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Le Québec, nouveau champion de la droite canadienne

Drôle d'ironie. Alors que les Albertains choisissent de mettre terme au règne de la droite, le Québec, lui, s'enlise dans l'austérité, les privatisations à venir, les coupures de services... Le Québec replonge dans la noirceur.
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C'était quand même assez spécial de suivre la soirée électorale albertaine sur les médias sociaux. Rarement aura-t-on vu la « Belle province » s'enticher autant d'une élection provinciale du Rest of Canada... Il faut dire que l'hégémonie conservatrice sur l'Alberta date de l'époque où le Québec quittait la grande noirceur duplessiste, un certain Jean Lesage prenait le pouvoir à Québec à peu près au même moment...

Drôle d'ironie. Alors que les Albertains choisissent de mettre terme au règne de la droite, le Québec, lui, s'enlise dans l'austérité, les privatisations à venir, les coupures de services... Le Québec replonge dans la noirceur.

Ne soyons pas dupes cependant. Le vote populaire en Alberta demeure majoritairement à droite (52% si on additionne le Wildrose et le parti progressiste-conservateur) et le NPD albertain est plus centriste que son homologue fédéral : il est par exemple pro-pétrole et appuie le pipeline TransCanada Est. Tout de même, la fin de ce long règne est un événement politique majeur sur la scène politique canadienne. Il fallait voir les visages déconfits des conservateurs fédéraux à Ottawa pour bien saisir l'ampleur de la secousse, comme le rapporte Hélène Buzzetti dans Le Devoir.

Le Québec, nouveau champion de la droite canadienne

Alors que l'Alberta chasse les conservateurs et passe à l'orange, force est de constater que le Québec est désormais le champion de la gouvernance à droite dans tout le Canada, et de loin.

L'économiste Pierre Fortin faisait remarquer cet hiver que le Québec est l'un des champions de l'austérité dans le monde. Les goussets des finances sont tenus par des idéologues parmi les plus à droite fiscalement, comme Martin Coiteux (qui aurait pu se présenter sous la bannière du Parti conservateur du Québec d'Adrien Pouliot), le banquier Carlos Leitao et Jacques Daoust. Ici, ce sont la radio-poubelle de Québec, le patronat, l'Institut économique de Montréal, le HEC qui exultent depuis le 7 avril 2014...

Chaque jour, les Québécois se réveillent au son des nouvelles qui annoncent toujours plus le démantèlement de leur tissu social. Les Commissions scolaires qui sabrent dans les services aux élèves. Les CPE qui coupent dans la portion de lait aux enfants. Les médecins généralistes qui tentent en grand nombre de fuir le réseau public de la santé afin d'éviter la gouvernance méprisante du ministre Barrette. C'est tout de même indécent d'apprendre le même jour que les députés à Québec bénéficient d'une petite hausse de salaire alors qu'un CPE se voit contraint de couper des portions de lait aux enfants, et ce même si la direction réduit les heures travaillées pour tenter de réduire la portée des coupures de services!

Doit-on rappeler qu'ailleurs au Canada, ceux qui dirigent ont plutôt choisi de donner l'exemple, comme au Nouveau-Brunswick où le premier ministre et le cabinet se sont imposés des réductions de salaire... Rien à attendre des Libéraux de ce côté. L'exemple de la députation libérale au Québec? Chaque fois qu'il y a eu partielle suite à la démission d'un député, caquistes et péquistes ont refusé la prime de départ - c'est la moindre des choses quand on démissionne -, chaque fois le député démissionnaire libéral a encaissé jusqu'à la dernière cenne. En la matière, le cas d'Émannuel Dubourg était particulièrement indécent...

Au final, cette gouvernance de droite que Philippe Couillard impose aux Québécois (sans jamais ne l'avoir annoncée en campagne électorale, faisant plutôt tout pour cacher ses intentions) trouve ses appuis les plus solides à Québec, au sein de ce bastion de la droite fiscale très proche des conservateurs. Les troupes de Stephen Harper regarderont très certainement du côté de l'électorat très volatil du Québec pour faire des gains dans ce contexte plus qu'incertain sur la scène pancanadienne. En ce sens, recruter le populaire maire de Victoriaville Alain Reyès montre que les conservateurs veulent s'imposer au Québec dans des comtés qu'ils n'ont pas occupé d'histoire plus récente.

Voilà le triste constat que me révélait ce « Chinook orange » qui déferlait sur l'Alberta hier soir, tard dans la nuit... Indiscutablement, une fois la poussière retombée, le Québec est désormais la province la plus à droite de tout le Canada et cela s'est fait sans que Philippe Couillard n'ait à glisser mot de son itinéraire, fort de l'appui d'un électorat captif peu versé quant aux questions de gouvernance, semble-t-il, sinon qu'elle ne fut pas péquiste...

C'est à pleurer.

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