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Si Philippe Couillard avait eu le courage d'annoncer son funeste programme politique, aurait-il été élu?

En santé, en éducation, en environnement, par leurs politiques de terre brûlée, en économie, par leur imposition d'une austérité dont ils n'ont jamais parlé, ni annoncée pendant la dernière campagne électorale, les Libéraux ont berné les Québécois.
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Si Philippe Couillard avait eu le courage d'annoncer son funeste programme politique, aurait-il été élu?

C'était une belle journée de fin-septembre. Agréablement chaude alors que le mois d'octobre se pointe le nez, les couleurs automnales ne laissent poindre aucun doute, l'automne est à nos portes.

« T'as manqué ça pendant que t'étais en Écosse! Le ministre Heurtel a fait un fou de lui! »

Vendredi, fin de journée, notre souper hebdomadaire entre amis, les enfants courent partout, s'amusent, leurs éclats de rire tranchent avec l'exaspération de ma réponse. Je me souviens encore de la première fois que mon beau-père, ingénieur mécanicien sur la Camil-Marcoux, m'a fait visiter la timonerie de ce gigantesque bateau. Sur le pont ensuite, c'était la fin de l'automne, mais vraiment l'hiver tant il est parfois précoce aux portes de la Gaspésie. Rien n'arrivait à me faire décoller du pont.

« Crisse que c'est beau. »

Le fleuve est encore plus majestueux quand on le navigue, quand il nous avale. Surtout quand il se déchaîne. J'y suis retourné souvent. La Gaspésie, c'est ma deuxième demeure. Quand on devient Gaspésien, même par procuration, on ne voit plus le fleuve de la même façon. Il ne nous quittera plus jamais.

Heurtel... Sur le coup, j'ai bien fait savoir à mon chum que je n'avais rien manqué des inepties libérales pendant ma courte absence. Mais c'était faux. Il y a une image qui m'avait échappé, celle du Minerva Gloria à Sorel. J'avais complètement raté la vue de ce mastodonte, si loin dans le fleuve. Un seul de ces mastodontes qui s'éventre dans le St-Laurent pourrait avoir des conséquences sur des générations...

Avant de quitter pour la Gaspésie, mes beaux-parents étaient Sorelois. Marine industries, le traversier de St-Ignace, les Îles de Sorel, y'a comme un lien. Ces deux régions m'habitent depuis longtemps.

Comment diable ce gouvernement peut-il être aussi bête et permettre le transport de ce brut toxique le plus rapidement possible, sans études scientifiques dignes de ce nom, sans plan d'urgence afin de répondre à une éventuelle catastrophe sur le fleuve... 20 % des réserves d'eau douce de la planète et ce gouvernement se comporte comme les dirigeants cavaliers qui approuvent les coupes à blanc en Amazonie. Un gouvernement inféodé aux intérêts des pétrolières albertaines qui cherchent à tout prix, de toutes les façons possibles, à exporter son bitume toxique dont personne ne veut porter la responsabilité des risques énormes du transport.

Ils étaient 8000 dans le Nébraska en fin de semaine, Willie Nelson, Neil Young, tous unis pour bloquer le pipeline Keystone XL. Des dizaines de milliers de citoyens en Colombie-Britannique ont fait la même chose, sur plusieurs mois, unis pour dire non à cette incurie, à ce projet qui ne rapporte que des miettes, presque rien, aux collectivités qui portent le risque de faire transiter le brut lourd sur leurs terres.

C'était sans compter sur Philippe Couillard, prêt à tout pour se faire du capital politique dans le ROC, lui à genoux en toutes circonstances devant le Canada.

« Envoyez-le ici votre pétrole! Les bélugas, le fleuve, les risques... Ah! J'm'en occupe! »

La juge Claudine Roy de la Cour supérieure du Québec dans son jugement qui stoppe net les travaux de TransCanada à Cacouna aurait sonné le glas de Heurtel à Québec. Il semble bien que le certificat qui autorise la pétrolière à forer dans la pouponnière des bélugas ait été obtenu au prix de pressions politiques sur une jeune fonctionnaire au statut précaire. Ils ne s'arrêteront devant rien ni personne pour l'exporter leur bitume sale. C'est complètement dégueulasse.

En santé, en éducation, en environnement, par leurs politiques de terre brûlée, en économie, par leur imposition d'une austérité dont ils n'ont jamais parlé, ni annoncée pendant la dernière campagne électorale (pire, Couillard dénonçait des supposées politiques austères du PQ et de Nicolas Marceau!), les Libéraux ont berné les Québécois.

Si Philippe Couillard avait le courage d'annoncer son sinistre programme politique aux Québécois, s'il avait eu le courage d'annoncer qu'il couperait 1 milliard en éducation, qu'il abolirait les agences de santé, qu'il permettrait vitesse grand V l'exportation du pétrole par nos terres, sans bénéfices pour le Québec sinon que les risques insoutenables (ne se souviennent-ils pas de Lac-Mégantic!), si les Libéraux avaient eu le courage d'annoncer qu'ils imposeraient le bilinguisme tout en restant coi sur l'enseignement du français, s'ils avaient eu le courage d'annoncer qu'ils supprimeraient les Conservatoires...

Auraient-ils été élus?

Notre système politique désuet permet à un parti politique de cacher, de taire son programme politique en usant de démagogie pour se faire élire (pas de charte, pas de référendum! En effet, Couillard ne consulterait même pas les Québécois pour les réintégrer de force dans la Constitution...). Et si cela réussit, voilà ses élus morts de rire, car il n'existe aucun contrepoids politique, rien qui permette aux citoyens de stopper cette incurie, sinon que la rue et encore...

En Écosse, suite au résultat du dernier référendum, devant la manifeste intention des partis de Westminster de tout faire pour éviter la dévolution de pouvoir promise aux Écossais en échange du rejet de l'indépendance, voilà que les citoyens joignent par dizaine de milliers le Scottish National Party. Ils étaient des milliers dans la rue en fin de semaine pour dire « Nous ne nous laisserons pas berner ».

Ils ont refusé l'apathie. Et si nous faisons de même. Et si nous répondions aux Libéraux, par dizaine de milliers, que leur incurie a assez duré...

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