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C'était un p'tit bonheur...

On attend après une bonne nouvelle, un nouvel emploi, une nouvelle acquisition; un nouveau «char», un morceau de vêtement convoité, des électros en, un nouveau condo, une cour plus grande, une piscine plus creuse.On attend d'avoir fini nos études, d'être sur le marché du travail, de trouver un emploi plus stimulant que le précédent, plus payant.
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C'est quoi pour vous, le bonheur? Atteindre quelque chose? En réussir une autre? Aboutir quelque part? Arriver à une finalité?

Adolescente, j'avais lu un billet dans un journal quelconque. Déjà, ces mots m'avaient touchée. L'auteur (dont je ne me rappelle plus le nom), soulignait le fait qu'on attendait souvent après quelque chose pour d'être heureux.

On attend après une bonne nouvelle, un nouvel emploi, une nouvelle acquisition; un nouveau «char», un morceau de vêtement convoité, des électros en stainless, un nouveau condo, une cour plus grande, une piscine plus creuse.

On attend d'avoir fini nos études, d'être sur le marché du travail, de trouver un emploi plus stimulant que le précédent, plus payant.

On attend d'avoir des enfants, qu'on n'ait plus à changer de couches, qu'ils entrent à l'école, passent au secondaire, terminent leur foutue adolescence, soient acceptés à l'Université, terminent leur interminable scolarité, déménagent en appartement pour se retrouver enfin entre conjoints. Pour finalement réaliser qu'on s'ennuie des enfants, de la vie qu'ils mettaient dans la maison.

On attend la retraite pour enfin faire des voyages, explorer le monde, telles des Dora adultes, pour s'inscrire à un cours de yoga, tiens, pourquoi pas.

Paf! On tombe malade. Oublions les voyages, la position du lotus.

Oups...on a oublié de profiter de la vie.

Je me rappelle un homme que j'avais rencontré. Il travaillait comme un forcené, sans même apprécier son emploi. «Je me ramasse de l'argent pour ma retraite! Là, c'est encore le temps; je suis en forme, je peux travailler de longues heures au froid sans me fatiguer. Pis quand j'vais être vieux, j'vais profiter de l'argent que je me suis amassé pendant toutes ces années».

J'avais trouvé étrange qu'il retarde ainsi le moment de profiter de son temps, de son argent. Je me disais que justement, il était encore jeune, encore en forme. Le moment idéal pour se payer le voyage tant convoité, non?

Quand je lui ai demandé ce qu'il ferait s'il tombait gravement malade à l'aube de sa retraite, il n'a su que me répondre. Il n'avait pas pensé à ça. Ce n'était pas dans ses plans. «La vie, mon cher monsieur, a parfois des plans différents des nôtres».

Retournons donc à l'essentiel. Soyons donc heureux, juste comme ça, pour le fun. Réjouissons-nous de pas grand-chose, juste pour être heureux. Sans attendre que... quels sont vos petits bonheurs, vous? Ce qui vous rend le sourire ou l'amplifie?

Moi, c'est de mâcher de la gomme «trio de melons». C'est de me glisser dans ma robe de chambre douillette les soirées froides d'hiver en lisant un bon livre. C'est de croiser un élève réservé dans le corridor qui finalement, affiche le plus grand sourire de la Terre en me croisant.

J'apprends à être heureuse même lorsque rien d'exceptionnel ne s'est produit dans ma journée, même lorsque je n'ai pas gagné 7 854 362 de dollars à la loterie, ni remporté le Goncourt, ni mérité une ovation pour une réalisation quelconque.

J'aurais pu être déçue face à ma journée loin d'être exceptionnelle. Me dire que c'était banal, «plate», à la limite.

Mais j'ai fait le choix de m'en réjouir. D'apprécier le calme, de profiter du repos. De reconnaitre les petits bonheurs placés çà et là sur mon chemin, en cette journée plus que froide.

J'aurais pu me plaindre de la température. À la place, je me suis réjouie que ma voiture démarre par ce temps froid. Et j'ai mâché de la gomme trio de melon en robe de chambre en lisant un bon livre, après m'être fait offrir le plus beau sourire du monde par un petit timide de 10 ans.

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