afin que la question de la langue soit de nouveau enterrée.

Et pendant ce temps, les fédéralistes se radicalisent...

Plus que jamais la seule question qui se pose est: indépendance ou assimilation? Car tant que la question nationale ne sera pas réglée, des tensions linguistiques sont inévitables. Dans la longue histoire de l'évolution des peuples, des nations, le statu quo n'existe pas. Quoiqu'en disent les tenants du statu quo, nous serons en processus constant d'assimilation tant que les Québécois n'auront pas tous les outils dont disposent les nations souveraines afin d'assurer la pérennité de leur langue, de leur culture ; ce qui n'est pas incompatible, en passant, à l'ouverture sur le monde !

En terminant, ne soyons pas dupes, les tenants du statu quo savent très bien à qui sert le temps qui passe. Ceux qui chantent les vertus du temps qui passe, du fruit qui n'est pas mûr, sont les mêmes qui attendent, piaffant d'impatience, qu'il pourrisse enfin ce putain de fruit.

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