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La vérité sort de la bouche des enfants

Quel parent ne s'est jamais retrouvé gêné devant un inconnu à qui son enfant venait de dire une énormité?
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Quel parent ne s'est jamais retrouvé gêné devant un inconnu à qui son enfant venait de dire une énormité?

On associe souvent l'enfance à la naïveté, à la fraicheur, à la candeur.

Effectivement, leur « filtre » n'est pas encore tout à fait au point. Le filtre, oui, oui. Vous savez, cette petite voix dans notre tête qui nous susurre : « Hum, es-tu sûr que ce tu t'apprêtes à dire est vraiment une bonne idée ? ». Même à l'âge adulte, certains n'ont pas un filtre complètement développé ou encore, ce filet a des mailles trop espacées. Mais bon.

Chez l'humain, ce filtre est en fait le lobe préfrontal du cerveau, responsable de l'inhibition (en d'autres termes, ça nous empêche d'être impulsif). Enfant, ce lobe n'est pas encore arrivé à maturité, ce qui peut expliquer des petites « fuites » chez nos cocos, aussi craquants soient-ils.

Je me rappelle d'une fillette ayant scandé haut et fort : « T'es laide, toi » à une connaissance. Ouch.

Ma mère m'a rappelée qu'enfant, j'ai déjà interpellée une dame en lui disant à quel point elle avait une grosse poitrine. Oups.

Mais parfois, cette spontanéité est utilisée à bon escient, à l'insu de l'enfant.

Lors d'une conférence sur l'estime de soi en lien avec la lecture et l'écriture, j'ai ressorti mes vieux journaux intimes. Vous savez, ceux ayant un cadenas (facilement cassable) ainsi qu'une odeur parfumée (20 ans plus tard, mon journal sent encore un peu la fleur !). En le feuilletant, amusée que j'étais tant par ma calligraphie que mes préoccupations existentielles (« Mon frère est con. Non, ce n'est pas vrai. J'étais fâchée quand j'ai écrit ça » ou encore : « J'aime Tommy. Non, je ne l'aime plus. Maintenant, j'aime Philippe »), je suis tombée sur un passage assez bouleversant de vérité.

Alors que je me questionnais sur mes amitiés, sur le rang qu'occupaient mes amies dans mon cœur, j'ai compris quelque chose, du haut de mes six ans, sans trop savoir à quel point je disais (écrivais) vrai.

J'ai écrit gris sur blanc (j'utilisais le crayon à mine HB) : « Dans le fond, c'est moi, ma meilleure amie. C'est moi que j'aime le plus ».

Wow ! Bravo, mini-moi. En grandissant, j'ai eu tendance à l'oublier, à m'oublier. À me faire passer en deuxième, puis en troisième. À vouloir plaire à tous, sans penser à me plaire en premier lieu.

À vouloir ressembler à Camille, Olivia, Joëlle, Maude, Carine, pourvu que ce ne soit pas moi. En fait, je voulais tellement être comme Joëlle (histoire vraie), que je voulais porter, tout comme elle, des lunettes et des appareils dentaires. À l'âge adulte, je porte effectivement des lunettes, qui s'embuent quand je rentre de l'extérieur en plein hiver, qui me glissent sur le nez quand je parle, qui laissent des traces rosées sur l'arête de mon nez. Et depuis aujourd'hui, un appareil dentaire. Eh oui, je ressemblerai à un boxer (la nuit seulement, c'est déjà ça).

Trêve de plaisanteries, j'ai souvent eu comme modèle des filles puis des femmes. J'ai voulu ressembler à tant d'autres sans trop savoir qui j'étais, moi. Sans savoir si je voulais me ressembler à moi. Sans savoir si je valais la peine de me ressembler.

Aujourd'hui, quand je me regarde à travers mes lunettes, avec mon appareil de boxer, je me dis que j'arrive de plus en plus à être moi - la majorité des facettes, en tout cas - grâce à ces femmes qui m'ont entourée, inspirée. Et que j'arrive de plus en plus à m'accepter, à m'assumer.

« Je suis ma meilleure amie ».

Merci, mini-moi.

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