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Nous n'avons pas à nous excuser de qui nous sommes; ni à renier notre patrimoine, notre histoire. Soyons francs, droits et tolérants. Nous vivons encore à l'ombre des clochers, nos villages ont parfois des noms particuliers. Cela a façonné qui nous sommes. Pas de honte. Relever la tête bien haut, faire fi du vent de face et des habituels marchands de peur, faire honneur à la résilience de nos ancêtres...
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La surenchère du mépris n'a visiblement aucune limite. Comment ne pas souligner la dernière salve lancée dans le très sérieux ipolitics.ca par Tasha Keirhiddin. Comment ne pas s'en indigner. Cette chroniqueuse bien connue pour ses positions controversées - bien qu'elle n'ose pas répéter ce genre d'inepties sur les ondes de son panel de la Société Radio-Canada - amorce son torchon par ce qui semble être un fait accompli: «What a year it's been for Quebec's xenophobes.»

Mais cette perle, à elle seule, est un manifeste probant de tout ce qui justifie la longue marche de la nation québécoise vers l'émancipation, l'indépendance :

«Xenophobia has deep roots in Quebec, its most frequent targets being Jewish and anglophone communities. Examples include quotas for Jewish students at McGill University in the 1920s, PQ Premier Jacques Parizeau's rant about losing the 1995 referendum to "money and the ethnic vote" and the firebombing of a Jewish school as recently as 2007. In a survey conducted by Leger Marketing that same year, 59 per cent of Quebecers described themselves as racist or somewhat racist, compared to 47 per cent of other Canadians.»

Ah bon? C'est vrai que le vainqueur saxon de la bataille des plaines d'Abraham a fait dans la dentelle. Tant qu'à nous donner une perspective historique, parlez-nous de 1755, des troubles de 1837-38 et du combat des patriotes, qui débute en 1830 et se termine par l'incendie du parlement de Montréal en 1849, lorsque les tories y foutent le feu devant le regard approbateur de l'armée. Parlez-nous aussi des deux crises de la conscription. Parlez-nous de l'arrogance de Trudeau à la Saint-Jean de 1968, de ses mesures de guerre en 1970, de son décret passé en catimini afin de laisser la GRC fomenter des attentats au nom du FLQ dans l'espoir de discréditer l'essor manifeste du mouvement souverainiste. Parlez-nous aussi du bon gouvernement fédéral, bon joueur en 1995, qui a su respecter les règles, parlez-nous des Commandites, d'Option Canada...

Le billet se poursuit après la galerie

Des images de la violente St-Jean de 1968

Ah oui, c'est vrai. Qu'il est xénophobe, ce peuple du Québec. Il est tellement intolérant qu'il opprime la minorité anglophone au Québec jusqu'au délire en lui garantissant ses propres hôpitaux - mieux financés que ceux de la majorité -, ses propres universités - une accessibilité deux fois plus grande que celles de la majorité -, ses propres commissions scolaires, des services dans sa langue - «Please press 9» - qui feraient rougir de honte leurs équivalents pour la minorité francophone au Canada.

«Don't get me wrong», et je l'ai écrit ici encore récemment : toutes nos origines enrichissent le Québec et, dans le débat actuel, il est impératif de ne pas oublier ces collectivités anglophones avec qui nous partageons le Québec depuis toujours.

Maudite xénophobie

La Charte des valeurs québécoises fait jaser. Le moins qu'on puisse dire, c'est que rarement un projet de loi annoncé, mais jamais encore déposé, n'aura fait couler autant d'encre, sinon que le projet de loi 14, l'automne dernier, qui avait pour objectif de resserrer les dispositions de la Loi 101 afin de mieux protéger la langue française, notamment à Montréal.

Qu'ont en commun ces deux mesures promises par le Parti québécois lors de la dernière campagne électorale? Elles dérangent beaucoup les cercles fédéralistes au Québec et l'ensemble des chroniqueurs canadiens, car elles rompent le silence imposé par une décennie de gestion libérale des questions litigieuses, mais jamais encore réglées au Québec: la protection de la langue française, quand l'anglicisation est endémique sur l'île de Montréal, mais en Outaouais aussi, et la gestion de tout ce qui découle des questions soulevées par la Commission Bouchard-Taylor, dossier que Jean Charest avait mis sur une tablette et aurait sans doute aimé l'enfermer dans un bunker nucléaire.

On peut comprendre le PLQ de vouloir à tout prix éviter toute discussion qui s'approche des questions identitaires au Québec. Si l'on se fie aux coups de sonde publiés récemment dans La Presse sur les intentions de vote au Québec (j'ai toujours eu de grandes réserves quant aux sondages non probabilistes sans marge d'erreur de CROP-La Presse-Gesca-Sagard), le PLQ jouirait d'un appui de plus de 90 % dans les collectivités anglophones et allophones. La décennie de gouvernance libérale a donc cristallisé de manière presque stalinienne ce schisme qui existe entre son appui chez les Allos et les Anglos par rapport à celui chez les francophones au Québec.

En conséquence, le chef libéral Philippe Couillard continuera à répéter comme un mantra que tout débat qui vise de loin ou de très loin la question de l'identité est «une diversion distante des préoccupations des Québécois», ce qui est probablement le cas de la clientèle libérale; il dira que ce sont là de «faux débats», qu'il ne faut pour gouverner le Québec que parler d'économie et d'emplois. Ironique tout de même quand on considère le bilan économique de la gouvernance Charest...

En toile de fond

Que ce soit lors des discussions concernant un resserrement des dispositions de la Loi 101, lors de la tempête engendrée par le port du turban sur les terrains de soccer au Québec ou la présente discussion sur une «charte des valeurs» communes au Québec, une chose semble claire: le combat acharné que mènent les fédéralistes au Québec pour la préséance du « multiculturalisme » comme on le prône au Canada. Le problème demeure qu'une grande majorité de Québécois francophones, sans égard à leurs inclinaisons politiques, refusent qu'on applique les préceptes du multiculturalisme «canadian» à la réalité de la nation québécoise. Ainsi, chaque fois qu'on touche à un dossier qui évoque cette lutte sans trêve, les passions sont déchaînées.

Notons au passage que la France s'apprête à afficher sa propre Charte de la laïcité dans toutes ses écoles sans que cela soulève le genre de réponse polarisée qui en appelle à la terminologie du mépris.

Pour ma part, j'attendrai de lire ce que le Parti québécois aura à proposer dans sa Charte des valeurs québécoises, bien que j'aie un préjugé favorable pour la mesure en tant que telle...

Nous n'avons pas à nous excuser de qui nous sommes; ni à renier notre patrimoine, notre histoire. Soyons francs, droits et tolérants;

Nous vivons encore à l'ombre des clochers, nos villages ont parfois des noms particuliers. Cela a façonné qui nous sommes. Pas de honte;

Relever la tête bien haut, faire fi du vent de face et des habituels marchands de peur, faire honneur à la résilience de nos ancêtres...

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