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Mon cerveau a besoin de sérotonine

Depuis avril 2013, je prends, chaque soir avant de me coucher, la dose de sérotonine que mon cerveau ne produit plus - ne produit pas.
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La sérotonine, c'est ce neurotransmetteur qui permet de ressentir un bien-être intérieur et une stabilité émotionnelle.

Lorsqu'elle est produite en quantité insuffisante, la dépression et l'anxiété, entre autres, se pointent le bout du nez.

Pourquoi est-elle produite en quantité insuffisante? Pour plusieurs raisons, parfois encore obscures. Mais cela peut être dû, par exemple, à un stress chronique, des événements de vie bouleversants, à une génétique qui n'est pas infaillible.

Pour ma part, j'opterais pour la génétique (beaucoup de cas de trouble de l'humeur dans mon arbre généalogique) et aux événements de vie stressants de manière chroniques (je me garde ici une petite gêne pour les détails).

Ce qui fait en sorte que, depuis avril 2013, je prends, chaque soir avant de me coucher, la dose de sérotonine que mon cerveau ne produit plus - ne produit pas.

Car bien franchement, l'anticipation, la détresse, la perte d'espoir, les émotions en montagnes russes ont toujours fait partie de ma vie. Antérieurement, je croyais que c'était normal. Que pour tout le monde, ça en était ainsi (oui, je sais que tout le monde vit cela mais à des intensités variables). Puis, j'ai su que « mon intensité » était sur la surcharge. Que ce n'était pas « normal » (j'entends ici par « normal », « sain », « agréable » et « viable »).

Et qu'ainsi, il fallait pallier à ce (petit) défaut de mon cerveau en lui offrant de la sérotonine (note à tous les psys de ce monde : SVP, ne m'envoyez pas de courriels, messages privés, appels téléphoniques pour me dire que la dépression n'existe pas, que me voyant aller sur les réseaux sociaux, vous êtes convaincus que je n'ai pas ce trouble de l'humeur, etc., etc. Mon médecin, ma psychologue et mon moi-même faisons très bien notre travail, merci).

J'ai bien pris la chose, l'an dernier. J'étais dans un état assez médiocre donc, tout ce qui pouvait me permettre de me relever était accueilli à bras ouverts. Je n'ai jamais eu honte : j'en ai parlé ouvertement avec ma famille et mes amis. Je n'en ai cependant pas parlé sur les réseaux sociaux : c'était mon jardin secret. Et j'avais besoin de parler d'autres choses pour remonter la pente, ce que j'ai fait via la prise de diverses décisions menant vers une vie plus équilibrée, plus saine, plus à mon image.

Et ça fonctionne très bien! Tellement bien que, il y a quelques semaines, je suis retournée voir mon médecin pour entamer un sevrage. J'ai diminué ma dose de sérotonine en cachet. L'horreur. Le réveil à 5h30, incapable de me rendormir, les idées folles qui envahissent mon cerveau, les peurs irrationnelles et omniprésentes, les envies de fondre en larmes pour tout et pour rien, l'irritabilité, la susceptibilité...tout ce qu'il y a de plus agréable pour moi et mon entourage. Heu hum.

Alors ce matin, j'étais assise à nouveau devant mon médecin. Devant mon constat d'échec de sevrage de sérotonine.

Et puis, non. Certains corps ont besoin d'insuline. D'autres, d'hormones que leur glande thyroïde ne produit pas en quantité suffisante. D'autres, de sérotonine. C'est mon cas. Je ne sais pas pour combien de temps - pour toute la vie? Qui sait. C'est Pfizer qui sera content. Et moi. Car ma petite sérotonine en pilule me permet d'être fonctionnelle, de mener à termes les projets qui m'emballent (voire d'être emballée par des projets!), d'avancer, de vivre, de respirer.

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