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Un cycle électoral déterminant au PQ: dynamisme ou disparition?

Le cycle électoral dans lequel nous sommes engagés présentement sera déterminant pour la suite des choses au PQ. Si vous vous entêtez, Mme Marois, à faire cavalier seul, ce pourrait bien être la fin de ce parti qui aura manifestement duré trop longtemps et ne représentera plus les aspirations des souverainistes et nationalistes québécois. Car un autre long purgatoire dans l'opposition vous sera fatal.
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CP

C'était, en fin de semaine dernière, la fête des Mères. J'en profite pour rappeler mes vœux.

Un beau pot de fleurs...

Bonne fête des Mères, Madame Marois...

On oublie trop souvent à quel point votre parcours afin de devenir la première femme à diriger la destinée de cette nation d'irréductibles francophones en Amérique fut rocailleux. Cela devait arriver un jour, ce fut vous. Comme pour ajouter aux embuches, vous n'avez même pas eu le loisir de terminer votre discours de victoire le 4 septembre dernier que déjà on vous tirait dessus... Symptomatique de ce qui vous attendra, car on retiendra de votre gouvernance qu'on vous a attaqué, à droite, à gauche, chez les souverainistes, certains médias ou chroniqueurs politiques vous étant ouvertement hostiles.

Vos adversaires aiment vous dépeindre en femme de la Haute, en bourgeoise parvenue, en caricature de Castafiore ridicule. Pourtant vos origines sont modestes, vous avez élevé quatre enfants, enceinte jusqu'aux oreilles lorsqu'élue la première fois, vous avez eu à diriger tous les grands ministères du Québec, vous êtes l'exemple d'une femme qui a foncé droit devant, qui n'a jamais reculé ou fléchi quand on vous a mandaté de diriger les Finances, l'Éducation, la Santé; envers et contre tous ceux qui vous ont dénigré, tant au Parti québécois que chez vos adversaires...

Le 4 septembre dernier, vous avez hérité de la pire main qui soit: un gouvernement minoritaire au possible et les conséquences de la pire gouvernance de l'histoire du Québec, celle du PLQ de Jean Charest. Neuf années de corruption, de collusion, d'instrumentalisation de l'état à des fins partisanes, de déficits accumulés et pour clore le tout, une crise sociale comme on n'en avait pas vue depuis quarante ans, fomentée par opportunisme politique par un premier ministre prêt à tout, a-t-on déjà oublié ces images désolantes du printemps dernier, ces crânes brisés, ces citoyens rudoyés?

Enfin débarrassés de la chape de plomb libérale qui pesait sur le Québec, dès votre arrivée à l'Assemblée nationale, tout un chacun se ruait à votre porte afin que vous arrangiez, patentiez une solution à tout ce qui avait été enrayé par l'incurie libérale, comme par magie.

Mais sous avez trouvé une maison, cette Assemblée de tous les Québécois, dévastée, les finances délabrée et ce climat d'affrontement qui suintait encore des fumigènes du printemps dernier. Qu'à cela ne tienne, on vous a tenu à l'impossible. Tout livrer tout de suite même si vous aviez devant vous un front uni de fédéralistes prêts à vous défaire au besoin, ou à vous laisser faillir, sachant dans quelle position vous étiez. De l'autre côté, à votre gauche, quand vous avez proposé des mesures progressistes en début de mandat, on vous a répondu par un silence complice de l'entreprise de déstabilisation de votre gouvernance naissante. Nous dirons de ce gouvernement que vous dirigez présentement qu'il était voué à l'échec, Made to fail comme le disent nos voisins.

Maintenant, le pot.

À l'évidence, au PQ, après tant d'années dans l'opposition, on avait perdu la main de la gouvernance... Dès le début, la majorité des Québécois vous appuyaient dans les dossiers du nucléaire et de l'amiante. Ces dossiers auraient pu vous permettre d'insuffler de l'optimisme dans votre gouvernance naissante. Mais des imbroglios dans les communications- pour ne pas dire un cafouillage - et vos adversaires libéraux et caquistes qui ont su exploiter ces valses hésitations, l'optimisme s'est transformé en crise.

La nomination d'André Boisclair et sa double fonction et vous voilà encore en mode défensif. Vous corrigerez le tir, mais le mal est fait. On vous accolera l'étiquette du camion qui recule. Tous les gouvernements doivent s'ajuster en cours de mandat, Charest était le maître des projets avortés (Orford, ports méthaniers, etc.) et Harper au fédéral se bute à des culs-de-sac régulièrement, comme le dossier des F-35. Mais on ne vous a jamais accordé le bénéfice de l'ajustement; au contraire, l'analyse de la couverture médiatique des premiers mois de votre mandat montrerait plutôt un positionnement hostile à votre égard de certains groupes médiatiques.

Le billet se poursuit après la galerie

Il vous sera très difficile de briser ce cycle, cette étiquette qu'on vous a accolée, et vous savez que vos adversaires en feront un thème de campagne électorale afin de vous attaquer. Tout n'est pas perdu cependant et il existe encore certains sujets autour desquels vous pourriez bâtir un dynamisme bienvenu au PQ.

Il faut revenir à la base: la souveraineté. Ironiquement, pour créer un dynamisme au PQ sur cette question, il vous faudra changer complètement votre perspective. Exit les invitations au « sabordage » des autres mouvances souverainistes. Nous ne sommes plus en 1976 et de plus petites formations politiques comme Option nationale peuvent très bien influencer le cours des choses même si elles sont négligeables sur le seul échiquier des prédictions électorales chiffrées. Le 4 septembre dernier, les « souverainistes » ont raté une occasion historique emballante de collaborer au Québec. Le PQ demeure le parti le plus populeux en matière de membres, mais il ne peut plus revendiquer pour lui seul la paternité du projet souverainiste; il en va de sa crédibilité.

Un Front uni des souverainistes auquel participerait le PQ sans y imposer sa bannière de parti pourrait dynamiser les troupes. Il existe bien des divergences entre les partis souverainistes, mais une entente de collaboration axée sur l'article 1 du PQ forcerait les autres formations à se positionner. La souveraineté, oui ou non? Pas de « oui, mais peut-être, si le vent souffle à gauche et que nos membres ont eu le temps de... »

Le cycle électoral dans lequel nous sommes engagés présentement sera déterminant pour la suite des choses au PQ. Si vous vous entêtez à faire cavalier seul, ce pourrait bien être la fin de ce parti qui aura manifestement duré trop longtemps et ne représentera plus les aspirations des souverainistes et nationalistes québécois. Car un autre long purgatoire dans l'opposition vous sera fatal. Mais si le PQ accepte une nouvelle dynamique dans la défense de l'idéal souverainiste, axée sur la collaboration, il se départagera des autres partis à l'Assemblée nationale. Ça pourrait commencer par inscrire la proportionnelle dans le rang des promesses bipartisanes du Front uni des souverainistes.

La balle est dans votre camp madame Marois, surprenez-nous!

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